Deux ans auparavant, la COP21 avait accouché de l'accord de Paris sur le climat. Aujourd'hui, mardi 12 décembre, Paris proposait le « One Planet Summit », un nouveau sommet consacré à la question du réchauffement de la planète.
Le duel Macron / Trump
Emmanuel Macron avait été très strict envers Donald Trump qui a choisi en juin dernier de retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat. A la veille de l’ouverture du sommet climat à Paris, le président français a rejeté l’idée d’un nouvel accord lancé par son homologue américain. « Je suis désolé de le dire, ça ne marche pas, donc désolé, mais je pense que c’est une grande responsabilité face à l’Histoire », a-t-il martelé dans une interview en anglais à CBS. « Je suis assez certain que mon ami le président Trump va changer d’avis dans les mois ou les années à venir », a-t-il insisté.
Emmanuel Macron avait jugé qu’il était « extrêmement agressif de décider seul de tout simplement quitter » l’accord conclu entre plus de 190 pays en 2015. « Je ne suis pas prêt à renégocier, mais je suis prêt à accueillir Donald Trump s’il décide de revenir », a-t-il déclaré en mettant un point d'honneur sur le fait d'avoir des échanges « très fluides et ouverts » avec son homologue. Une relation qu'il qualifie de « très directe ».
À la veille de ce sommet, Emmanuel Macron a dévoilé la liste des 18 scientifiques, issus de 6 pays différents (et dont 13 proviennent des États-Unis), qui seront financés dans le cadre de l'initiative "Make Our Planet Great Again" ("Rendez notre planète plus grande", un slogan inspiré ironiquement et volontairement de celui de la présidence de Donald Trump, ndlr) : "Si l'on veut mieux comprendre ce qui se passe, on a besoin de la science. On a besoin des étudiants, des chercheurs (....)", a-t-il déclaré dans un discours lors de l'événement "Tech for Planet" à la Station F. "La recherche fondamentale, la recherche appliquée, nous permettra de gagner cette bataille contre le réchauffement climatique".
AFP
Qui pouvait-on croiser lors de ce sommet ?
Si ce sommet, à l'initiative de Emmanuel Macron, se tenait aujourd'hui, en présence de plusieurs dizaines de dirigeants internationaux, c'est pour faire d'une pierre deux coups : marquer le deuxième anniversaire de l'accord de Paris et renchérir quant au retrait annoncé cet été par le président américain, Donald Trump, de son pays du pacte climatique. Une conférence qui aspirait notamment à donner un coup d'accélérateur à la question du financement encore très insuffisant de la lutte contre le changement climatique.
« Nous serons là pour remplacer le financement américain de la recherche climatique », a déclaré M. Macron aux gagnants lundi à Paris.
Coorganisée avec les Nations unies (ONU) et la Banque Mondiale, cette conférence comptait une cinquantaine de chefs d'Etat dans l'ouest deParis, sur l'île Seguin. Plusieurs présidents africains, Theresa May (premier ministre du Royaume-Unis), Enrique Peña Nieto (président du Mexique), Jean-Claude Juncker (président de la Commission européenne), Antonio Guterres (secrétaire général de l'ONU), entre autres, ont discuté de l'avenir de la planète. Pour l'occasion, Léonardo DiCaprio était présent en qualité de militant écologiste.
« Ce sommet est différent car il ne s’agit pas d’une énième rencontre politique à haut niveau, il va permettre de rassembler des groupes de personnes qui habituellement ne se rencontrent pas », confiait Jim Yong Kim, président de la Banque mondiale lors de la présentation du sommet.
Concrètement, quelles étaient les attentes autour de cet évènement ?
Il est attendu des solutions de financement afin de réduire les gaz à effet de serre et atteindre les objectifs. « L'Agence internationale de l'Energie estime qu'il faudra en moyenne 3500 milliards de dollars (d'investissements dans le secteur énergétique) chaque année pendant 30 ans pour contenir l'augmentation des températures à un minimum de 2°C », a indiqué le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim.
« Nous devons agir maintenant, mais l'action politique ne suffira pas si nous ne revoyons pas l'architecture de la finance mondiale », a mis en garde la responsable climat de l'ONU, Patricia Espinosa.
Aucune annonce globale impliquant tous les acteurs n'était attendue. Il s'agissait aujourd'hui d'engagements, Etat par Etat. Comme l’instauration d’une taxe sur les transactions financières à l’échelle européenne, par exemple. Parmi les ministres d'Emmanuel Macron, quatre l'ont déjà proposé ; « Ce serait une bonne chose. Bien faite, cette taxe serait un outil puissant permettant de lever jusqu’à 22 milliards de dollars par an pour le climat. » a declaré Lucie Dufour, responsable des politiques internationales au Réseau Action climat (RAC).
Mais si une chose est certaine, c'est que la France ne passera pas à travers les mailles du filet. Elle est en effet attendue au tournant, « puisqu’elle a pris l’initiative de ce sommet, elle doit se montrer exemplaire », selon Lucie Dufour. Il est donc attendu de la France qu'elle redouble d'efforts.
Le cri d'alarme d'Emmanuel Macron
Lors de ce sommet, le président de la République a poussé un véritable cri d'alarme sur la situation climatique de notre planète, contradictoire avec l'optimisme affiché deux ans auparavant lors de la COP21. Pour lui, les engagements pris il y a deux ans n'ont pas été tenus : « On est en train de perdre la bataille » a-t-il martelé.
« Ceux qui étaient avant nous avaient une chance, ils pouvaient dire 'on ne savait pas'. Ce qui est en train de se jouer ici est une nouvelle étape de notre combat collectif »
À ce rythme, une augmentation des températures pouvant aller jusqu'à 3,5 degrés se profile, a rappelé Macron, appelant la communauté internationale à se mobiliser. Mais aussi les acteurs privés (« banques, fonds souverains ») et locaux (« villes, régions »).