Une équipe de médecins lyonnais a publié, le 25 septembre dans la revue Current Biology, les résultats d’une intervention neurochirurgicale ayant permis à un patient de 35 de retrouver une conscience minimale, alors qu’il était dans un état végétatif depuis 15 ans.
Comment ont-ils procédé ? Ils ont réalisé ce qu’on appelle une stimulation électrique répétée sur le nerf vague, un nerf crânien: « Cette avancée très importante ouvre une nouvelle piste thérapeutique pour des patients à l’état de conscience altéré », indique au Monde le professeur Lionel Naccache, de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière de Paris, qui n’a pas participé à l’étude.
Contrairement au coma, un patient dans un état végétatif est éveillé, souvent après une grave lésion cérébrale. Généralement, après un an, les médecins estiment qu’il n’y a plus d’espoir de retour à un état normal de conscience. Un diagnostic qui fait figure de dôme dans la médecine, un dôme qui peut donc s’avérer faux comme le confirme cette étude.
Réunissant l’Institut des sciences cognitives Marc Jeannerod (CNRS – université de Lyon) et les Hospices civils de Lyon, l’équipe de cette étude ne se base que sur un seul patient mais voudrait désormais étendre le traitement à d’autres au vu des premiers résultats constatés.
La stimulation du nerf vague, qui relie le cerveau aux organes majeurs du corps, consiste à utiliser un implant thoracique pour y envoyer des impulsions électriques. Ce traitement est déjà employée pour des personnes atteintes d’épilepsie et de dépression.
En effet, après un mois de stimulation nerveuse, le patient, dans un état végétatif depuis 15 ans suite à un accident de la route, a montré des améliorations significatives dans l’attention, le mouvement et l’activité cérébrale. L'image ci-dessous démontre, à droite, l'augmentation de l'activité cérébrale en jaune orangé dans la région pariétale, après le traitement à la stimulation.
Current Biology
Il aurait commencé par répondre à des demandes simples, comme suivre un objet avec ses yeux et tourner la tête. Puis, il semblait aussi plus attentif lorsque son thérapeute lui lisait un livre. Ils ont constaté aussi qu’il pouvait réagir à des stimuli plus menaçants, ouvrant grand les yeux quand un examinateur plaçait son visage sur le sien.
Cependant, les résultats de cette intervention sont à nuancer, comme pour tout expérience chirurgicale puisque le patient n’a pas vraiment retrouvé son état de conscience initial. Le patient est aujourd’hui dans un état de conscience minimale, ce qui signifie que sa conscience reste sévèrement altérée, bien qu’elle confirme la conscience de soi et de son environnement.
La prudence est donc de mise chez les professionnels de la santé comme le souligne Vladimir Litvak, professeur à l’University College London Institue of Neurology: « Ce pourrait être une nouvelle avancée intéressante, mais je serais prudent sur ces résultats jusqu’à ce qu’ils soient reproduits chez plus de patients. »