La sortie d’un livre sur les pratiques homosexuelles au Vatican risque de créer une onde de choc au sein de l’Église catholique.
Symbole du catholicisme et, en même temps, forteresse bien gardée où les secrets ne sortent pas des murs, au point d’alimenter les fantasmes les plus fous, le Vatican pourrait bien traverser une zone de turbulence sans précédent.
« Sodoma », le livre choc qui fait trembler le Vatican. Crédit photo : Bote / Shutterstock
« Le secret le mieux gardé du Vatican »
La raison ? La parution le 21 février prochain d’un livre choc révélant l’omniprésence de prélats gays au sein de l’État pontifical, dont la position officielle envers l’homosexualité reste pourtant dépourvue d’ambiguïté.
Intitulé « Sodoma » - en référence à la ville éponyme qui, selon la tradition biblique, fut détruite par Dieu en raison des moeurs homosexuelles de ses habitants -, l’ouvrage est le fruit de 4 années d’enquête menées par le journaliste, chercheur et écrivain Frédéric Martel.
« Derrière la rigidité, il y a toujours quelque chose de caché; dans de nombreux cas, une double vie » a dit le pape François. @martelf l’a pris au mot et enquêté au Vatican, « l’une des plus grandes communautés gay au monde», dit-il. Ça sort le 21/02 dans 20 pays... pic.twitter.com/XYckiLO8a1
— Raphaelle Bacqué (@RaphaelleBacque) 31 janvier 2019
Ce dernier, auteur de plusieurs travaux sur l’homosexualité, s’est ainsi faufilé dans les arcanes du Saint-Siège, tout en menant des investigations dans une trentaine de pays afin d’en apprendre davantage sur ce qu’il considère comme étant « le secret le mieux gardé du Vatican ». Il en a tiré ce livre aux allures de bombe à retardement, qui ne devrait laisser personne indifférent.
Durant les nombreux entretiens qu’il a menés pour ses recherches, l’auteur a rencontré près de 1 500 personnes, dont une quarantaine de cardinaux et une cinquantaine d’évêques.
« L'homosexualité devient la règle, l'hétérosexualité l'exception »
Selon lui, « le Vatican a une communauté homosexuelle parmi les plus élevées au monde ». « Je doute que, même dans le Castro de San Francisco, ce quartier gay emblématique, aujourd'hui plus mixte, il y ait autant d'homos ! », ose-t-il encore.
« L'homosexualité s'étend à mesure que l'on s'approche du saint des saints ; il y a de plus en plus d'homosexuels lorsqu'on monte dans la hiérarchie catholique. Dans le collège cardinalice et au Vatican, le processus préférentiel est abouti : l'homosexualité devient la règle, l'hétérosexualité l'exception. », explique-t-il ainsi.
Il prétend également que les tenants des discours officiels les plus homophobes et traditionnels au sein du Vatican sont très souvent homosexuels ou homophiles dans le privé. Une véritable hypocrisie qui « se vérifie presque toujours » selon Frédéric Martel, lequel se défend d’avoir écrit un livre anticlérical.
Entres autres anecdote invraisemblables voire glauques, il raconte notamment comment se côtoient « deux misères sexuelles » du côté de la gare de Rome-Termini, celle des prêtres homosexuels qui se cachent et celle des migrants prostitués.
On y apprend également que deux éminents cardinaux, membres de la « garde rapprochée » de Jean-Paul II et connus pour leur homophobie notoire, ont été mêlés à une sombre affaire de prostitution masculine.
Notons que l’auteur se montre plutôt bienveillant avec le pape François, dont la position sur l’homosexualité demeure toujours aussi trouble, tantôt tolérante - avec sa désormais célèbre formule « qui suis-je pour juger ? » - et tantôt calquée sur la doctrine officielle de l’Église, comme quand il évoque la « psychiatrie » pour les enfants présentant « des tendances homosexuelles », ou encore lorsqu'il fait part de ses craintes quant à la « mode » homosexuelle.
Enfin, Frédérique Martel évoque, non sans une certaine tristesse, l’un des prêtres qu’il a connu durant sa jeunesse à Avignon (Vaucluse), lequel est décédé dans les années 90 du sida, après avoir été marginalisé et abandonné par l’Église.