Oui mais... qu’en est-il de l’amitié au premier regard ? Le coup de foudre amical existe-t-il ? Y a-t-il une sorte de sentiment transcendant qui unit deux êtres comme celui qui unissait Montaigne à La Boétie, une sorte d’ami idéal dont on porterait en nous le germe avant même de le rencontrer pour la première fois, et que l’on reconnaîtrait instantanément dès lors que l’on se retrouverait face à lui ?
We heart it
Si vous demandez à des gens ce qu’ils recherchent dans leurs relations amicales, de but en blanc, ils vous répondront certainement des choses similaires : ils recherchent quelqu’un d’amusant, quelqu’un avec qui ils partagent le même sens de l’humour et apprécient de passer du temps, une personne en laquelle ils peuvent avoir une confiance absolue. Et cela, certains sont capables de le ressentir très rapidement, dès l’instant où ils sont face à quelqu’un : ils ressentent profondément dans leurs entrailles si le courant passe ou non, avant même que le moindre mot ne soit prononcé… Pour certains, ils savent directement qu’ils sont face à la personne qui deviendra leur meilleur(e) ami(e).
Appelez cela comme vous voudrez : osmose, atomes crochus, ou autre. Quoi qu’il en soit, cela se passe en l’espace de quelques secondes seulement, soit le laps de temps nécessaire pour que nous nous fassions une première impression d’un individu ! Les études suggèrent en effet qu’une poignée de secondes suffisent pour que nous construisions à 80% notre opinion de quelqu’un, une impression qui est ensuite très difficile et lente à changer. De même, notre cerveau se fait, inconsciemment, son premier jugement en l’espace d’un dixième de seconde ! Selon une étude publiée dans la revue Nature en 2009, c’est une zone bien particulière de notre cerveau, le cortex cingulaire postérieur, qui serait responsable de tout cela.
En effet, c’est cette partie-là qui est active lorsque nous pesons le pour et le contre d’une décision, et pour cause, elle nous aide à assigner une valeur aux objets et aux choses qui nous entourent. Concrètement, votre cerveau est capable de savoir très vite si une chose vous paraît dangereuse, amicale, attirante, néfaste, repoussante, etc.
Pas besoin de réfléchir des heures pour savoir qu’un lion qui nous fonce dessus représente un danger imminent ou que cette orange juteuse peut nous servir de repas. C’est un réflexe de survie, et nous employons un processus très similaire pour porter nos premiers jugements sur d’autres êtres humains !
Lorsque l’on rencontre une personne pour la toute première fois, nous ne nous rendons pas compte du nombre de jugements que nous faisons, de manière tout à fait inconsciente.
Bien sûr, ce ne sont que des jugements a priori, uniquement basés sur ce que la personne nous renvoie sur le plan physique (les expressions de son visage, sa façon de se tenir, ses gestes, etc.) mais c’est déjà un premier indicateur. Eh oui, nous sommes pleins de préjugés, que nous le voulions ou non, et nous n’y pouvons pas grand-chose, c’est la manière dont notre cerveau fonctionne qui veut cela ! Évidemment, l’humain prend ensuite le dessus sur l’animal et nous pouvons réévaluer notre premier jugement en fonction des actes de la personne, de son discours, bref : de sa valeur réelle. Mais il arrive assez souvent que notre instinct ne nous trompe pas pour ce qui est des émotions, et que la première impression soit la bonne. Peut-être aussi que c’est au contraire cette première impression positive qui rend possible une relation amicale… Quoi qu’il en soit, instinct et relations humaines sont indissociables l’un de l’autre. Cependant, il semble que l’implication de ce genre de phénomène puisse varier selon les individus !
@NBC
Dans une étude datée de 2004, publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships, Michael Sunnafrank, enseignant-chercheur et professeur de communication dans l’Université du Minnesota, a mené une expérience avec des étudiants afin d’étudier les conversations auxquelles ils avaient recours pour apprendre à se connaître. Les premières impressions de chaque partenaire étaient un fort indicateur du développement de leur relation et se leur jugement final au bout de quelques mois : « les premières rencontres, les impressions formées au cours de ces rencontres, et les décisions relationnelles conséquentes ont eu une influence à la fois forte et durable sur les relations, » ont écrit les chercheurs.
Voilà qui est intéressant… Et vous, avez-vous déjà vécu « l’amitié au premier regard », ou bien sentez-vous que vous avez besoin de plus de temps pour vous engager vraiment dans une relation avec une autre personne ?