C'est au détour d'une rue du quartier de la Goutte d'Or à Paris, que Christine S. a découvert trois adolescents réfugiés dans des machines à laver. « C’est la première fois que je voyais ça en douze ans, confie-t-elle au Parisien. Ça m’a touchée, j’ai trouvé choquant de voir ces jeunes migrants, dont au moins l’un dormait, dans cette situation. Quand j’ai montré cette photo à mon entourage, on m’a conseillé de la diffuser sur les réseaux sociaux car elle est frappante. »
@spy_de_paris
Comme lui conseille son entourage, elle poste finalement le cliché sur Instagram et Twitter dans le but d'informer ce qu'il se passe pour ses jeunes qui cherchent un peu de chaleur dans les machines par ces basses températures. Le cliché n'a pas fait long feu sans qu'il ne soit relayé et commenté. Divisant ainsi deux catégories de personnes bien distinctes : ceux dont la gravité de la situation touche et ceux qui pensent que ces adolescents constituent une véritable plaie dans le quotidien des Français. « Des gens m’ont demandé comment faire pour aider et leur apporter des vêtements, raconte Christine. J’ai eu aussi droit à des commentaires plus haineux, des gens qui me disaient qu’il faut juste les renvoyer chez eux. »
Je n'ose pas regarder cette photo une seconde fois, quelle honte, c'est tragique de laisser ces enfants dans cet état.
— IDA SOFAR (@PsychoTropiques) 25 décembre 2017
Comme l'explique Le Parisien, ce cliché n'illustre pas seulement la détresse de ces jeunes. Mais elle illustre une situation bien connue des habitants du quartier, largement médiatisée en mars. Originaires du Maroc, ceux que l’on appelle les enfants perdus errent dans les rues de la Goutte d’Or depuis près de deux ans, ne parlent pas français et sont pour la plupart toxicomanes. En novembre, le préfet de police, Michel Delpuech, estimait qu’ils étaient 80 dans cette situation dans ce quartier du nord de Paris. Tous refusent les prises en charge proposées.
Une situation qui met à mal l'image du quartier
C'est un coup dur pour le business de sa laverie. Nathalie Humbert, propriétaire de ladite laverie, a peur pour l'avenir de son établissement et confie au Parisien qu' « ils sniffent de la colle et agressent nos employés. Certains clients n’osent plus venir, le chiffre d’affaires de cette laverie a été divisé par quatre. On a appelé la police un nombre incalculable de fois, mais ils disent qu’ils ne peuvent rien faire contre eux » assurant tout de même faire le maximum pour sécuriser le quartier. « C'est d'abord un problème d'enfance en danger, mais c'est aussi un problème de sécurité publique », explique le préfet à l'AFP.
Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, s'est également exprimé sur le sujet, évoquant des « jeunes particulièrement violents ». « Au début, ils se contentaient de menus larcins mais maintenant, ils sont passés aux vols à la tire, aux arrachages de colliers, aux cambriolages », décrit au Parisien Valérie Goetz, la commissaire principale du 18e arrondissement. Lorsqu'ils sont arrêtés pour des infractions puis placés, « ils retournent systématiquement à la rue, ajoutait le parquet des mineurs au Parisien. Ils ont une grande capacité de résistance.» Et selon Nathalie Humbert, ils ne font pas que dormir. En effet, il semblerait qu'ils y fassent également leurs besoins ce qui provoque des soucis d'entretiens de la laverie. « Si demain, on doit mettre trois vigiles devant la laverie, on ne pourra plus garder nos tarifs », s'inquiète la propriétaire.
Si le problème de ces enfants errants, pour la plupart originaires de Fès au Maroc, est indéniable, il est néanmoins inhérent au problème du refus de ces derniers à se faire aider et ainsi entrer dans les parcours classiques d'aides aux mineurs. « C'est un public assez difficile », confirme à Franceinfo l'association Hors la rue, qui s'occupe des mineurs éloignés de la protection à l'enfance en région parisienne. « Ils sont très ancrés dans l'errance et ont des activités de survie » poursuit-il.
Selon Le Parisien, l’Amesip (Association marocaine d’entraide aux mineurs en situation précaire) tente de retrouver la famille de ces mineurs au Maroc. Pour leur assurer un avenir autre que l’errance à la Goutte d’Or.