Manger à sa faim est loin d'être donné à tout le monde. Selon une étude menée par l'Ipsos et le Secours populaire rendue publique ce mardi, un Français sur cinq ne pourrait pas s'offrir trois repas par jour. 27 % de la population française n’auraient pas non plus les moyens financiers de manger des fruits et des légumes quotidiennement.
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Ne pas pouvoir manger suffisamment ni sainement au quotidien est une réalité pour un bon nombre de personnes. Un Français sur cinq (21 % de la population) ne pourrait pas s'offrir trois repas par jour, selon le Baromètre 2018 de l'Ipsos et du Secours populaire France dévoilé ce mardi 11 septembre, soit deux jours avant la présentation par le gouvernement du Plan pauvreté.
Ces difficultés sont d'autant plus marquées chez les foyers les plus modestes : près d’une personne sur deux (48 %) dont le revenu mensuel est inférieur à 1 200 euros indique ne pas être en mesure de se procurer une alimentation saine et variée pour faire trois repas par jour. Cette précarité alimentaire est pour une majorité écrasante (86 %) un signe de pauvreté.
Le besoin primaire de se nourrir passe malheureusement bien souvent au second plan, au profit d'autres dépenses, telles que le logement ou les factures. « L’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé, soulignent les auteurs. Face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, il est de plus en plus souvent une variable d’ajustement. Ajustement qui peut être quantitatif (manger moins, sauter un repas…) et/ou qualitatif (manger moins équilibré, moins de produits frais…) ».
Capture Baromètre Ipsos-Secours populaire
Peur de l'avenir
De façon plus générale, les auteurs de cette enquête notent une « intensification de la pauvreté en France en 2018 ». Plus d’un tiers des sondés (39 %) affirme ainsi avoir connu une situation de pauvreté au cours de sa vie, contre 37 % en 2017 (+ 2 points).
Une montée de la précarité qui inquiète les Français, particulièrement craintifs pour l'avenir des générations futures. 81 % des personnes interrogées considèrent que leurs enfants ont un risque plus élevé de connaître un jour la pauvreté par rapport aux générations précédentes.
En France, en 2018, 19 % des parents d’enfants de moins de 18 ans rencontrent des difficultés financières pour payer la cantine. Cela entraîne des inégalités de chances qui peuvent impacter sur les résultats scolaires et la mobilité sociale. Le Secours populaire cite à ce titre une étude dirigée par les universitaires Michèle Belot et Jonathan James, qui atteste que les élèves bénéficiant d’un déjeuner équilibré sont dans de meilleures conditions pour apprendre.
L'importance de l'aide alimentaire
La distribution de denrées alimentaires a donc plus de sens que jamais. Les sondés reconnaissent d'ailleurs la nécessité de maintenir ce service vital, assuré notamment par le Secours Populaire sur tout le territoire.
92 % des Français estiment qu’il est impératif de préserver le financement de l’aide alimentaire aux plus démunis et 84 % sont convaincus que cette distribution permet de repérer d’autres problèmes vécus par les personnes (logement, accès à la santé, décrochage scolaire…).
Pour 89 % des Français, l'aide alimentaire, au-delà de son rôle premier, permet également de briser l’isolement en favorisant la création du lien social.
Capture Baromètre Ipsos-Secours populaire
Enquête réalisée par téléphone du 22 au 26 juin 2018 sur un échantillon représentatif de la population française de 1 016 personnes âgées de 15 ans et plus.