Depuis le début de la semaine, un panneau publicitaire stationné devant des universités parisiennes, suggère aux étudiant(e)s en difficulté financière de sortir avec un « sugar daddy » ou une « sugar mama ».
« Hey, les étudiant(e)s, romantique, passion et pas de prêt étudiant, sortez avec un Sugar Daddy/Sugar Mama ». Voilà le slogan publié sur une affiche publicitaire, sur une remorque, que l’on pouvait lire à la sortie des universités Pierre et Marie-Curie, Paris-Descartes ou encore le British Council.
L’auteur de cette publicité est un site de rencontre (c’est ainsi qu’il se décrit) intitulé « Rich Meet Beautiful » dont le message véhiculé fait planer un soupçon d’ambiguïté sur le véritable but de la démarche. En s’adressant aux étudiants qui n’ont pas de prêt étudiant, faut-il y voir une incitation à la prostitution ? C’est en tout cas le sentiment qui domine, à raison, chez la majorité des personnes qui ont vu cette publicité et qui l’ont signalé sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, Hélène Bidard, adjointe chargée de la lutte contre les discriminations auprès de la mairie de Paris, a indiqué qu’elle avait saisi le procureur de la République et la plate-forme de signalement Pharos afin de demander la fermeture pure et simple du site en question : « Outre le trouble à l’ordre public d’une publicité qui peut être vue par des mineurs, ce site est une violence faite aux femmes. Derrières ces images dorées, des jeunes peuvent tomber dans la prostitution. Nous voulons une enquête qui pourrait amener à des poursuites pour proxénétisme ».
Hier, devant l’université, tout simplement... #SugarDaddy #Prostitution #Honteux pic.twitter.com/14O6hS7GbP
— ATixier (@ATixier) 25 octobre 2017
De son côté, la FAGE, principal syndicat étudiant, a annoncé avoir porté plainte pour proxénétisme : « Cette publicité a pour objet d’attirer les étudiant(e)s en situation de précarité et de les inciter à accepter de se livrer à des actes sexuels avec des personnes plus âgées ».
Par ailleurs, une pétition en ligne est d’ores et déjà en circulation, ayant recueilli plus de 2 500 signatures à ce jour, pour demander l’interdiction de cette publicité.
Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a expliqué ce matin sur Sud Radio que ses équipes étaient en train de regarder les aspects juridiques afin de déterminer s’il s’agissait bien « d’un site de rencontres consenties ou de proxénétisme et d’une forme d’incitation à la prostitution ».
Il faut savoir qu’au mois de septembre dernier, à Bruxelles, un panneau publicitaire du même site, sur lequel on voyait une jeune femme baisser la bretelle de son soutien-gorge, avait suscité des réactions similaires. Le Jury d’éthique publicitaire de Belgique, sollicité par une centaine de plaintes, avait alors estimé que la publicité en question portait atteinte à la dignité humaine et l’avait donc interdit.
Pour le moment, le camion publicitaire a été saisi, ce jeudi 26 octobre, par la police pour "affichage d'un support sans autorisation préfectorale".