Depuis que l’été est arrivé, le Canada a eu quelques mauvaises surprises. En effet, un nouveau cadavre de baleine franche de l’Atlantique Nord a été découvert le 1er août dans le golfe du Saint-Laurent comme l’a annoncé le Ministère des pêches et océans du Canada. Il s’agit du dixième cadavre retrouvé depuis le mois de juin.
Des morts inexpliquées, d'une espèce qui est déjà classée par World Wide Fund (WWF) comme l'une des plus menacées avec 450 baleines noires encore en vie.
Crédit photo : Radio-Canada
Cette surmortalité inquiète. Alors que les résultats des nécropsies devraient être connus en août, les scientifiques et associations écologistes émettent déjà plusieurs hypothèses. Selon eux, les principaux responsables seraient les pêcheurs. En effet, plusieurs de ces cadavres avaient d’importantes lésions sur le corps. Des marques qui semblent trouver leur origine dans des collisions avec des bateaux de pêches et des accrochages dans des filets entre autres.
Crédit photo : Baleine noire de l'Atlantique Nord (Eubalaena glacialis) dans la baie de Fundy Nouvelle-Écosse Canada / Shutterstock
Face aux vagues d’indignations, le Ministre des pêches, Dominic Leblanc, a pris la décision fin juillet de clôturer un peu plus tôt la saison de la pêche au crabe des neiges, alors que le quota était réalisé à 98 % : « Cette décision a été prise dans l’optique de protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord des dangers que représentent les engins de pêche au crabe des neiges dans cette zone ». Pour éviter d’autres collisions, le ministre a d’ailleurs appelé les pêcheurs à faire preuve de prudence en mer, en réduisant notamment leur vitesse dans les voies maritimes, le long du chenal laurentien jusqu’au 30 septembre.
Crédit photo : baleines en direct
Cette espèce a pour caractéristique de nager lentement, près de la surface, ce qui lui avait valu d’être la proie par excellence pour les pêcheurs à une époque. Mais aujourd’hui ce ne sont plus directement les pêcheurs qui posent problème aux baleines noires en les chassant. Comme le rapporte la WWF, ce sont les bateaux et les matériaux de pêches, qui font que 70 % d’entre elles portent des cicatrices : « Comme les cordes sont plus solides et le matériel plus lourd, les blessures des animaux sont plus importantes et plus durables » raconte Scott Kraus, vice-président de l’aquarium de la Nouvelle-Angleterre.
Crédit photo : Pêches et océans Canada
Certaines mesures prises il y a quelques années ont permis de réduire le risque de mortalité ! Comme lorsque la chercheuse Moira Brown, a convaincu en 2003 l’entreprise Irving de déplacer son corridor de navigation, dans la baie de Fundy afin d’éviter le secteur ou s’attroupait le plus les baleines. 4 ans plus tard, le corridor était déplacé de nouveau pour mener au port de Boston : « Depuis ces changements, il y a eu beaucoup moins de mortalité due aux collisions. Ce succès ne repose pas sur les biologistes, mais sur le travail des capitaines de navires ».
Les scientifiques espèrent de leur côté que soient mises en place des aires marines protégées, pour ces espèces et éviter le plus de dégâts. En attendant, le gouvernement canadien a pris la décision de financer le projet Whales Habitat and Listening Experiment qui a pour but d’élaborer un système d’alerte pour les marins et ainsi éviter au maximum les collisions.