L’intelligence artificielle ne cesse de se développer et menace aujourd’hui de nombreux métiers. C’est le cas des comédiens de doublage, qui ont manifesté ce mardi à Paris pour réclamer une législation et empêcher la disparition de leur profession.
Il était 11h30 ce mardi 3 décembre lorsque comédiens, auteurs, adaptateurs, ingénieurs du son et plusieurs autres professions travaillant dans les métiers de la voix, se sont regroupés place Diaghilev à Paris, pour protester contre la disparition de leur activité face à la montée de l’intelligence artificielle.
Ce lieu n’avait pas été choisi au hasard, puisque des négociations se tenaient en même temps juste au-dessus dans les locaux d’Universal. Les représentants des métiers de la voix, emmenés par lesvoix.fr, la CGT Spectacle, le SFA (Syndicat français des artistes interprètes), ou encore le SIA-Unsa (Syndicat indépendant des artistes-interprètes), y rencontraient ainsi les représentants de plusieurs grands groupes audiovisuels comme Netflix ou Disney.
« Voler nos voix, c’est voler nos âmes »
Le but de cet échange ? Tenter de trouver un terrain d’entente pour interdire le vol des voix des comédiens servant à entraîner les IA génératives, en passant par des ajouts clairs aux contrats actuellement proposés, souvent évasifs et volontairement piégeux.
Les policiers prennent la pause avec Brigitte Lecordier et Pierre-Alain de Garrigues - Crédit photo : Thibault Lansade
Et pour se faire entendre, les manifestants étaient menés par des voix cultes, comme celles de Brigitte Lecordier (Son Goku dans Dragon Ball), Boris Rehlinger (Joker, le Chat Potté) ou le couple Véronique Augereau - Philippe Peythieu (Marge et Homer Simpson), célèbres comédiens de doublage reconnaissables par tous.
15 000 personnes menacées par l’IA
Ils étaient ainsi 312, selon Joachim Salinger du SFA, pour représenter une profession comptant 15 000 personnes en France, dont 5 000 comédiens. Car le risque est bien réel et si une législation n’est pas créée pour encadrer l’usage de l’IA, la crainte est de voir de plus en plus de contenus générés intégralement grâce à elle envahir les plateformes au détriment de ces nombreux métiers.
Quant aux négociations, les syndicats regroupés le soir même lors d’une assemblée générale exceptionnelle déclarent qu’elles ont été productives, mais que la route est encore longue. En effet, les échanges qui ont duré deux heures auraient surtout servi à clarifier les positions de chacun, passage obligé avant d’attaquer le cœur du débat.
D’autres discussions suivront et tous espèrent qu’elles feront avancer le sujet, tandis que l’inactivité du gouvernement est pointée du doigt. Mais quand on sait que le but des dirigeants est de faire progresser l’intelligence artificielle en France, on ne peut que s’inquiéter.
Les représentants des syndicats, de leur côté, vont travailler sur une nouvelle proposition qu’ils soumettront prochainement aux responsables des groupes audiovisuels pour satisfaire les deux partis et sauver de nombreuses professions.