Aux États-Unis, le village olympique des athlètes ayant participé aux Jeux olympiques d’hiver de 1980 a été transformé en prison fédérale. Transformé ? Pas vraiment puisqu’il avait été déjà pensé comme tel au moment d’être construit !
Quand les Jeux Olympiques s’installent dans une ville, les nombreuses installations construites pour l’occasion sont généralement laissées à l’abandon. Une problématique que le Comité d’Organisation des JO d’Hiver 1980 à Lake Placid (État de New York) avait anticipé, non sans avoir eu la main forcée.
En effet, le village olympique de Lake Placid, qui a accueilli les athlètes du monde entier, a été pensé comme une prison. Le comité d’organisation olympique a été contraint par le Congrès américain, qui a accepté de donner 28 millions de dollars pour la construction du site à condition de trouver un “usage secondaire” aux bâtiments.
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C’est alors qu’un accord a été trouvé entre Robert McEwen, membre du Congrès américain, et Norman Carlson, directeur du Bureau fédéral des prisons en 1976. En effet, ce dernier cherchait un nouveau lieu dans le nord de l’État de New York pour ouvrir une nouvelle prison fédérale.
Ainsi, en 1980, les athlètes ont passé deux semaines dans des chambres imaginées comme de futures cellules, avec les barreaux et les fenêtres déjà présents. À l’époque, le village olympique avait alors suscité une grosse polémique, en amont et pendant les Jeux d’hiver.
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Une “prison olympique” vivement critiquée
Dans le journal Le Monde, un article paru le 9 novembre 1978 rapportait les contestation d’un groupe d’opposants à la construction d’une nouvelle prison : “Comment l’administration Carter, elle qui fait campagne pour les droits de l’homme, peut-elle accepter de transformer ce symbole d’harmonie universelle en prison pour les Noirs et les Portoricains ?”.
Le triste nom de “prison olympique” émerge alors dans les médias au fur et à mesure que la compétition olympique approche. Si les chambres arboraient déjà une atmosphère de cellule, le reste du village olympique n’avait rien d’une prison puisqu’on y trouvait une discothèque, un cinéma et une scène pour des spectacles. Malgré cela, le sentiment d’emprisonnement prédominait parmi les athlètes.
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Membre du Comité olympique italien, Gianfranco Cameli ne cachait pas son dégoût pour ces chambres cellulaires : “Nous ne devrions pas demander à des compétiteurs de vivre dans pareil endroit. Les pièces ressemblent clairement à ce pour quoi elles ont été construites. Deux personnes ne peuvent y tenir en même temps. Si elles devaient rester à l’intérieur, porte close pour un peu d’intimité, elles auraient l’impression d’être en prison, c’est suffoquant”.
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Malgré ces vives critiques, le village olympique de Lake Placid a fini par devenir, inévitablement, ce qu’il était supposé être : une prison. En effet, depuis 1980, c’est bel et bien une prison fédérale qui a pris place, accueillant aujourd’hui un millier de jeunes détenus.