Nous avons beau être en 2022, il n’est malheureusement pas rare d’entendre les mamans se plaindre de l’implication des papas au quotidien avec les enfants. Et justement, la lettre d’une mère à son mari a récemment fait réagir de nombreuses mamans.
Crédit : Jelena Stanojkovic / iStock
En effet, un grand nombre d’entre elles se sont reconnues dans ses propos, et cela sera peut-être votre cas également en lisant cet article. L’auteure de la lettre en question est Celeste Yvonne. Elle a partagé sa lettre pour la première fois sur Facebook en 2018 et depuis cette date le texte ressort régulièrement sur les réseaux sociaux tant il est parlant pour beaucoup de mères qui affichent une grande fatigue mentale et physique.
La goutte qui a fait déborder le vase et qui a poussé Celeste Yvonne à faire passer un message à son conjoint a eu lieu la veille de la rédaction de sa lettre. Ce jour-là, elle lui avait demandé de s’occuper de leur bébé pour qu'elle puisse se coucher plus tôt et enfin rattraper son retard de sommeil. Mais contrairement à ses attentes, tout ne s’est pas passé comme prévu. La mère courage a donc pris sa plume pour mettre sur papier ce qu’elle avait sur le cœur et vider son sac.
Voici sa lettre :
« Cher mari,
J'ai. Besoin. De. Plus. D'aide. Le bébé pleurait. Gémissait, vraiment. Je pouvais l'entendre d'en haut et mon estomac se nouait à cause du bruit, je me demandais si je devais descendre et te soulager ou juste fermer la porte pour que je puisse avoir le sommeil dont j'avais désespérément besoin. J'ai choisi cette dernière option. Tu es venu dans la chambre 20 minutes plus tard, avec le bébé pleurant toujours frénétiquement. Tu as placé le bébé dans le berceau et l'as doucement poussé juste quelques centimètres plus près de mon côté du lit, un geste clair disant que tu avais fini de t'occuper de lui.
Je sais que nous avons tous les deux vu nos parents remplir les rôles typiques de mère et de père en grandissant. Nos deux mères étaient les parents primaires et nos pères étaient relativement indifférents. Ils étaient d'excellents pères, mais on n'attendait pas d'eux qu'ils passent un temps significatif à changer des couches, nourrir, prendre soin et s'occuper des enfants. Nos mères étaient les super-femmes qui maintenaient la dynamique familiale. Cuisinant, nettoyant, et élevant les enfants. Toute aide du père était la bienvenue, mais n'était pas attendue. Je nous vois tomber dans cette dynamique familiale un peu plus chaque jour. Ma responsabilité de nourrir la famille, de garder la maison propre, et de prendre soin de nos enfants est attendue, même quand je retourne au travail. Je me blâme aussi pour cela. J'ai installé le précédent que je pouvais le faire. Et en vérité, je veux le faire. Ne le prends pas mal, mais je ne suis pas sûre de vouloir savoir à quoi ressemble une semaine de dîners avec toi en charge.
Si elles y arrivent, si nos mères l'ont fait si bien pour nous, pourquoi je n'y arrive pas ? Je ne sais pas. Peut-être que nos amies jouent un rôle en public et luttent en secret. Peut-être que nos mères ont souffert en silence pendant des années et, maintenant, 30 ans plus tard, elles ne rappellent tout simplement pas à quel point c'était difficile. Ou peut-être, et c'est quelque chose que je me reproche tous les jours, je ne suis tout simplement pas aussi qualifiée pour le poste que toutes les autres. Et même si je grince des dents rien qu'en y pensant, je vais le dire : j'ai besoin de plus d'aide.
Je suis humaine, et je fonctionne avec cinq heures de sommeils et je suis fatiguée comme pas possible. J'ai besoin de toi. Le matin, j'ai besoin que tu prépares notre tout-petit pour que je puisse pendre soin du bébé et préparer les déjeuners de tout le monde et boire une tasse de café. Et non, préparer le tout-petit ne veut pas dire le planter devant la télé. Cela veut dire s'assurer qu'il a fait caca, lui donner un petit-déjeuner, voir s'il veut de l'eau, et préparer son sac pour l'école. J'ai besoin d'une heure pour décompresser en sachant que notre tout-petit dort dans sa chambre et que tu prends soin du bébé. Je sais que c'est difficile d'entendre le bébé pleurer. Crois-moi, je le sais. Mais si je peux surveiller et calmer le bébé pendant la majorité de la journée, tu peux le faire une heure ou deux le soir. S'il te plaît. J'ai besoin de toi. Pendant les week-ends, j'ai besoin de plus de pauses. De moments où je peux juste sortir toute seule de la maison et me sentir comme un individu. Même si c'est juste pour marcher dans le quartier ou aller faire les courses. Et certains jours, quand j'ai prévu des leçons de natation et des après-midi jeu, et qu'il semble que j'aie tout sous contrôle, j'ai besoin que tu me proposes de me donner un coup de main. Ou que tu suggères que j'aille m'allonger pendant la sieste des enfants. Ou que tu commences à faire la vaisselle sans que je ne te le suggère. J'ai besoin de toi.
J'ai besoin d'entendre que tu es reconnaissant pour tout ce que je fais. Je veux savoir que tu remarques que la lessive est faite et qu'un bon dîner a été préparé. J'ai besoin de savoir que tu apprécies que j'allaite à n'importe quelle heure et que je tire mon lait quand je suis au travail alors qu'il serait plus simple d'utiliser du lait infantile. J'espère que tu remarques que je ne te demande jamais de rester à la maison au lieu d'aller à tes événements de réseautage et tes activités sportives. Étant la maman, on attend de moi que je sois à la maison tout le temps et que je sois toujours disponible pour m'occuper des enfants pendant que tu es sorti et je nourris cette supposition en étant, eh bien, à la maison tout le temps.
Je sais que ce n'est pas comme ça que nos parents ont fait, et je déteste devoir demander. J'aimerais pouvoir tout faire en ayant l'air que cela ne me demande pas d'effort. Et j'aimerais ne pas avoir besoin de félicitations pour avoir fait des choses que la plupart des gens attendent d'une mère. Mais j'agite un drapeau blanc et j'admets que je ne suis qu'un être humain. Je te dis à quel point j'ai besoin de toi, et si je continue à ce rythme, je vais me casser. Et cela vous ferait du mal, à toi, aux enfants, et à notre famille. Parce que, avouons-le : tu as besoin de moi aussi. »
Crédit : Nattakorn Maneerat / iStock
Un appel à l’aide
Le manque de la part de son conjoint l’a plongé dans une fatigue profonde, et malgré cela, elle vit le fait de demander de l’aide à celui qui partage sa vie comme un véritable échec, alors que cela devrait être simplement normal que les deux parents assument leur rôle et prennent la part de responsabilité qui doit naturellement leur revenir. Celeste Yvonne explique qu’au début, elle pensait que son mari ne reproduirait pas le schéma des parents stéréotypés des générations antérieures où la mère fait tout et le père pas grand-chose, mais qu’elle constate finalement qu’il s’en rapproche dangereusement.
Cette lettre forte en émotion montre bien l’état de désespoir que peut traverser une maman dans les semaines et les mois qui suivent l’accouchement. Dans l’inconscient collectif, on a tendance à imaginer la naissance comme le moment le plus douloureux pour la mère, mais en réalité, le post-partum est souvent une période particulièrement intense et difficile à encaisser, que ce soit sur le plan mental ou physique. Ainsi, en sortant du cas particulier de Celeste Yvonne, ce texte sans filtre permet de mieux comprendre ce que ressentent des millions de mamans à travers le monde.
Qu’en pensez-vous ?