Pour ces Parisiens qui ont quitté la capitale pour la province, le changement n’a pas été des plus simples. Difficultés professionnelles ou sentiment d’être étranger aux yeux des habitants, le départ de Paris ne s'est pas fait sans heurts.
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Las de la capitale française, trois Parisiens ont quitté la ville pour aller s’installer en province. Julie, Camilla et Julien ont rencontré des difficultés à mener un nouveau train de vie en dehors de Paris.
Julie a quitté Paris avec son mari et leurs enfants en 2016. Ravie de déménager à Marseille où son mari fut muté, la mère de famille l'a amèrement regretté : « Sur le papier, ça semblait idyllique. En fait, nous avons complètement idéalisé ce changement de vie et on a très vite déchanté », raconte-t-elle pour Les Échos Start.
Blogueuse lifestyle, Julie vivait de partenariats avec des agences parisiennes qui l’ont lâchée dès son arrivée à Marseille. La jeune femme se retrouve seule en journée, d’autant plus qu’elle ne parvient pas à se faire des amis parmis les Marseillais. « J'ai souvenir d'une fois où j'ai demandé mon chemin dans la rue et où on m'a répondu 'vous avez l'accent parisien, donc pour vous, ce sera à gauche', alors que la destination était à droite ».
La ville phocéenne ne fonctionne pas pour la famille qui déménagera trois ans plus tard à Antibes où les affaires de Julie ont enfin décollé.
Un défi professionnel et amical
Camilla a, elle, quitté le Val-de-Marne avec mari et enfants en 2018 pour La Roche-sur-Yon, en Vendée. Le déclic est survenu par hasard : « Quand je me suis rendue compte qu'en une semaine je perdais environ 12 heures dans les transports, soit une journée, ça a été un choc », se rappelle-t-elle.
À la Roche-sur-Yon, Camilla et sa famille ont emménagé dans une maison spacieuse de 180 m2 avec un jardin d’un hectare. Mais à l’instar de Julie, cette ancienne directrice de communication dans une agence, peine à trouver un emploi malgré une cinquantaine de CV envoyés. « J'avais toujours bossé sans difficulté et je n'avais pas anticipé cela. Je me suis sentie vexée et me suis beaucoup remise en question. Ça a été très difficile à vivre. Il a fallu se rendre à l'évidence : je ne trouverais pas dans mon domaine », reconnaît Camilla.
Cependant, cette période de creux a permis à Camilla de s’adonner au dessin. « J'ai fini par devenir illustratrice, en travaillant depuis chez moi. Activité dont je tire mes revenus aujourd'hui », se réjouit-t-elle. Si tout va bien professionnellement, Camilla reconnaît avoir des difficultés pour nouer des liens avec les habitants. « Les Vendéens sont adorables, hyper gentils, cordiaux et chaleureux. Mais on reste bloqué à l'étape de la franche cordialité. C'est difficile de passer le pas de la porte », analyse Camilla, en comparaison avec les Parisiens.
Un coût de la vie identique à Paris mais d’une qualité supérieure
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Julien a quitté Paris en 2016 pour s’installer à Lyon avec ses enfants et sa compagne, originaire de là-bas. À l’inverse de Julie et de Camilla, Julien obtient un emploi dans une agence d'architecture où son salaire est divisé par deux. « Certains diront que ce n'est pas grave car le coût de la vie est moins élevé en région, mais ça reste à prouver ! », déclare Julien qui a dû opter pour une voiture alors qu’à Paris, son patron prenait en charge sa carte de transports en commun. « Et puis, les gardes d'enfants sont plus galère à trouver. Et la nourriture ne coûte pas moins cher », rappelle-t-il.
Côté personnel, Julien regrette les rendez-vous culturels de Lyon, moins importants que Paris, et a du mal à se faire des amis. « Les Lyonnais ont leurs potes d'enfance, qui habitent à côté. Ils n'ont pas besoin d'élargir leur cercle au-delà des gens du cru. Si on n'est pas nés dans le coin, on les intéresse beaucoup moins », lance Julien.
Malgré ces quelques tracas du quotidien, Julie, Camilla et Julien vivent toujours en province où ils sont parvenus à s'acclimater. Ils se réjouissent du confort, du gain de temps et de la vie paisible que la province a à offrir. Ils conseillent en revanche de bien se préparer avant de quitter Paris et de ne pas le faire sur un coup de tête pour ne pas que le rêve se transforme en cauchemar. « Paris ne me manque pas du tout », ponctue Julie.