Les professeurs et formateurs en orthographe tirent la sonnette d’alarme : les élèves français font beaucoup trop de fautes. Ce qui les inquiète notamment, c’est une faute que les générations précédentes ne faisaient pas.
On ne cesse de décrier le niveau d’orthographe des jeunes français. Malgré des programmes allégés, des réformes et des évaluations, rien ne semble y faire : les élèves sont fâchés avec la langue française.
Par ailleurs, ils ne sont pas les seuls impactés. Des professeurs de français et des formateurs en orthographe se disent désespérés. Pour nos confrères du Figaro, deux formatrices en orthographe témoignent des nombreuses lacunes des élèves dans le domaine.
Elles pointent surtout du doigt des fautes que les générations précédentes ne commettaient pas. Et ce qu’il y a de plus inquiétant, c’est que ces fautes touchent les élèves de la primaire au lycée.
Une erreur d’aujourd’hui que les générations précédentes ne faisaient pas
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L’une des premières lacunes qu’ont remarqué les formatrices Sonia Lefebvre et Sylvie Mulleret est la « défaillance syntaxique », témoigne la première. Elle précise que ses élèves de Terminale ont du mal à « structurer des phrases avec logique » ou à « distinguer un sujet d'un complément d'objet direct ».
Mais ce n’est pas tout. Arrivés au collège, certains élèves prennent conscience (avec l’aide de leurs parents) de leurs lacunes. Les fautes se multiplient dans les devoirs de rédaction et il arrive même que certains collégiens ne sachent pas comment employer le conditionnel ou le passé simple.
Les formatrices interviennent alors pour remettre les élèves à niveau. Mais elles ont du mal à croire que la plupart ne maîtrisent toujours pas les accords grammaticaux, que cela soit avec les verbes ou les adjectifs de couleur, précise Sylvie Mulleret. On peut estimer que les élèves ont du mal à écrire correctement la phrase suivante : « Les filles sont allées au cinéma ». Dans cette phrase, le nom principal (ici les filles) s'accorde en genre (ici féminin) et en nombre (ici pluriel). Si la phrase avait été « Les garçons sont allés au cinéma », l'orthographe du verbe aller aurait été différente.
Adjectif couleur : « Des fleurs rose ». Dans cette phrase, l'adjectif (ici rose) ne s'accorde jamais avec le nom principal.
Enfin, ce qui frappe le plus les deux formatrices est l’absence totale de ponctuation dans les phrases et textes. « Aujourd'hui, les élèves ne mettent plus de points, de virgules ni d'accents. Cela donne des phrases interminables et rend la compréhension difficile. [...] On passe un temps fou à décrypter leurs phrases », regrettent-t-elles. Peut-on y voir là l’impact des réseaux sociaux ? En tout cas, la ponctuation n’était pas un problème aussi important au temps de leurs parents.