Accompagnée de nouvelles contraintes, la maternité semble parfois insurmontable pour de nombreuses mères. Certaines décident de quitter le monde du travail quand d’autres tentent de combiner vie de maman et vie professionnelle.
L’année dernière, le taux d’emploi des femmes a stagné pour la première fois après plusieurs décennies de hausse. Même diplômées, de nombreuses femmes ne se retrouvent pas sur leur marché de l’emploi, surtout quand elles sont mères. Les injonctions à être “une bonne mère” vont en contradiction avec celles incitant à avoir une bonne carrière.
Certaines font le choix de poursuivre leur carrière, entre celles qui restent dans la même entreprise et celles qui décident de changer de job. D’autres décident carrément de mettre leur vie professionnelle en pause pour devenir mère au foyer et faciliter leur vie quotidienne. Un dilemme majoritairement affronté par les nouvelles mères car, selon des chiffres de l’Insee de 2018, 96% des personnes qui cessent de travailler pour s’occuper d’un enfant sont toujours des femmes.
Seulement voilà, quitter le monde du travail peut laisser une sensation d’être coupé de la société active. Ainsi, ces femmes, jadis identifiées comme travailleuses, sont désormais réduites au rôle exclusif de “mère”, ce qui rabat les cartes de leur identité.
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“Je ne suis plus “que” mère et j’ai parfois l’impression de n’être personne”
C’est le triste constat effectué par Melissa, mère de famille âgée de 34 ans, dans un témoignage délivré à Madame Figaro : “Je me sens vidée, je ne me retrouve plus. Je ne suis plus que mère, et j’ai parfois l’impression de n’être personne, tant des facettes entières de moi se sont volatilisées”.
Avant d’être mère, Mélissa a travaillé cinq ans à Paris au sein d’équipes commerciales de grandes marques de cosmétiques. Un emploi multitâche où elle faisait étalage de ses multiples compétences. Tombant enceinte quelques mois avant la fin de son contrat, elle ne se voyait pas chercher un autre emploi à six mois de grossesse.
C’était il y a quatre ans et depuis, Mélissa a changé de vie. Elle n’a passé aucun entretien d’embauche pendant un an avant de déménager à Bordeaux avec son mari et son fils, a laissé filer un an. Depuis, elle a supervisé les travaux de rénovation de sa nouvelle maison et a donné naissance à un deuxième enfant.
Si elle a envie de retrouver une emploi, elle reste tiraillée vis-à-vis de ses enfants, et surtout de son dernier né : “J’aimerais me retrouver, redevenir une femme active, mais je culpabiilse de faire garder ma fille d’un an alors que j’ai garde son frère jusqu’à trois, d’être moins présente pour mes enfants après leur avoir tant donné”.
Elle ressent aussi la crainte de ne plus avoir de valeur sur le marché de travail après tant d’années d’inactivité : “Au bout d’un an, j’ai commencé à perdre confiance et à prendre peur, à me demander ce que les employeurs allaient penser de mon parcours, de mes choix, de mon image, ces kilos de grossesse que je tardais à perdre”.
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“Tant que j’aurais des enfants à la maison, je n’aurai pas envie de travailler”
En revanche, il existe des femmes qui assument totalement ce choix et qui se sentent plus épanouies dans leur nouveau rôle de mère de famille. Auprès de L’Obs, une mère de famille, âgée de 30 ans, témoigne de son bonheur d’être mère au foyer, malgré un diplôme d’une école d’avocats.
Lasse des stages effectués dans sa vie professionnelle, elle s’est totalement consacrée à sa maternité depuis son premier enfant : “J’étais déprimée de laisser mon aînée chez la nounou. Même en quittant le cabinet à 18h, ce qui est tôt pour une avocate, je ne voyais ma fille que vingt minutes le soir. J’ai pensé un temps devenir juriste en entreprise et me mettre aux quatre cinquièmes, mais même avec cet arrangement, c’était toujours trop de temps passé au travail”.
Lorsqu’elle tombe enceinte de son deuxième enfant, elle décide de garder ses enfants pendant un an. Puis, finalement, elle dresse ce constat qu’elle ne veut pas retourner au travail : “Tant que j’aurai des enfants à la maison, je n’aurai pas envie de travailler”.
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Même constat pour Elodie, mère de deux enfants interrogée par Madame Figaro, qui dit s’être découverte “mère poule” avec la maternité. Après avoir enchaîné des postes à responsabilités dans le prêt-à-porter, en France et en Espagne, elle rejoint le siège d’un leader français du textile et donne naissance à sa première fille : “Passer du temps avec elle est alors devenu ma priorité (...). Je n’ai pas pu lâcher ma fille au bout de deux mois et demi et j’ai enchaîné mon congé maternité avec un congé parental”.
Ainsi, de plus en plus de femmes renouent avec leur rôle de mère, après avoir passé des décennies à conquérir un monde du travail trop masculin. Si certaines aimeraient reprendre le travail, comme Melissa, la conscience maternelle vient inlassablement les freiner dans cette volonté. Celles qui sont en paix avec leurs choix, quels qu'ils soient, semblent en tout cas s’être trouvées un épanouissement qu’elles n’auraient jamais soupçonné avant de devenir mère.
En France, le gouvernement tente en tout cas de redynamiser la natalité en permettant aux nouveaux parents de passer plus de temps avec leurs bébés, tout en impliquant les entreprises avec la création du congé de naissance, pour remplacer le congé parental. Ce congé sera mieux rémunéré et plus court que le congé parental, évitant aux parents, et surtout aux mères, de trop s'éloigner du monde du travail. De quoi changer la donne ? Seul l'avenir nous le dira.