Portrait d'un homme qui a tout perdu ou presque suite à un vol d'identité.
L'usurpation d'identité atteint parfois de telles extrémités qu'elle peut faire vivre un véritable cauchemar à celles et ceux qui en sont victimes.
Beaucoup d'infortunés ayant subi ce genre de préjudices se retrouvent souvent confrontés à un parcours du combattant pour prouver leur bonne foi. Hélas, malgré toute la bonne volonté du monde, il arrive de temps à autre que les victimes s'effondrent, notamment lorsque l'administration et la justice refusent de les croire.
C'est exactement ce qu'a vécu un certain William Donald Woods.
Image d'illustration. Crédit photo : iStock
Suite à une usurpation d'identité, il est emprisonné et plaide son innocence mais personne ne le croit
Cet Américain a vécu un calvaire pendant 30 ans, alors qu'une autre personne se faisait passer pour lui. Après trois décennies de cauchemar qui l'ont mené jusqu'en prison en passant par l'hôpital psychiatrique, il vient enfin d'obtenir justice.
Tout commence dans les années 1980 lorsque William Donald Woods travaille dans un stand qui vend des hot dogs, À cette époque, l'un de ses collègues se nomme Matthew David Keirans. Jusqu'ici rien d'anormal mais retenez bien ce nom car il est d'une importance capitale pour comprendre cette affaire.
Les deux hommes ne se côtoient que très peu et prennent rapidement des routes différentes. Le chemin emprunté par William devient alors rapidement sinueux et après une série de coups durs, il se retrouve à la rue. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, il s'aperçoit qu'une personne a usurpé son identité, cumulant ainsi des dettes en son nom. En 2019, lorsqu'il se rend à sa banque pour expliquer cette situation, William se heurte à un mur, alors qu'il possède pourtant ses papiers ainsi qu'un numéro de sécurité social attestant de son identité.
Mais sa situation de sans domicile fixe ne plaide pas en sa faveur et la banque décide d'appeler la police. Intrigués par l'histoire que raconte cet homme aux allures de marginal, les policiers font alors des recherches et découvrent un second William Donald Woods, qui n'est autre que... Mathhew David Keirans. Celui-ci réside dans le Wisconsin et travaille dans un hôpital. Contacté, l'homme explique qu'il est bel et bien la personne qu'il prétend et affirme détenir tous les documents le prouvant.
La police le croit sur parole et en déduit que le sans-abri qu'ils ont arrêté s'avère être en réalité Mathhew David Keirans. La justice décide finalement d'incarcérer le véritable William Donald Woods en août 2019, alors que ce dernier clame haut et fort qu'on lui a volé son identité. Un juge lui ordonne même de reprendre ce nom de Matthew David Keirans, qui n'est pourtant pas le sien. Vous suivez toujours ?
Image d'illustration. Crédit photo : iStock
Après 428 jours de prison, le vrai William commence à devenir fragile psychologiquement en raison de l'épreuve qu'il subit. La justice le déclare inapte à suivre un procès et décide de l'interner dans un hôpital psychiatrique pendant plus de 4 mois.
Libéré en 2021, William n'a qu'une seule hâte : laver son honneur et démasquer l'usurpateur. Il appelle alors l'hôpital dans lequel ce dernier disait travailler lorsque la police l'avait interrogé deux ans auparavant. Dans le doute face à ses propos, la direction de l'établissement décide alors de prévenir la police et cette dernière va cette fois confronter les deux personnes. Acculé, le faux William prétend que le vrai est « fou » et qu’il a besoin de « se faire soigner » ou « enfermer ».
Pas convaincue, la police ordonne des analyses ADN qui vont lever les derniers doutes en confirmant l'identité du vrai William. Les résultats du test ayant été comparé avec ceux du père biologique de la victime, qui était dans l'incapacité de reconnaître physiquement son fils, après des années sans le moindre contact.
Les investigations ont révélé que Mathhew David Keirans avait usurpé l'identité de William Donald Woods pendant 30 ans, à chaque « moment de sa vie ayant nécessité une identification officielle ». Il avait notamment obtenu son emploi grâce à ce faux nom et avait contracté jusqu’à 200 000 euros de dettes à la banque, via plusieurs prêts à la consommation.
Alors que l'étau s'est peu à peu refermé sur lui, il a plaidé coupable le 1er avril et risque désormais une peine allant de 2 à 32 ans de prison. Il pourrait également être condamné à verser plus d'un million de dollars d'amende.
Quant à William Donald Woods, il est aujourd'hui soulagé et lavé de tous soupçons.