Cette découverte pourrait enfin résoudre le mystère de la disparition de l'Homme de Néandertal

Une incroyable trouvaille pourrait enfin permettre de résoudre l'un des plus grands mystères de l'histoire des espèces.

C'est une découverte incroyable !

Les restes d’un homme de Néandertal, retrouvés dans le sud de la France, ont résolu un vieux mystère génétique et permis d'en savoir davantage sur la disparition de cet hominidé.

Cette découverte a été réalisée à l'intérieur de la grotte Mandrin, située sur la commune de Malataverne (Drôme). Dans cette région naturelle, nichée au cœur de la région du Tricastin, les premières traces d'occupation remontent à une période comprise entre 120 000 et 40 000 ans avant notre ère.

Découverte archéologique Crédit photo : Ludovic Slimak

Le mystère de la disparition de l'homme de Néandertal enfin résolu ?

Surnommé Thorin - en référence au personnage de Thorin « Écu-de-chêne » dans l'œuvre de J.R.R. Tolkien -, ces restes ont été découverts en 2015 par l’archéologue Ludovic Slimak (chercheur au CNRS et à l’université Paul Sabatier de Toulouse), mais il a fallu attendre des années avant qu'ils ne révèlent tous leurs secrets.

« Nous étions face à un problème majeur. Les données génétiques nous permettaient de savoir que l’homme de Néandertal que nous avons appelé Thorin avait 105 000 ans. Mais nous savions, grâce au contexte archéologique (du spécimen), qu’il avait entre 40 000 et 50 000 ans. » (Ludovic Slimak)

Il y a 9 ans, les archéologues de l'équipe de Ludovic Slimak avaient en effet réussi à exhumer 31 dents, une partie de la mâchoire et cinq os des doigts de cet homme de Néandertal. Mais lorsque les tests ADN ont livré leur verdict, les chercheurs ont constaté, non sans surprise, que les résultats ne correspondaient en rien à leurs observations initiales. Dès lors, ils ont concentré l'essentiel de leurs recherches sur l'hérédité de Thorin afin de tenter de reconstituer son puzzle génétique.

Ce travail minutieux aura nécessité 9 années et a permis de résoudre l'un des mystères de la disparition des hommes de Néandertal, survenue il y a environ 40 000 ans. Les conclusions de ces recherches fascinantes ont été dévoilées ce mercredi 12 septembre, dans la revue scientifique Cell Genomics. On y apprend notamment que Thorin appartenait à une lignée (ou un groupe) de Néandertaliens qui s’est retrouvée isolée des autres groupes. Cette période d'isolation génétique aurait duré près de 50 000 ans et explique pourquoi les analyses ADN de Thorin révélaient qu'il avait vécu en réalité à une période bien plus antérieure.

Grotte Mandrin, située à Malataverne (Drôme)Crédit photo : Wikimedia Commons

Jusqu'à ces conclusions, le consensus scientifique sur l'extinction des Néandertaliens supposait que leur disparition ne concernait qu'une seule et même population homogène. Or, cette découverte prouve qu'il existait, en Europe occidentale, au moins deux groupes distincts qui ont vécu à la même période et non loin les uns des autres.

« Nous avons ainsi 50 millénaires pendant lesquels deux populations néandertaliennes, vivant à une dizaine de jours de marche l’une de l’autre, ont coexisté en s’ignorant complètement » (Ludovic Slimak)

Selon Ludovic Slimak, cette découverte suggère que les groupes de néandertaliens vivaient dans de petites communautés repliées sur elles-mêmes. Un paramètre très important qui nous permet de comprendre l'une des principales raisons de leur extinction. 

Le groupe au sein duquel vivait Thorin a ainsi vécu 50 000 ans sans se reproduire, ni échanger le moindre gène, avec d'autres populations néandertaliennes. Cet isolement aurait de facto engendré moins de variations génétiques, ce qui aurait rendu de plus en plus difficile l'adaptation du groupe aux différents changements climatiques, ou encore aux maladies. De plus, le manque d'interactions sociales les aurait empêchés de découvrir des techniques et autres connaissances nécessaires à leur survie. 

Si l'on transpose ces conclusions à l'ensemble des Néandertaliens, on peut comprendre comment la lignée a fini par s'éteindre, incapable de s'adapter aux changements dictés par le temps. L'homme de Néandertal a finalement payé son isolement, à l'inverse de l'Homo sapiens (l'homme moderne) qui a toujours eu cette volonté d'explorer et d'aller encore plus loin. La curiosité et la « bougeotte » a ainsi permis à nos ancêtres de perdurer.

En résumé, l'équipe de Ludovic Slimak attribuent, en partie, l’extinction des populations néandertaliennes à leur isolement génétique, qui fut, pour elles, un désavantage évolutif.


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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.