En 2018, un Alsacien a été plongé dans un mystère total lorsqu’un gros caillou était tombé sur sa terrasse, alors qu’il se trouvait près du point de l’impact. Soupçonnant une météorite, il a enfin pu le prouver, cinq ans après.
François Seyller, habitant de Gambsheim, dans le Haut-Rhin, s’était donné une mission depuis cinq ans. Une mission qui consistait à retrouver le caillou qui était tombé soudainement et bruyamment sur sa terrasse le 28 août 2018, pour avoir la réponse sur son origine qui était, selon lui, spatiale.
Crédit photo : François Seyller
Ce jour-là, en plein après-midi, François Seyller range ses outils de jardin sous sa terrasse quand soudain, il entend un gros bruit : “C’était comme le bruit d’un gros caillou qui tombe sur un pare-brise et qui roule à grande vitesse. J’étais juste en dessous du point d’impact. C’est vraiment un bruit fort”. confie-t-il auprès de France 3 Grand-Est.
Il est immédiatement persuadé que ce gros caillou n’est pas banal et venait de l’espace, qu’il s’agissait d’une météorite, même s’il ne se considère pas spécialiste.
Ingénieur des Arts et Métiers, François se met en quête de retrouver le caillou : “J’ai examiné des lames en bois et j’ai vu un impact ayant fait un trou dans la lame en ipé se trouvant à l’endroit même où j’ai entendu l'impact”.
Les premières analyses font chou blanc
Il démonte alors les lames pour ramasser tous les petits cailloux qui s’y trouvent, espérant que l’un d’eux appartienne à la potentielle météorite qui venait de tomber.
Il contacte ensuite des musées spécialisés en météorites pour en avoir le coeur net, leur envoie le débris récupéré mais aucun n’atteste avoir identifié une météorite. Une impasse qui ne le satisfait pas, puisque sûr de son fait, il poursuit son enquête.
Crédit photo : François Seyller
Huit mois plus tard, il explore la cavité provoquée par l’impact dans la lame en ipé et découvre des débris de bois carbonisés, mais aussi que la cavité est plus grande qu’il pensait.
Il trouve même une dizaine d’autres impacts : “Il s’agissait d’impacts tous orientés vers le Sud-Est avec un angle de pénétration d’environ 55”. Il fait un rapport qu’il envoie, avec ce qu’il estime être le morceau de météorite, à l’Institut de Planétologie à Münster, en Allemagne.
Si l’institut prend la trouvaille au sérieux, elle conclut seulement que le caillou est un granit terrestre et ne va pas plus loin dans ses recherches.
"J'avais un peu l'impression d'être Galilée, seul contre tous"
François Seyller prend une pause, las de perdre du temps, jusqu’en décembre 2022 lorsqu’il rencontre un planétologue à l’École Normale Supérieure de Lyon, Mathieu Touboul, dont le domaine de recherche est la formation des planètes.
Il confirme alors que l’élément recueilli par François a bien subi un choc météoritique : “Ce choc n’a pu se produire que lorsqu’une grosse météorite a percuté le corps parents d’où est issu cet élément, ayant entraîné son éjection vers l’espace. Pour choquer un quartz, il faut une pression de 200 000 bars, soit l’équivalent d’une colonne d’eau de 2000 kilomètres de haut. Cette pression doit s’appliquer pendant un temps bref et sans élévation notable de température. Pour pouvoir rattacher la météorite à son corps parent, il faudrait pouvoir faire une analyse isotopique” explique l’Alsacien.
Crédit photo : François Seyller
Or, au regard de la faible quantité recueillie (0,117 gramme), l'analyse est impossible mais il n’empêche que l'intuition de François était la bonne. Il s’agirait d’une achondrite de genre granitique, soit une météorite provenant de la surface de gros astéroïdes.
Mieux qu’une météorite, c’est même une météorite lunaire qui est tombée sur la terrasse de François Seyller. Un résultat qui soulage, enfin, l’Alsacien, qui avait remué ciel et terre pendant cinq ans pour prouver que son intuition était correcte : “J’avais un peu l’impression d’être Galilée, seul contre tous”.
Désormais, il envisage de mener d’autres recherches autour du point d’impact du météorite, notamment pour déduire sa vitesse au moment de l’impact et pour savoir à quelle distance du sol elle s’est fragmentée pour la dernière fois, en mesurant les différents angles de pénétration des débris dans le bois.