Le squirting, ce jet de liquide associé à la femme fontaine, populaire dans les vidéos porno, reste mal connu et souvent confondu. Définition et explications.
En matière de sexualité, les croyances finissent parfois par éclipser toute vérité scientifique. Le squirting ne fait pas exception. Le «squirting» («giclée» ou «jet» en français) est bien connu dans l’industrie du porno : la requête est ultra populaire sur les plateformes de vidéos porno. Les vidéos de squirts parfois hardcore affichent de nombreuses vues aux côtés des vidéos de sexe les plus populaires. Mais en réalité, rares sont ceux qui parviennent à définir le concept. Tour à tour assimilé à la femme fontaine, l’éjaculation féminine ou l’orgasme, le phénomène du squirt reste nimbé de mystère. D’autant que la science est peu loquace à ce sujet. Comment définir le squirting ? La femme fontaine est-elle vraiment associée à l'éjaculation féminine ? Que se cache-t-il vraiment derrière le squirting, ce phénomène sexuel ? Décryptage.
Le squirting qu’est-ce que c’est ?
Le «squirting», qui a pour synonymes le squirt ou gushing (pour «gicler» ou «jaillir»), peut se traduire dans le dictionnaire franco-anglais par «émission fontaine». Ce squirt fait référence à l’expulsion d’un liquide sous l’effet d’une stimulation sexuelle. La femme dite fontaine est donc cette femme qui «squirte» pendant le sexe, et cette émission fontaine ne survient pas forcément uniquement pendant l’orgasme. Si le squirting a toujours existé, ce n'est que tardivement que la littérature scientifique a commencé à s’intéresser à ce sujet ayant trait à la sexualité féminine. En 1984, une étude tente de quantifier le phénomène du squirt en affirmant que 54 % des femmes (sur un échantillon de 227 femmes) ont «déjà expérimenté une expulsion de liquide orgasmique au moins une fois dans leur vie». Mais on s’interroge encore sur la nature de «ce fluide». S'agit-il de sperme féminin à l’instar de l’éjaculation masculine, ou bien d’un tout autre liquide orgasmique ?
Le squirting est différent de l'éjaculation féminine. Crédit : Shutterstock
Squirting et éjaculation féminine, c’est pareil ?
Pendant longtemps, le squirting et les caractéristiques de ce liquide ont été débattus, semant la discorde dans la communauté scientifique. Nombre d'entre eux associent le squirt à l’éjaculation féminine. En 2013, une revue systématique parue dans The journal of sexual medicine tranche la question : l’orgasme se manifeste «soit par l’éjaculation féminine, et sa petite quantité de sécrétions blanchâtres de la prostate féminine, soit par le squirting, une giclée d’une plus grande quantité d’urine diluée et modifiée». Mais les deux liquides peuvent être confondus, précise la revue. Autrement dit, une femme peut squirter et éjaculer en même temps pendant l’orgasme (sans que les deux soient systématiques).
Squirt : de quoi est composé le liquide ?
Pour y voir plus clair, il faut attendre la publication en 2015 d’une nouvelle étude française publiée dans The journal of sexual medicine. Les auteurs lèvent le voile sur la nature du squirt, le distinguant clairement de l'éjaculation féminine. On apprend que :
-le squirting chez les femmes fontaines émane de la vessie, plus précisément des glandes de Skène (glandes situées entre le vagin et l’urètre, considérées comme l’équivalent féminin de la prostate). De nature visqueuse (comme la salive), cette sécrétion présente des concentrations d’urée, de créatinine et d’acide urique (tous trois éliminés par l’urine). Le liquide peut être abondant et atteindre 300 mL (l’équivalent d’une vessie complète !).
-l’éjaculation féminine provient du vagin. Le liquide est plus clair, semblable à de l'eau et il est libéré en plus petite quantité.
Squirter c’est uriner pendant le sexe ?
Pendant longtemps, des scientifiques ont lié l’émission fontaine à une incontinence coïtale (perte involontaire d’urines pendant le sexe). Mais il n’en est rien. Certes, le liquide du squirt émane de l’urètre et s’apparente à un jet involontaire d’urine mais, il est faux d’assimiler ce phénomène à de l’incontinence. Rappelons que cette dernière relève d’un trouble pathologique pouvant altérer significativement la vie sexuelle.
A contrario, squirter (qui n’est donc pas éjaculer), de l’avis des sexologues et des femmes fontaines, relève d’une expérience qui peut augmenter le plaisir lors de l’acte sexuel et aider à grimper au rideau. Reste que la vessie joue un rôle non négligeable dans le squirting. Un rôle mis en avant dans l’étude de 2015. Les chercheurs ont noté que la vessie se remplissait durant la stimulation sexuelle et se vidait après le squirting. Autrement dit, une vessie pleine serait liée à une expulsion de liquide plus important lors de l’acte sexuel.
Femme fontaine : comment squirter pendant le sexe ?
Toutes les femmes n’expérimenteront pas le squirting tandis que certaines le vivront ou l’ont peut-être déjà vécu sans le savoir. Et comme dans tout sujet sexe, il n’existe pas de réel mode d’emploi pour atteindre l’orgasme ou le squirt (ou les deux en même temps). Chaque femme a sa façon toute subjective de jouer avec son corps et d’accéder au plaisir sexuel dans telle ou telle position sexuelle, avec ou sans squirt.
Une certitude : squirter est possible sans qu’il y ait nécessairement pénétration. L’excitation via les caresses des zones érogènes comme les seins, la stimulation sexuelle, en particulier une pression simultanée de la vessie et du vagin à l’aide de la bouche, ou la masturbation à l'aide des doigts ou encore d’un sex toy tout en touchant ses seins, et tout autre jeu sexuel peuvent favoriser le squirt. Mais également, une bonne connaissance du corps féminin ou encore l'onanisme devant une vidéo de sexe (sexe amateur, sexe anal, masturbation...), peuvent aussi aider. S’il fallait toutefois donner un indice donné par les femmes fontaines pour sentir que le squirt est proche : vous ressentez en principe comme une forte envie de faire pipi…
Sources :
Subjective reports of female orgasmic expulsion of fluid, 1984, The nurse praticioner.
Female ejaculation orgasm vs. coital incontinence: a systematic review, 2013, The journal of sexual medicine.
Nature and origin of squirting in female sexuality, 2015, The journal of sexual medicine.