Le vaginisme est un trouble sexuel féminin qui rend la pénétration vaginale impossible. Un problème de santé qui n’est pas une fatalité : voici des solutions.
Plusieurs milliers de femmes sont touchées par le vaginisme. Selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), 1 à 3% des personnes seraient concernées par ce trouble sexuel qui rend la pénétration impossible. Un problème de santé qui n’est pas une fatalité. En effet, les causes n’étant pas physiologiques mais psychologiques, des solutions existent pour remédier au vaginisme, qui, comme la panne sexuelle chez les hommes peut avoir des conséquences sur la vie sexuelle et le couple.
La première étape pour réussir à avoir des rapports sexuels par pénétration (et sans douleur) est de parler de ce trouble - encore méconnu et encore tabou comme de nombreux problèmes de santé touchant la sexualité des femmes. Parler d’abord avec un gynécologue, mais aussi avec un sexologue, un sexothérapeute et/ou un psychothérapeute. Voici toutes les informations à connaître si vous souffrez de vaginisme.
Le vaginisme, c’est quoi exactement ?
C’est un réflexe involontaire des muscles du plancher pelvien aussi appelé périnée (groupe de muscles qui contrôlent l’ouverture du vagin, de l’anus et de l’urètre) qui rend impossible la pénétration. Le groupe musculaire est censés se détendre afin d’étirer l’ouverture du vagin, mais le resserrement des muscles rétrécie l’entrée vaginale, et ce, malgré le désir que la femme peut éprouver avant un rapport sexuel avec le partenaire. Les spasmes musculaires sont involontaires : comme lorsque la paupière se referme pour protéger l’œil sans que cela soit maîtrisé. « Le vaginisme est à l’intromission du pénis ce qu’est le clignement de l’œil à la pénétration du moucheron », compare William Saul Kroger, obstétricien américain. À noter que le vaginisme ne résulte pas d’un problème anatomique - du vagin, de la vulve, de l’hymen -, mais bien d’un réflexe musculaire.
Mais ce n’est pas un problème qui affecte uniquement la vie sexuelle des personnes concernées – qui peuvent tout de même avoir une vie sexuelle épanouie sans pénétration. La contraction des muscles qui entourent l’entrée du vagin empêche l’entrée d’un doigt ou d’un pénis lors d’un rapport sexuel, mais peut aussi rendre impossible l’intromission d’un tampon ou d’une cup lors des menstruations ou d’un speculum lors d’un examen gynécologique.
Différents types de vaginismes
Il existe deux types de vaginismes :
- Le vaginisme primaire concerne des femmes qui n’ont jamais fait l’expérience de la pénétration et qui ressentent des douleurs dès leurs premiers rapports. « Dans le vaginisme primaire ”phobique”, la peur de la douleur est au premier plan chez ces femmes qui souffrent très souvent d’un manque d’information quant à leur propre sexe et sa représentation, l’idée d’un vagin beaucoup trop petit pour accueillir le pénis de l’homme est quasi-constante. Ceci active une angoisse, voire une panique, vis-à-vis de la douleur et de la déchirure imaginées par ces femmes », peut-on lire sur le site du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) qui propose une piste d’explication à ce trouble sexuel.
- Le vaginisme secondaire touche des personnes ayant déjà eu des rapports sexuels mais pour qui l’intromission devient impossible à un moment donné. Le blocage peut venir, entre autres, d’un traumatisme (sexuel ou non), d’une grossesse, d’une infection, d’un début de ménopause, etc.
On distingue également le vaginisme « global » et le vaginisme « situationnel ». Le premier concerne les femmes pour qui la pénétration est impossible quelle que soit la situation (en cas de rapport sexuel, de tentative de masturbation, en cas d’examen gynécologique et même d’insertion d’un tampon). Le vaginisme dit « situationnel » concerne les personnes pour qui la contraction musculaire empêchant la pénétration n’est pas constant. Elles pourront par exemple, avoir des relations avec un partenaire mais pas un autre, ou elles n’auront pas de problème lors d’un examen chez le gynécologue mais auront des difficultés à se masturber (avec ou sans sextoy), ou inversement.
Les symptômes du vaginisme
Le vaginisme est un réflexe musculaire qui rend l’intromission du pénis (ou autres membres ou objets) impossible, et donc les tentatives de rapports sexuels douloureuses. Mais il ne provoque pas directement les douleurs, qui sont inexistantes en dehors de la pénétration. Il ne faut donc pas le confondre avec la dyspareunie, qui désigne les douleurs ressenties à l’intérieur du vagin pendant et après les rapports. Les femmes atteintes d’endométrioses sont souvent touchées par la dyspareunie profonde.
Consulter un gynécologue permet de confirmer le diagnostic de vaginisme, dont les symptômes peuvent ressembler à d’autres troubles sexuels. « Un hymen extrêmement résistant, ou encore peu perforé, va rendre les premières pénétrations impossibles », explique Danielle Gaudry, gynécologue, dans une interview accordée à Dans ma culotte. Elle ajoute: « Il faut également arriver à déterminer si ce n’est pas simplement de la sécheresse vaginale qui empêche le rapport, je pense notamment aux femmes ménopausées. Ces cas ne sont pas liés au vaginisme. »
Quelles causes ?
Le vaginisme n’est pas la conséquence d’un vagin « trop étroit », contrairement à certaines idées reçus. Les causes de ce trouble sexuel féminins sont principalement psychologiques. Et elles sont multiples, souvent propres à chaque femme. Le trouble peut subvenir après une agression sexuelle, après une période d’infections à répétition, après une grossesse (notamment avec épisiotomie). Ou après la ménopause : la baisse d’œstrogènes chez une femme ménopausée peut entraîner une perte de souplesse vaginale, qui peut amener à des douleurs et des contractions involontaires des muscles du plancher pelvien. Le stress et l’anxiété sont également des causes de vaginisme. Et cela peut devenir un cercle vicieux : la première tentative de pénétration ayant été impossible, l’appréhension et la crainte lors de la deuxième tentative entraîne le reflexe involontaire, puis lors du troisième essai.
Et ainsi de suite. Mais vaginisme n’est pas synonyme d’absence de désir. « Dans certains cas, la femme est en lien avec ses peurs mais dans d’autres cas pas du tout, elle a très envie de faire l’amour mais elle ne peut pas. Il y a une contraction telle des muscles du périnée que la pénétration est impossible », explique Marie Bareaud, sexologue, au Journal des femmes.
L’éducation sexuelle reçue par les jeunes filles, ou plutôt le manque d’éducation sexuelle, est aussi une cause de vaginisme. « Il peut y avoir des conséquences de traumatismes liées à des violences sexuelles, mais on peut avoir du vaginisme pour d’autres raisons, comme par exemple une personne qui a grandi dans une famille où on n’a jamais parlé de sexe, et qui voit ça comme un tabou », décrit Caroline Janvre, psychologue sexologue, dans un article des Inrocks.
Les solutions
La première chose à faire est de consulter un gynécologue. Un conseil paradoxal quand on sait que les femmes peuvent avoir… un vaginisme lors de l’examen gynécologique. Mais l’obstétricien, prévenu de la situation, fera tout pour ne pas bousculer la patiente. Et il pourra surtout confirmer le diagnostic. Deux approches sont ensuite possibles et peuvent être combinées : travailler les blocages psychologiques entraînant la contraction des muscles et (re)habituer le corps à la détente nécessaire à la pénétration. Pour cela, la consultation d’un psychologue est conseillée. Il pourra aider la patiente à trouver la (ou les) source(s) du problème, que ce soient la conséquence d’un traumatisme ou d’une vision erronée de la sexualité. Rencontrer un sexologue ou un sexothérapeute peut également permettre de lutter contre le vaginisme. Il pourra proposer des exercices progressifs et adaptés.
Regarder son corps dans le miroir pour apprendre à se connaître, ou se masturber progressivement, d’abord en surface, puis, petit à petit, en profondeur, par exemple. L’objectif : se réapproprier sa sexualité et rééduquer et renforcer ses muscles du plancher pelvien. Une rééducation qui peut se faire également avec un kinésithérapeute ou une sage-femme.
La méditation, la sophrologie, le yoga ou encore l’hypnose peuvent également aider les personnes atteintes de vaginisme. Un médecin peut également prescrire des médicaments relaxants. La chirurgie esthétique peut également être un traitement. L’injection de botox dans le vagin aurait pour effet d’affaiblir la force musculaire et donc éviter la contraction. Il s’agit cependant d’une solution temporaire: l’effet des injections s’estompe au bout de quatre mois. La patiente pourrait donc vois les symptômes revenir.
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Des exercices pour renforcer le périnée
Il exercice plusieurs exercices faciles pour muscler son plancher pelvien qui peuvent être utile pour les femmes atteintes de vaginisme (mais pas seulement). L’important, c’est la régularité : pas de jour de repos pour votre périnée. En voici cinq à tester.
Exercice 1
Que vous soyez assise, debout ou couchée, que vous soyez dans le métro, dans votre lit ou dans votre bureau, contractez les muscles de votre vagin (comme si vous reteniez une envie d’uriner) pendant dix secondes, relâchez pendant cinq secondes, puis recommencez. Cela permet d’activer la circulation sanguine et de tonifier le plancher pelvien. Dans l’idéal, répéter des séries de dix contractions trois fois par jours.
Exercice 2
Allongée sur le dos (bien à plat), repliez vos jambes. Contractez votre plancher pelvien (encore une fois, comme si vous aviez envie de faire pipi). Faites des séries de dix répétitions, avec des pauses de quelques secondes entre chaque contraction. Et pensez à inspirer et expirer profondément. À répéter autant que vous le voulez (que vous le pouvez).
Exercice 3
Dans la même position, contractez en soufflant, puis bloquez votre respiration en vous bouchant le nez. Creusez le ventre et gonflez la poitrine. Cet exercice va permettre à vos muscles de se resserrer encore davantage.
Exercice 4
Comme pour les exercices pour muscler votre fessier, allongez-vous sur le dos et faites un demi-pont en contractant fesses et cuisses… mais aussi périnée. Restez les fesses en l’air tout en soufflant pendant dix secondes, puis redescendez doucement. Et recommencez.
Exercice 5
Cet exercice demande un peu plus de concentration… et d’imagination. Visualisez votre ceinture périnéale comme un ascenseur. Montez au premier étage, en contractant vos muscles périnéaux pendant une seconde, puis relâchez. Montez au deuxième étage en augmentant l’intensité et la durée (cette fois-ci deux secondes). Au troisième étage, relâchez après trois secondes. À vous de voir si vous êtes dans un immeuble parisien ou dans un building new-yorkais.
Le sexe sans pénétration
« Notre sexualité est le fruit d’une société », explique le Dr Philippe Brenot, psychiatre et thérapeute de couple interrogé par le Figaro. Il ajoute: « Elle se construit différemment selon les époques et les géographies. Aujourd’hui, on fait face à un désir de fusion, on veut parler la même langue et cela passe donc par une génitalisation de la sexualité. » Comprendre une sexualité phallo-centrée. Mais la pénétration n’est pas une finalité. Que vous souffriez de vaginisme ou pas, vous pouvez vous épanouir dans votre vie sexuelle, sans forcément passer par la pénétration qui n’apporte pas « plus de plaisir », toujours selon Dr Philippe Brenot.
« Les pratiques qui utilisent la pénétration peuvent être une immense source de plaisir mais on peut également avoir une sexualité non pénétrative très épanouie, faite de caresses, de masturbation réciproque et de baisers menés à leur pleine esthétique. » C’est poétique, mais en pratique ? Il existe des sextoys, comme les œufs de Tenga, imaginés pour stimuler le gland du pénis ou pour caresser le clitoris et les lèvres. Les stimulateurs clitoridiens, qui ne vibrent pas mais envoient des ondes, permettent également de reproduire les sensations du sexe oral.
Le sexe tantrique
Le tantrisme, tiré de la philosophie bouddhiste, est une façon de penser le sexe différemment, notamment sans pénétration. L’objectif : atteindre l’orgasme sans échange de fluides, sans performance sexuelle, sans succession de positions extravagantes mais par la méditation, la connexion à son partenaire, la concentration, l’écoute. Le tout en pleine conscience. Il existe également la méthode Karezza, dérivée du tantrisme. L’idée est de se blottir l’un contre l’autre, de se caresser, de s’embrasser, de se câliner, se toucher, se regarder, respirer ensemble. Cela ne vous paraît pas suffisant ? Et pourtant. Une séance de Karezza d’au moins vingt minutes permet aux corps de produire de l’ocytocine, l’hormone de l’amour, qui est libérée notamment au moment de l’orgasme.
Autre méthode : Kunyaza. Technique originaire d’Afrique centrale, elle consiste en la stimulation de la vulve avec le gland du pénis, les doigts, ou les objets, par un mouvement de haut en bas ou de droite à gauche. La stimulation du clitoris sans pénétration qui peut mener à l’orgasme.
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Le mythe de l’orgasme vaginal
L’orgasme féminin a longtemps été mal compris, mal interprété. « Combien de fois avons-nous entendu ou lu dans la presse cette fameuse phrase : «Es-tu plutôt clitoridienne ou vaginale ?» Une légende qui a complexé et qui complexe encore beaucoup de femmes au XXIe siècle. Et bien c’est à cause de ce vieux monsieur, Sigmund Freud, qui ne comprenait rien aux femmes et qui a cru bon de donner son avis quand même. Et nous l'avons cru aveuglement pendant des années ! C'est lui qui a inventé une fausse hiérarchisation entre les orgasmes féminins. Il a proclamé à tort qu'il existait un orgasme clitoridien et un orgasme vaginal et expliquait que l'orgasme clitoridien était inférieur à l'orgasme vaginal. En clair, si tu n'avais pas d'orgasme vaginal, tu n'étais pas une vraie femme ! Une aberration que l'on a trainée tout le XXIe siècle comme le graal de la sexualité féminine.
Résultat : Les femmes culpabilisent et craignent d'être anormales alors que l'orgasme vaginal est une pure invention », peut-on lire sur le compte Instagram de Gang du Clito. La fondatrice, Julia Pietri, ajoute: « Répétons-le encore et encore ! C’est un message à passer à toutes les femmes et à tous les hommes : l’orgasme vaginal n’existe pas puisque le vagin ne procure aucun orgasme. Nous sommes toutes des clitoridiennes ! Qu'on se le dise une fois pour toutes ! À ce jour, le clitoris est le seul organe connu 100% plaisir. Tous nos orgasmes sont clitoridiens. Les sensations profondes, les sensations basses que l’on peut ressentir vers le vagin proviennent en réalité du prolongement du clitoris, de la partie basse clitoris. » Alors, stimulez vos clitoris, et pour cela, vous n’avez pas forcément besoin de pénétration.
Sources :
Le vaginisme, qu’est-ce que c’est ; Collège national des gynécologues et obstétriciens français
Vaginisme, qu’est-ce que c’est et comment en finir ; Dans ma culotte
Pourquoi il est urgent de parler du vaginisme ; Les inrocks
Vaginisme : c’est quoi, symptômes, solutions ; Le journal des femmes
L’orgasme sans pénétration, oui, c’est possible ; L'Express