Les côtes thaïlandaises comptent des milliers d’îles, et des millions de voyageurs viennent chaque année y chercher leur petit coin de paradis. Pourtant, l’une d’entre elles, bien entourée par ses sublimes voisines, cache un secret particulièrement lourd. Et pendant très longtemps, elle l’a gardé inviolé.
Cette île, c’est Ko Tarutao, l’une des plus grandes du pays en termes de superficie. Elle est également la plus vaste du Parc marin national de Tarutao, qui possède 51 îles. En effet, avec ses 26 kilomètres de longueur pour 18 de large, sa taille n’a pas vraiment de comparaison possible avec les autres. Malgré sa beauté et sa présence dans une zone naturelle protégée, aucun touriste n’y a posé les pieds. D’ailleurs, si des visiteurs parvenaient à s’y rendre, ils seraient sans doute déçus de ne trouver ni bars, ni restaurants, ni hôtels de standing comme c’est le cas sur la plupart des îles thaïlandaises.
Crédit photo : Ko Tarutao National Park
Mais alors, pourquoi un tel bijou situé à l’extrême sud-ouest du territoire, à environ 25 kilomètres au large du continent, n’a pas eu la même trajectoire que ses semblables ? La raison est tout simple. Dans les années 1930, les prisons de la capitale ne parviennent plus à accueillir tous les criminels jugés. Ainsi, le gouvernement décide de partir à la recherche d’un terrain isolé et calme afin de construire une immense prison, une sorte de bagne où étaient envoyés les détenus qui ne pouvaient pas être logés à Bangkok.
Et de fil en aiguille, c’est Ko Tarutao qui a été choisie pour remplir ce rôle ! Résultat, de la fin des années 1930 au milieu des années 1940, plus de 3 000 prisonniers ont vécu sur cette île extraordinaire. Contrairement à une prison lambda localisée en zone urbaine, la distance entre l’île et les côtes permet d’éviter les évasions et de faire largement baisser le nombre de tentatives.
À l’époque, les détenus étaient incarcérés à l’est de l’île, à Talo Wao Bay. Aujourd’hui, l’endroit n’abrite plus aucun criminel, mais plutôt un petit musée dans lequel il est possible d’en apprendre davantage sur celles et ceux qui l’ont occupé pendant près de 10 ans. Toute l’Histoire du lieu y est racontée en détail, accompagnée de quelques photographies.
En parlant d’Histoire justement, celle qui avait commencé en 1930 lors de l’inauguration de la prison a dû se terminer bien plus rapidement que prévu. La faute en grande partie à la Seconde Guerre mondiale. Et pour cause, le conflit a empêché les provisions d’être acheminées jusqu’à Ko Tarutao et a donc mis en grande difficulté non seulement les prisonniers, mais aussi les gardes, qui n’avaient plus rien à manger.
Crédit photo : BBC
Peu après 1941 et l’invasion de la Thaïlande par l’armée japonaise, pour survivre, les deux parties se sont finalement réfugiées dans la piraterie. À tel point que la situation est devenue vraiment tendue aux abords de l’île. En 1946, les militaires britanniques, avec le feu vert du gouvernement thaïlandais, pénètrent la zone afin de secourir les personnes encore sur place. Ces dernières seront finalement prises en charge, soignées et dispersées dans différents pénitenciers à travers le pays.
Pendant près de 30 ans, Ko Tarutao reste dans l’abandon et pas grand monde se bouscule pour trouver une autre utilité au lieu. Mais en 1974, des naturalistes locaux redécouvrent l’incroyable beauté de ce territoire sauvage et décident d’y créer le « Ko Tarutao Marine National Park », le deuxième plus parc naturel du royaume de Thaïlande !
Aujourd’hui, les anciennes prisons, et notamment le site de Talo Wao Bay se visitent. Une excursion qui permet de se rendre compte de ce qu'a pu être le quotidien des détenus entre 1939 et 1946, mis en cage et forcés à travailler. Si certains d’entre vous tentent l’expérience, sachez qu’il est aussi possible de marcher à travers un sentier de 12 kilomètres emprunté jadis par ces prisonniers.
Crédit photo : toolsoftravel
Crédit photo : trouver
Surprenant comme histoire, n’est-ce pas ?