Dans une interview récente, un océanographe a rappelé que le requin n’était pas l’horrible animal que l’on croit, en établissant une comparaison qui en surprendra plus d’un.
Ancré dans l’imaginaire collectif comme étant une créature dangereuse et assoiffée de sang, le requin n’est pourtant pas le terrible prédateur que l’on dépeint ici ou là et notamment par le biais du cinéma.
C’est ce que rappelle l’océanographe Robert Calcagno, dans son ouvrage intitulé « Requins, au-delà du malentendu » !
Dans un entretien passionnant accordé au journal Le Monde, celui qui est directeur de la Fondation Albert-Ier-Prince-de-Monaco explique ainsi que le squale souffre de sa réputation erronée alors qu’il s’agit d’une espèce en grand danger.
Crédit photo : Istock
Le moustique tue 80 000 fois plus que le requin
« Nous nous efforçons de changer le regard du grand public, de lever un malentendu à leur propos. Ces grands prédateurs ne sont pas de grands méchants tapis au fond des océans. Ils sont responsables d’une dizaine de décès par an. Les moustiques, eux, en provoquent 80 000 fois plus », indique le scientifique.
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« L’homme, en revanche, pêche des dizaines de millions de requins par an. Leurs populations ne peuvent pas s’adapter à une telle prédation, elles s’effondrent. De nombreuses espèces sont aujourd’hui au bord de l’extinction ou d’une disparition locale », poursuit l’intéressé, qui organise par ailleurs des « conférences gratuites » à la Maison des Océans de Paris afin de sensibiliser l’opinion et tordre ainsi le cou aux clichés sur les requins.
Des conférences instructives où il est notamment proposé aux visiteurs de plonger « la main dans un bassin qui abrite douze spécimens ». La chose a de quoi faire peur mais c’est sans danger et l’expérience montre que l’on a tort de diaboliser les requins.
De plus, ces derniers, comme le rappelle Robert Calcagno, « ont un rôle clé dans l’écosystème. Ils se trouvent au sommet des réseaux trophiques complexes, d’où ils s’attaquent à des espèces qui deviennent trop nombreuses ou à des animaux affaiblis, malades, qui pourraient contaminer leurs congénères ».
Lutter contre l’extermination des requins n’est pas un combat facile mais Robert Calcagno reconnaît tout de même que des efforts concrets ont été faits.
« Soyons justes, la prise de conscience progresse. L’Union européenne a interdit la pratique du 'finning' (la découpe d’ailerons de requins) et je suis d’ailleurs convaincu que la soupe aux ailerons finira par passer de mode auprès des jeunes chinois. Plusieurs États, notamment dans le Pacifique, ont créé récemment des aires marines protégées, des sanctuaires pour abriter le prédateur. Et cinq espèces supplémentaires viennent d’être inscrites sur la liste de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction », détaille-t-il ainsi.
Et de conclure : « Mais on est loin du compte, il faudrait instituer des quotas de pêche comme pour le thon rouge ».