L’immense majorité des propriétaires d’animaux domestiques les aiment et s’en occupent comme s’ils étaient leurs propres enfants. Pourtant, cette façon d’agir avec eux, notamment en leur prêtant des comportements humains, peut potentiellement venir perturber certains de leur sens.
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En effet, peu de gens s’en rendent comptent, mais contrairement aux animaux sauvages, les animaux domestiques vivent à plein temps dans le monde des humains. Le fait qu’ils soient plongés dans cette sphère et dans ce rythme qui ne correspondent pas forcément à leur instinct de départ a des conséquences sur leur bien-être psychologique et leur état de santé global. Souvent, les animaux domestiques tels que les chiens et les chats font tellement partie de notre vie qu’ils sont des membres à part entière de la famille.
Résultat, à force de suivre le mode de vie des humains, les animaux de nos foyers subissent une véritable humanisation. Selon Fédération des Fabricants d’Aliments pour Chiens, Chats, Oiseaux (FACCO), la France compte près de 80 millions d’animaux de compagnie. Dans les faits, les experts estiment qu’en 2021, un foyer sur deux abrite un ou plusieurs d’entre eux. Sans surprise, les mammifères les plus nombreux sont les chats avec environ 14,2 millions d’individus.
Et justement, à leur sujet, la journaliste Yolaine De La Bigne, fondatrice de l’Université d’été de l’animal et de la Journée mondiale des intelligences animales, explique : « on est tellement accro à ces petites boules de poils qu'on en vient même à les appeler ‘chats-chiens’, car ce sont des chats qui, comme les chiens, ne sortent plus, ont plein de jouets, sont câlinés et brossés toute la journée, sortent en laisse et agissent comme leurs maîtres. Aux Etats-Unis, on leur donne des médicaments pour traiter leur anxiété. Certains animaux commencent même à être complètement angoissés quand leur humain part travailler. De même pour nos chiens qui, contrairement à leurs congénères errants du 18e siècle, n'avaient pas de problèmes alors qu'ils étaient bien plus livrés à eux-mêmes. Autrefois, ils n'étaient ni obèses ni anxieux, comme beaucoup le sont devenus aujourd'hui avec une plus grande domestication et complicité avec l’Homme. »
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Bien d’autres exemples peuvent venir confirmer cette théorie, et notamment la façon dont nous nourrissons nos animaux domestiques. De plus en plus de vétérinaires et d’autres spécialistes du secteur constatent que les chiens et les chats rencontrent davantage de problèmes d’obésité qu’il y a encore 20 ou 30 ans. Cela peut s’expliquer par le fait que les animaux de compagnie présents dans nos foyers nous ramènent à nos propres paradoxes, ceux auxquels nous sommes confrontés au quotidien et que nous pouvons ressentir dans le rapport que l'on entretient avec eux.
« L’obésité des animaux est symptomatique d'une société où beaucoup d'humains sont en surpoids du fait de la sédentarité, du fait de la malnutrition. Certains animaux sont obèses parce qu'on va avoir tendance à les surnourrir et à agir avec eux comme on le fait avec soi-même. Les animaux souffrent d'être enfermés en appartement dans une société où on ne fait pas assez d'activité physique. Ce sont plein de marqueurs, parmi d'autres, des errements que nous avons » a déclaré Georges Chapouthier membre de la Fondation Droit Animal Éthique et Sciences.Crédit : Eric Ward
Les animaux domestiques ne doivent pas être pris pour des humains
Idem pour la plupart des espèces, à l’instar des chevaux. Il n’est pas rare de voir des propriétaires de chevaux passer de longues heures à faire des tresses sur leur crinière, leur donner des friandises ou les brosser pour faire briller leur robe, mais en réalité, les chevaux n’ont pas besoin de ces artifices généralement inventés par l’Homme. Une fois dans la nature, tout ce dont ils ont envie c’est de se rouler dans l’herbe et de galoper dans les prairies.
Concrètement, si vous aimez votre animal domestique et souhaitez le voir s’épanouir, la meilleure option est de réussir à garder un lien affectif avec lui sans pour autant l’éloigner des comportements naturels spontanés de son espèce. Pour faire en sorte qu’il soit heureux, il est donc nécessaire de trouver la bonne distance et ainsi entretenir une relation saine avec lui.