10 expressions que vous utilisez tous les jours dont les origines vont vous surprendre :
@ElizWello
1. Etre au bout du rouleau
Les problèmes personnels, financiers ou un effort physique peuvent parfois mener quelqu'un au bout du rouleau, le démoraliser ou l'épuiser.
Cette expression prendrait ses racines dans le monde du théâtre. Jusqu'au XVIIème siècle, le rôle désignait le bâton servant à enrouler les parchemins. Il était utilisé par les comédiens pour leur rappeler leurs répliques. Une fois le texte lu, ils n'avaient plus rien à dire. De là est née l'expression "être au bout de son rollet" pour qualifier une personne ne sachant pas quoi dire ou en manque d'arguments.
Par extension, elle s'est rapprochée de l'épuisement moral et physique. Le terme "rollet" a ensuite été remplacé par "rouleau" au XIXème siècle.
2. Trier sur le volet
Cette expression, qui signifie choisir rigoureusement, tire ses origines de l'agriculture céréalière du Moyen-Âge.
Le volet était alors utilisé pour fabriquer le tamis afin de trier le grain. Le terme "volet" a ensuite évolué au XVème siècle pour désigner l'assiette en bois dans laquelle les femmes triaient les pois et les fèves selon leur fraîcheur, leur taille et leur forme.
A cette époque, François Rabelais avait lui-même utilisé dans Pantagruel l'expression "triés comme beaux pois sur le volet". Les beaux pois ont finalement disparu du langage courant.
3. A la bonne franquette
Cette expressions signifie faire quelque chose en toute simplicité. Généralement, partager un repas sans faire de manières, comme à la maison.
Elle serait apparue au XVIIème siècle par opposition au fait de recevoir à la française, qui voulait dire avec beaucoup d'obligeance et d'arrangement. L'expression originelle "à la franquette" était alors utilisée pour inviter une personne à parler en toute franchise et vient du mot "franc". "Franquette" constitue donc un mot dérivé par le langage populaire.
Avec le temps, le sens actuel de l'expression a perdu ce rapport à la franchise, pour se rapprocher de la simplicité que l'on connaît.
4. Pas folle la guêpe !
Une personne peut se vanter de son ingéniosité en s'exclamant "Pas folle, la guêpe !"
Cette expression est apparue au milieu du XIXème siècle, d'abord sous la forme "pas bête, la guêpe". A l'époque, le corp fin de la guêpe pouvait désigner un certaine finesse d'esprit. C'est donc tout naturellement qu'un individu à l'esprit aussi fin qu'une guêpe, et donc "pas bête", pouvait être comparé à cet insecte.
L'expression, sous sa forme actuelle, a ensuite été popularisée au milieu du XXème siècle.
5. Retourner sa veste
Lorsqu'un vent de changement souffle dans les milieux politiques, par exemple, des personnes peuvent changer leur opinion pour ne pas être mises à l'écart. On dit alors qu'elles retournent leur veste.
Cette expression trouve son origine dans la locution italienne "voltar casacca" ("tourner casaque"). Elle fait référence aux soldats qui arboraient leur casaque, synonyme d'uniforme à l'époque et qui devaient en changer lorsqu'ils étaient mutés dans un autre corps d'armée ou qu'ils changeaient de bataillon.
Mais avec le temps, le mot "casaque" n'a plus concerné que le milieu hippique et ses jockeys. L'expression "tourner casaque" s'est ainsi transformée en "retourner sa veste" en se popularisant vers la fin du XIXème siècle.
6. Etre le dindon de la farce
A toutes les victimes d'une plaisanterie ou d'un mauvais coup, on dit qu'elles sont les "dindons de la farce".
Cette expression populaire est née dans le milieu du théâtre. Tout d'abord, la farce désignait dès le Moyen-Âge des intermèdes comiques pour amuser les spectateurs lors d'un spectacle. Ensuite, le dindon, volaille réputée pour sa grande bêtise, renvoyait également au rôle des pères dupés dans les comédies jouées au XVIIIème siècle. Appelés les "pères dindons", ces rôles étaient très populaires, notamment dans les vaudevilles (comédies sans intentions psychologiques ni morales, fondée sur un comique de situations).
7. Tomber dans le panneau
L'expression "tomber dans le panneau" s'emploie pour désigner une personne tombée dans un piège sans en avoir conscience.
Cette locution se rapporte à l'origine au domaine de la chasse. Au XIIIème siècle, le panneau, dérivé du latin "pannellus" (morceau d'étoffe), qualifiait un filet que les chasseurs tendaient pour capturer le petit gibier, comme le lapin ou le lièvre. Les animaux crédules se laissaient souvent tromper par cette ruse et se retrouvaient prisonniers.
Le terme n'a donc aucun rapport avec les panneaux de signalisation ou publicitaire qui n'existaient pas à l'époque. On peut aussi utiliser, mais plus rarement de nos jours, "donner dans le panneau", comme l'avait écrit Jean de La Fontaine dans sa fable "L'ours et les deux compagnons".
8. Tomber en panne
Lorsqu'un véhicule ne fonctionne plus, on utilise les expressions "tomber en panne" ou "être en panne".
Leur origine est commune et vient du monde de la marine. Au cours du XVIème siècle, les capitaines des navires à voile utilisaient l'expression "bouter le vent en penne" afin d'ordonner aux marins d'orienter les voiles de manière à immobiliser le bateau.
Deux siècles plus tard, cette expression sera abrégée pour devenir "mettre en panne" le voilier. C'est sa popularisation dans le domaine automobile qui y a ensuite associé le verbe tomber.
9. Mettre la puce à l'oreille
L'expression "avoir (ou mettre) la puce à l'oreille" signifie se douter de quelque chose, éveiller la méfiance ou les soupçons de quelqu'un.
Apparue au XIIIème siècle, cette locution a changé de sens, au fil des années. A l'origine, elle faisait référence au désir que l'on pouvait ressentir pour une personne dont on était amoureux. On disait alors, jusqu'à la fin du XVIème siècle, "avoir la puche à l'oreille". Au XVIIème siècle, la dimension érotique a laissé place à l'inquiétude et à l'angoisse, par analogie à la puce, petit parasite qui pouvait se faufiler dans le conduit auditif et dont les morsures provoquaient de fortes démangeaisons.
Aujourd'hui, on a conservé le sens du doute, en référence au soupçon que l'on avait en voyant une personne se gratter frénétiquement.
10. Mener quelqu'un en bateau
Les personnes les plus rusées n'ont aucun mal à "mener quelqu'un en bateau", c'est-à-dire à le duper. Cette expression est née d'une confusion entre les mots "batelier" et "bateleur".
Si le premier désigne bien le pilote d'un bateau fluvial, le second qualifie un saltimbanque du Moyen-Âge. A cette époque, ces bouffons divertissaient les passants grâce à des tours d'adresse. Le terme vient d'ailleurs de l'ancien français baastel, qui signifie "tour de passe-passe". Les amuseurs étaient réputés pour leur habileté à tromper les spectateurs. Au fil des siècles, "bateleur" et "batelier" se sont confondus dans le langage, en raison de leur orthographe très proche.
Lorsqu'un menteur menait une personne naïve dans son bateau, cela voulait donc dire qu'il l'emmenait avec lui, dans son jeu.
Étonnant n'est-ce pas ? Et vous, en connaissez-vous d'autres ?