Kévin, un jeune handicapé moteur, s'est vu refuser l'accès à un magasin avec son chien d'assistance

Alors qu'il se rendait au supermarché, Kévin Fermine, un Toulousain handicapé de 27 ans, a été prié de laisser son chien d'assistance à l'extérieur du magasin pour des raisons « d'hygiène ». Le jeune homme et les associations luttent pour qu'enfin s'applique la loi – qui assure l'entrée aux chiens guide et d'assistance dans tous les lieux publics.

Capture vidéo

La scène suscite l'indignation depuis qu'elle a été postée sur les réseaux sociaux. Kévin Fermine, un Toulousain de 27 ans, est atteint d'infirmité motrice cérébrale. Vendredi 3 août, il entre dans un Carrefour Express de Rangueil, à Toulouse, accompagné de son chien d'assistance, Jumbé. D'emblée, un gérant du magasin l'interpelle : « S'il vous plaît, le chien, vous pouvez le laisser à l'entrée du magasin », lui demande-t-il, en lui proposant de l'aide pour faire ses achats.

« Excusez-moi Monsieur, c'est un chien d'assistance », lui répond alors le jeune homme qui ne se déplace qu'en fauteuil roulant. Dans le même temps, une dame, elle aussi en fauteuil, s'approche et entre dans la discussion. Il s'agit d'Odile Maurin, cofondatrice et présidente de l'association Handi-Social. « Vous n'êtes pas formé pour assister une personne handicapée, c'est son chien qui le fait », rétorque-t-elle. C'est un « magasin alimentaire », se défend le responsable, assurant qu'il est marqué à l'entrée que « les chiens ne sont pas autorisés », notamment pour des raisons « d'hygiène ».

La militante ne se trouve pas là par hasard : l'action était préparée. Une semaine plus tôt, Kevin avait déjà été prié de laisser son chien à l'extérieur de ce même commerce. Un employé avait alors appelé la police en expliquant que le fidèle compagnon risquait de « lécher les légumes » et de « renifler les saucissons », rapporte Le Figaro. Le Toulousain a donc décidé de mener une contre-attaque en revenant sur les lieux et, cette fois-ci, de filmer la scène, dont les images ont été postées sur les réseaux sociaux. « Malgré l’incident de la semaine dernière, vous n’avez donc pas pris le temps de vous renseigner », lance-t-elle au responsable de magasin, comme on peut l'entendre ci-dessous :

Une entrave à la loi

Si cette vidéo fait tant polémique, c'est parce que le jeune homme épaulé par l'animal est dans son bon droit. « Les chiens guides d'aveugles ou d'assistance aux personnes handicapées peuvent pénétrer dans tous les lieux ouverts au public (cinémas, hôtels, maisons d'hôtes, salles de spectacle, salles de sport) et dans les transports (trains, taxis, bus) sans surfacturation, même s'ils sont en formation », explique l'association Handi'Chiens sur son site internet.

Il s'agit là d'un rappel de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, qui dispose que « les magasins qui, par mesure d'hygiène, sont interdits aux animaux, sont également dans l'obligation d'autoriser l'accès des chiens d'assistance accompagnant leurs clients titulaires d'une carte d'invalidité ».

Interloqué par Odile Maurin sur Twitter, Carrefour a depuis présenté ses excuses et reconnu ses torts. Le groupe assure être « engagé depuis plusieurs années en faveur des personnes en situation de handicap », précisant également qu'il emploie plus de 6 500 collaborateurs en situation de handicap. La grande enseigne indique enfin mener « des actions de sensibilisation aussi bien au niveau de ses collaborateurs que du grand public ».

Kévin Fermine a remercié l'enseigne pour son retour et ses excuses, tout en espérant que « ce rappel à la réglementation fasse véritablement avancer le respect de nos droits ». Le jeune homme mène par ailleurs bien d'autres batailles pour faire valoir ses droits. En juin dernier, il a attaqué la SNCF devant le tribunal de grande instance, jugeant « indignes » les conditions de voyage en train des personnes en fauteuil roulant.

Source : Odile Maurin
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