Dans un texte choc publié par le New York Times ce mercredi, un cadre anonyme de la Maison Blanche dresse un portrait cinglant de Donald Trump et sa façon de gouverner le pays. Cette tribune révélée au lendemain de la publication d'extraits d'un livre sur le chef de l'État, le 45e président des États-Unis semble plus que jamais dans la tourmente…
Crédits Gage Skidmore / Flickr
« Je fais partie de la Résistance au sein de l'administration Trump ». Dès le titre, le décor est planté. Dans cette tribune révélée par le New York Times ce mercredi 5 septembre, un membre anonyme de la Maison Blanche, qui officie aux côtés de Donald Trump, part en guerre contre le président américain. Le haut fonctionnaire assure être un « résistant » et lutter de l’intérieur, avec d’autres, contre les « pires penchants » du locataire des bureaux de Washington.
Un deuxième couteau dans le dos pour le dirigeant des États-Unis. Ce témoignage intervient en effet au lendemain de la diffusion d'extraits - tout aussi accablants - de « Fear », l'ouvrage dans lequel le journaliste d'investigation Bob Woodward dévoile les coulisses du gouvernement Trump et évoque un dirigeant « colérique », « paranoïaque », « inculte », et si « instable » que ses collaborateurs doivent le contrôler pour éviter de dangereux dérapages.
Le « Times » a pris la décision « exceptionnelle » de relayer anonymement cet article d'opinion dans ses pages, justifiant son choix par « la mise en perspective importante » que ce témoignage peut apporter à ses lecteurs. « Nous le faisons à la demande de l'auteur, un haut responsable de l'administration Trump dont nous connaissons l'identité mais dont la position sera mise en péril si nous la révélons », note le célèbre quotidien américain en introduction de la tribune.
L'auteur dresse un portrait alarmant du président, décrit comme un personnage « amoral », « dénué de principes », « mal informé », ou encore « impulsif » à l'excès. « Il n'y a absolument aucun moyen de savoir s'il va changer d'avis d'une minute à l'autre », rapporte le « résistant » dans son texte. Des mots qui viennent de la bouche d'un autre haut fonctionnaire exaspéré en sortant d'une réunion lors de laquelle Donald Trump serait revenu sur une décision majeure qu'il avait prise peu de temps avant.
Capture d'écran du New York Times
Ainsi, pour contrebalancer les « pires penchants » de l'homme politique, « une résistance silencieuse » se forme au sein même de l’administration, « rassemblant des gens qui ont choisi de privilégier d’abord leur pays », témoigne l’auteur, avant de rassurer les Américains qui « doivent savoir qu’il y a encore des adultes à bord ».
« Nous pensons que nous avons d'abord un devoir envers notre pays et que le président continue à agir d'une façon néfaste à la bonne santé de notre république, avance le responsable anonyme. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à faire ce que nous pouvons pour préserver nos institutions démocratiques tout en contrecarrant les impulsions les plus malencontreuses de Monsieur Trump jusqu'à ce qu'il ait quitté son poste », ajoute-t-il.
Donald Trump réplique
Le chef de l'État n'a, comme à son habitude, pas manqué de répondre aux mots assassins de celui qu'il a qualifié de « traître » sur Twitter, canal de riposte préféré du 45e président des États-Unis. « Si ce lâche anonyme existe vraiment, le Times ferait mieux de révéler immédiatement son identité au gouvernement au nom de la Sécurité nationale », s'est-il insurgé sur le réseau social.
Does the so-called “Senior Administration Official” really exist, or is it just the Failing New York Times with another phony source? If the GUTLESS anonymous person does indeed exist, the Times must, for National Security purposes, turn him/her over to government at once!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 septembre 2018
Il s'est aussi exprimé sur le sujet dans une vidéo diffusée par son allié de toujours, la chaîne Fox news. « Un jour, quand je ne serai plus le président, ce qui je l'espère arrivera dans six ans et demi, le New York Times, CNN et tous ces médias bidon auront mis la clé sous la porte car ils n'auront plus rien à écrire », a-t-il soutenu, assurant que « personne ne pourrait [le] battre en 2020 ».
The Failing New York Times! pic.twitter.com/SHsXvYKpBf
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 septembre 2018
De son côté, la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders a estimé dans un communiqué, vantant les mérites et le travail accompli par son acolyte Donald Trump, que l'auteur de la tribune était un « dégonflé ». Elle a également appelé celui-ci à « présenter ses excuses » pour son éditorial « pathétique, irréfléchi et égoïste », et surtout, à « démissionner ».
La menace plane-t-elle au-dessus de la tête du président américain ? Face à son « comportement instable », certains membres de la résistance auraient déjà réfléchi « à la possibilité d’invoquer le 25e amendement » pour écarter Donald Trump en le déclarant inapte, mais « personne ne veut précipiter une crise constitutionnelle, rapporte l'auteur. Alors on fait ce qu’on peut pour tenir la barre, jusqu’à ce qu’on en finisse – d’une façon ou d’une autre », conclut-il, laissant ouverte la possibilité d'une destitution.