À 39 ans, Anton Pilipa a déjà vécu plusieurs vies. Originaire de Vancouver, il a été porté disparu en 2012, parti sans argent ni pièces d’identité. Il vient d’être au Brésil après cinq années de vagabondage…
Voilà une histoire complètement incroyable qu’on n’entend pas tous les jours ! En 2012, sa disparition soudaine laisse une famille dans l’inquiétude la plus totale. En effet, il est parti sans avoir apporté quoique ce soit sur lui. Ni argent, ni pièces d’identité, ni vêtements de rechange…
Sa famille a tenté de remuer ciel et terre pour le retrouver mais Anton Pilipa, ancien humanitaire, s’était tout simplement évaporé dans la nature. L’homme souffrait notamment de schizophrénie depuis 2010 et avait commencé à prendre un traitement. Seulement voilà, en 2011, il se retrouve impliqué dans une affaire d’agression à main armée et devait faire face à la justice avant de disparaître…
Ayant abandonné tout espoir de le retrouver, sa famille le pensait mort jusqu’à ce qu’un coup de fil, survenu peu avant les fêtes de Noël en 2016, vienne redonner vie à leurs espérances. La police brésilienne l’a retrouvé par hasard, fin novembre, errant à bord d’une autoroute dans l’état de Rondonia, situé dans l’ouest du Brésil. Impossible à identifier, l’homme était pris pour un mendiant avec son apparence très sale, pieds nus, portant un bermuda et une veste.
Helenice Campos, la policière brésilienne qui l’a retrouvé, canadienne de naissance, l’emmena alors à l’hôpital de Porto Velho. Elle a ensuite réussi à identifier Anton Pilipa après de nombreux appels téléphoniques vers quelques agences internationales et les différentes ambassades.
Elle contacta alors sa famille, en l’occurrence son frère Stefan, qui n’en croyait pas ses yeux : « J’étais choqué… Je ne voulais pas me donner de faux espoirs. Je m’étais dit qu’il était mort, que c’est la seule chose qui pouvait expliquer son absence, mais au fond de moi je ne voulais pas y croire. J’ai passé des années à me poser les mêmes questions : Où est-il ? Que lui est-il arrivé ? Je me sens soulagé de le savoir en vie après tant d’années » dit-il auprès du Daily Mail.
La famille commença à lancer un appel aux dons, via la plateforme de crowdfunding « GoFundMe » afin de le rapatrier au Canada. Seulement voilà, Anton s’échappa de l’hôpital obligeant les autorités brésiliennes à retourner à sa poursuite.
Heureusement, ils ont réussi à la retrouver dans l’état de l’Amazonas, en pleine jungle amazonienne : « C’est la région où se trouvent d’énormes prédateurs comme les crocodiles et les jaguars. On avait vraiment peur qu’il se fasse manger par un de ces animaux » explique Helenice Campos auprès de la chaîne CBC.
Selon Stefan Pilipa, son frère avait une étrange mission : se rendre à la Bibliothèque Nationale de… Buenos Aires, en Argentine ! Et visiblement dès qu’Anton avait atteint son but, on lui refusa l’entrée dans l’établissement par manque de pièces d’identité. Après cela, il a tout simplement continué sa route jusqu’au Brésil. Avant cela, il avait traversé au moins 10 pays, du Canada au Brésil, en passant par les États-Unis, le Mexique, le Guatemala, le Costa Rica, le Panama, la Colombie, le Venezuela et donc l’Argentine.
N’ayant que ses pieds pour moyen de locomotion, Anton s’est également déplacé en stop et aurait voyagé à l’arrière de camions. Au total, il a traversé plus de 10 400 kilomètres. Il aurait expliqué qu’il survivait en faisant cueillant des fruits et des bas et en fouillant les poubelles et décharges pour trouver de la nourriture et des vêtements. Il a aussi pu compter sur la générosité d’autrui à certains moments.
« Je ne me suis jamais senti seul. C’est assez simple de vivre, on n’a pas besoin de beaucoup de choses. Je me sens chanceux d’être encore en vie, je suis vraiment heureux de pouvoir retourner auprès de ma famille » explique-t-il de son côté auprès de la BBC. Stefan avoue avoir été choqué de voir son frère dans cet état, précisant que sa santé mentale semblait décliner lors de son séjour l’hôpital brésilien : « On est allé le chercher juste à temps ».
Enfin rentré au Canada, Anton doit tout de même comparaître pour les charges qu’on lui a assignées. Arrêté dès son retour, il a été relâché sous caution et attend donc son procès. Malgré cette histoire, Stefan pense que le procès n’est pas la réelle raison de la disparition de son frère mais s’il admet que « le timing est suspect ».
Anton vit désormais chez son frère, marié avec un enfant, dans le centre-ville de Toronto. Leur mère, âgée de 65 ans, s’est également présentée pour les retrouvailles. Stefan confie que les nombreux soutiens reçus lui ont réchauffé le cœur : « Les voisins traversent la rue pour nous saluer et prendre des nouvelles. Je reçois même des e-mails de mères ayant un enfant adulte disparu, me disant que notre histoire leur donnait de l’espoir. »
Il espère que son frère puisse s’intégrer de nouveau dans la société, lui qui a vécu comme un vagabond solitaire durant cinq ans. Il le surveille mais ne veut pas l’emprisonner, lui autorisant des promenades : « Il aime marcher, il a besoin de marcher, mais il a des règles à respecter. Il doit être revenu à une certaine heure. On fait ça étape par étape ».
Complètement incroyable cette histoire, n’est-ce pas ?