Les féministes chiliennes ont vécu une journée historique ce mercredi 2 août ! Le Parlement a voté une loi dépénalisant en partie l’IVG (interruption volontaire de grossesse). L’interdiction avait été mise en place avant la fin de la dictature d’Augusto Pinochet, en 1989, avec le soutien de l’Église catholique et des milieux conservateurs.
Le Chili était un des rares pays à interdire totalement le recours à l’avortement, avec des peines allant de trois à cinq ans de prison. Les femmes pourront désormais avorter en cas de viol, si la vie de la femme est mise en danger et en cas de non-viabilité du fœtus.
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Le Sénat a adopté à 22 voix contre 13 un texte acceptable pour les deux chambres du Parlement, établi par une commission mixte et approuvé par les députés quelques heures avant. Ce vote a été salué par la présidente Michelle Bachelet qui en avait fait l’un de ses combats : « Aujourd’hui, nous, les femmes, avons récupéré un droit essentiel que nous n’aurions jamais dû perdre : celui de prendre des décisions lorsque nous vivons des moments de douleur ».
Hoy las mujeres recuperamos un derecho básico que nunca debimos perder: decidir cuando vivimos momentos de dolor. #YoApoyo3Causales
— Michelle Bachelet (@mbachelet) 3 août 2017
Du côté de l’opposition, les parlementaires de droite ont saisi le Tribunal constitutionnel. Ils estiment que le texte porte atteinte au droit à la vie qui figure dans la Constitution. La recevabilité de ce recours sera décidée le mardi 8 août, la sénatrice socialiste Isabel Allende a déclaré à l’AFP : « Cela me fait de la peine que des parlementaires recourent au Tribunal constitutionnel et que ce soient dix personnes qui décident sur ce que nous avons discuté ici depuis plus de deux ans ».
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Cette loi constitue une véritable avancée, alors que les avortements pratiqués clandestinement sont estimés à 120 000 par an au Chili. D’après une enquête, 71 % des Chiliens se déclaraient favorables à la loi, mais seulement 15 % pour une libéralisation totale. Même si la plupart des réactions sont positives, certains, comme le Collectif féministe autonome, applaudissent l’avancée historique mais la jugent insuffisante : « cette loi qui ne concerne que 3 % des femmes qui avortent » et désirent que l'IVG soit autorisée totalement.
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Sauf si le TC annule la décision, cette loi va permettre au pays de ne plus faire partie des pays qui interdisent totalement l’IVG, comme le Salavador ou Nicaragua. Pour revenir à une situation qui existait à partir de 1931, lorsque le pays autorisait l’avortement en cas de danger pour la mère ou de non-viabilité du fœtus.