Après un débat d’une vingtaine d’heures, les députés argentins ont voté en faveur de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) le vendredi 11 décembre. Le texte a été approuvé à 131 voix contre 117 et doit désormais être examiné par le Sénat le 29 décembre.
« Nous écrivons aujourd’hui un nouveau chapitre de l’histoire. Je suis émue par cette avancée collective qui nous appartient à toutes et à tous », a déclaré Elizabeth Gomez, ministre des Femmes, des Genres et de la Diversité sur Twitter.
Hoy escribimos un nuevo capítulo en la historia. El proyecto de Ley de IVE que enviamos al Congreso y que reconoce los derechos de las mujeres y otras personas gestantes tiene media sanción. Me emociona este logro colectivo que es de todas, todes y todos .
— Eli Gomez Alcorta (@EliGAlcorta) December 11, 2020
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Tombé vers 7 heures du matin, le résultat du vote a été accueilli par une foule en liesse à Buenos Aires. Les manifestantes pro-IVG, portant un foulard vert symbole de leur lutte, étaient nombreuses à avoir passé la nuit devant le Congrès dans l’attente du vote.
Un projet porté par le gouvernement
Le projet de loi du gouvernement, qui prévoit d’autoriser l’avortement jusqu’à la 14e semaine de grossesse, a été porté par le gouvernement et le président péroniste Alberto Fernandez. C’est la première fois que l’initiative provient de l’exécutif.
Le président a obtenu le soutien de 131 députés, 117 se sont prononcés contre et six se sont abstenus. « Cette fois, nous avons une chance de faire adopter le projet de loi au Sénat », a expliqué la sénatrice Norma Durango, bien qu’il y ait des indécis, annonçant un vote prévu à la Chambre haute le 29 décembre. En 2018, le Sénat avait rejeté une loi votée par les députés autorisant l’IVG.
Dans la société argentine, qui comprend 45 millions d’habitants majoritairement catholiques et qui est la terre natale du pape François, le sujet divise profondément. Selon une loi en vigueur depuis les années 1920, l’avortement n’est légal qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère.
Debate por el aborto en Diputados: "la marea verde" en el momento de la votación pic.twitter.com/ETAWDJogCL
— Agencia Télam (@AgenciaTelam) December 11, 2020
Les militantes présentes réclamaient un avortement légal, gratuit et à l’hôpital. « Les femmes ont le droit de décider de leur corps, l'Etat doit les protéger. Que les législateurs qui votent contre sachent qu'ils porteront sur leurs mains le sang des femmes qui meurent d'avortements clandestins », a déclaré Melisa Ramos, 21 ans, à l’AFP.
« L'avortement est légal dans les pays occidentaux et dans d'autres pays développés à forte religiosité, comme l'Italie, l'Espagne et l'Irlande. Enfin, nous avançons en Argentine », a déclaré à la télévision le ministre de la Santé, Ginés Gonzalez Garcia.
Entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins chaque année
Si le projet est adopté, l’Argentine pourrait rejoindre l’Uruguay, Cuba, le Guyana et la province de Mexico, les seuls à autoriser l’IVG sans conditions en Amérique latine.
Tous les ans près de 38.000 femmes sont hospitalisées pour complications à la suite d’avortements clandestins. D’après le gouvernement, entre 370 000 et 520 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année en Argentine.
Le projet de loi prévoit une objection de conscience pour les professionnels de santé refusant de le pratiquer, mais ils sont dans l’obligation d’orienter la patiente vers des soins appropriés. Un « Plan des mille jours » a été mis en place pour les familles en situation de vulnérabilité financière, il renforce l’accès aux soins pendant la grossesse et lors des premières années de vie d’un enfant.