Nous savons déjà à quel point Donald Trump est favorable au port d’arme. À la suite de la tuerie du Bataclan de 2015, à Paris, l’actuel président des États-Unis d’Amérique a ainsi pu déclarer qu’il n’y aurait certainement pas eu autant de victimes si celles-ci avaient pu être armées et répliquer, si la France n’avait pas été aussi restrictive quant à l’armement de ses citoyens.
Tandis que la population états-unienne s’est émue du massacre du lycée de Parkland en Floride, que de nombreux Américains se sont débarrassés de leurs armes à la suite de ce monstrueux incident, que des élèves qui ont survécu s’en sont pris directement au milliardaire, remettant en cause les lois sur le port d’arme, le républicain souhaite à présent armer les professeurs pour qu’ils puissent se protéger, et protéger leurs élèves.
Remettre en question la loi sur le port d’arme ? Limiter la vente d’armes aux États-Unis ? Des idées qui ne sont actuellement pas du goût de Donald Trump, qui a préféré davantage attaquer l’instabilité mentale de Nikolas Cruz, responsable du massacre de Parkland, que de s’interroger sur la facilité de l’accès aux armes dans le pays, et leurs répercussions. Rappelons que depuis la tuerie de l’école primaire de Sandy Hook en 2012, plus de 400 personnes ont perdu la vie dans des attaques en milieu scolaire. L’immonde barbarie de Parkland n’a rien d’un cas isolé : il s’agit de la dix-huitième fusillade dans une école aux États-Unis depuis le début de l’année 2018, et la 291e en milieu scolaire depuis le début de l’année 2013.
Le président Obama avait en son temps instauré un « background check », destiné à réguler la vente d’armes en empêchant les personnes mentalement instables de s’équiper pour éviter ce type de carnage, avec un chiffre d’acheteurs potentiels qui se seraient vus refuser l’achat d’une arme estimé à 75 000, grâce à cette mesure qui, pour autant, ne modifiait ni la loi, ni le fameux 2e amendement de la Constitution. Donald Trump se dit aujourd’hui favorable à un renforcement de ce background check en accord avec la National Rifle Association (NRA), l’association protectrice du droit à l’armement aux États-Unis, afin de prévenir l’achat d’armes à feu par des déséquilibrés.
Rappelons que l’assassin de masse de Parkland âgé de dix-neuf ans déjà connu par les services de police s’est procuré son arme semi-automatique en toute légalité, dans le commerce. La NRA insiste toutefois sur le fait qu’il est impensable de relever l’âge légal pour acheter une arme, droit constitutionnel qui ne saurait être altéré à cause de criminels qui feraient payer les pots cassés aux honnêtes gens, selon ses termes.
Comment prévenir d’autres tueries dans des écoles, pour Donald Trump ? En armant les professeurs, qui suivraient une formation leur apprenant à tirer. Ils porteraient ensuite une arme dissimulée sur eux en permanence, de sorte à pouvoir neutraliser quiconque menacerait la sécurité d’autrui. Le président souhaiterait ainsi armer 20% des effectifs pédagogiques, tout en spécifiant que seul les « enseignants sachant manier une arme » seraient concernés. Scott Israel, sheriff qui s’est déjà exprimé suite à la tuerie de Parkland, est en total désaccord avec cette initiative :
« Je ne pense pas que les enseignants doivent être armés. Je pense qu’ils doivent enseigner ».
I’m in total awe of the extraordinary students in Florida. Like every movement for progress in our history, gun reform will take unyielding courage and endurance. But @barackobama and I believe in you, we’re proud of you, and we’re behind you every step of the way.
— Michelle Obama (@MichelleObama) 22 février 2018
Andrew Pollack, père de l’une des victimes du lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland, a pris longuement la parole pour exprimer son désarroi, sa fureur, son désespoir et son incompréhension :
« En tant que pays, nous avons échoué à protéger nos enfants. Cela ne devrait pas se produire. Je suis très en colère ».
L’armement des professeurs sera-t-il vraiment mis en place ? Empêchera-t-il d’autres horreurs ou n’entraînera-t-il que plus de morts ? Des questions qui restent actuellement en suspens alors que les témoignages anti-port d’arme et les appels à un renforcement du background check se font de plus en plus entendre aux États-Unis.