Depuis un mois, le Brésil fait face à une immense galette d’hydrocarbures qui a envahi ses plages sur près de 2000 km dans le nord-est. Encore très peu médiatisé, ce drame évoque aussi l’hypothèse d’un acte délibéré.
Une plage souillée du Brésil. Crédit : AFP/ Reuters
Catastrophes écologiques après catastrophes écologiques, depuis quelques mois, l’Amérique Latine, mais surtout le Brésil, est touchée par des désastres écologiques. Alors que chaque vendredi des milliers de manifestants se réunissent dans les rues du monde entier pour la Marche pour le climat, un drame frappe de nouveau notre écosystème.
En effet, depuis le mois de septembre, le Brésil est ravagé par une nappe d’hydrocarbures qui s’est étendue au bord des côtes brésiliennes du nord-est pour venir souiller ses plages paradisiaques. On compte ainsi 130 plages, toutes très touristiques, touchées par la marée de pétrole. Mais ce qui soulève des questions est bien sûr l’origine de cette galette d’hydrocarbures. Car celle-ci est inconnue. Toutefois, le président brésilien Jair Bolsonaro a affirmé qu’elles provenaient de l’étranger sans pour autant donner de détails, et d’un pays en particulier, sans le nommer non plus.
Depuis, la piste criminelle est privilégiée par le gouvernement et les différentes associations de protection de la nature. Les regards se sont alors tournés vers la société pétrolière brésilienne Petrobras qui a nié les faits. Cette dernière a fait des tests d’analyses qui montrent qu’il ne s’agit pas de leur pétrole qui « n’est ni produit ni commercialisé par l’entreprise », a-t-elle renseigné. On se rappelle tous du drame qui avait frappé l’entreprise en 2001 suite à une série d’explosions de gaz sur leur plateforme P36 et qui avait ensuite affirmé que les dégâts étaient « limités ».
Néanmoins, Bolsonaro, qui s’est rendu sur place lundi 7 octobre, a assuré que « plus de 100 tonnes de pétrole » avaient été nettoyés des plages. Certaines associations se posent maintenant la question de savoir pourquoi le gouvernement a mis autant de temps pour agir. C’est le cas de l’association Tamar qui lutte depuis les années 1980 pour la protection des tortues marines et qui a confirmé qu’elle suspendait dorénavant le lâcher des bébés tortues dans l’océan.
There is oil washing up on more than a hundred beaches in Brazil, impacting nearby marine life and the people who live there. Now is the time to end the age of oil. #PeopleVsOil https://t.co/UeWX1g8xYg
— Greenpeace (@Greenpeace) 7 octobre 2019
« Un crime environnemental »
À prendre trop de retard, la galette est maintenant étendue sur 9 états du pays sur près de 2000km de plage. Pour pallier à « la pire tragédie environnementale » selon l’association Tamar, la société Pétrobras a annoncé participer aux actions de nettoyage.
Samedi 5 octobre, Bolsonaro a donc annoncé qu’il y aurait une enquête rapide « pour établir les causes et déterminer les responsabilités ». Quel que soit la décision du président brésilien, cela ne tient pas pour autant à calmer les ardeurs des scientifiques. « Le gouvernement a mis un temps excessif à réagir. Il est fondamental que les responsables soient identifiés et qu’ils paient pour les dégâts, aussi bien environnementaux qu’économiques », a expliqué le biologiste Mario Moscatelli à l’AFP. Il y voit aussi une série d’épisodes qui pourrait arriver « à nouveau ».
Entre temps, la Police fédérale a annoncé l’ouverture d’un enquête pour « crime environnemental ».
Après la forêt amazonienne, c’est au tour des plages du Brésil et de l’océan Atlantique d’être touchés par une catastrophe écologique. Dans ces deux cas, la piste d’actes criminels est suscitée sans que pour l’instant, rien n’ait été fait pour en rechercher les causes.
Crédit AFP/ Reuters