Il n'a pas inventé l'eau chaude... et pourtant, Jean-Pierre Barre a déposé les brevets d'un procédé qui pourrait rendre totalement obsolète l'usage de certains herbicides !
Le fondateur et gérant d'Oeliatec, une société installée à Saint-Jacques-de-la-Lande en Bretagne, au sud de Rennes, a tout misé sur une manière aussi radicale qu'ingénieuse pour tuer les mauvaises herbes.
Photo d'illustration : Oeliatce
Plutôt que de les intoxiquer avec des produits chimiques nocifs pour l'environnement, il les asperge d'eau bouillante, avec de fines gouttelettes portées à 120°C, et pulvérisées à basse pression.
Résultat : avec le choc thermique, les cellules responsables de la photosynthèse sont détruites , la plante « cuit » jusqu'à la racine comme de vulgaires feuilles d'épinard dans une cocotte-minute, et elle finit par mourir !
Photo d'illustration :Oeliatce
Jean-Pierre Barre est un ancien revendeur de produits phytosanitaires, originaire de Bretagne. Mais, au début des années 2000, alors que la région est confrontée au problème des algues vertes et qu'elle est obligée de restreindre l'usage des pesticides, il se rend compte que l'usage de ces produits chimiques ne constitue pas une solution durable réaliste. Sentant très tôt le vent tourner, il en parle à ses fournisseurs, aux grandes entreprises de la chimie mondiale, mais tout le monde lui rit au nez.
Il se rappelle alors la façon dont ses grands-parents utilisaient l'eau de cuisson des patates pour désherber le jardin, en la versant sur les plantes à éliminer. Une idée germe alors dans l'esprit de cet ingénieur de formation. L'idée en question ? Un réservoir d'eau de récupération, une chaudière qui permet de monter la température et la pression, une douche qui permet de diriger le jet.
Photo d'illustration :Oeliatce
« On me prend alors pour un fou, s'amuse aujourd'hui Jean-Pierre Barre. Les banques ne croient pas au projet. » Pourtant, avec la récente loi obligeant les collectivités locales à se passer de produits phytosanitaires pour désherber, Jean-Pierre Barre avait effectivement visé juste !
Grâce à son procédé aussi simple qu'ingénieux, de l’eau de récupération ou encore de l’eau de forage peut être utilisée, ce qui évite de gaspiller de l'eau potable. Aucun additif n’est ajouté à l’eau utilisée pour désherber, et seuls 3 à 4 passages suffisent dans l'année, ce qui s'avère donc très efficace et rentable en plus d'être écologique.
Photo d'illustration :Oeliatce
De prototypes en prototypes, il finit par vendre sa première machine en 2007. En 2010, il monte formellement son entreprise, baptisée Oeliatec, et s'installe dans un petit atelier. D'abord seul, il finit par embaucher un assistant, puis un deuxième, qui deviendra son associé.
L'idée séduit les collectivités, qui sont de plus en plus nombreuses à lui commander son système !
Photo d'illustration :Oeliatce
Aujourd'hui, Oeliatec compte 30 salariés. Après avoir connu une croissance spectaculaire (de 800 000 € de chiffre d'affaires en 2014 à 4 millions d'euros en 2017 ), elle se considère aujourd'hui comme le leader européen du désherbage à eau chaude ( devant des géants comme Kärcher, qui commencent eux aussi à s'engouffrer dans la brèche)
Les désherbeuses à eau chaude sont surtout utilisées pour les travaux paysagistes ou l'entretien des villes. Mais cette année, l'entreprise veut se lancer sérieusement sur le marché agricole, avec des machines adaptées pour remplacer les pesticides dans les champs. Les appareils seront spécialement conçus pour être utilisées par les arboriculteurs, les viticulteurs, ou encore les maraîchers.
Photo d'illustration :Oeliatce