Un ingénieur algérien cultive le désert pour remédier à la malnutrition de son pays

En utilisant le procédé d’hydroponie, cet ingénieur algérien cultive du fourrage pour nourrir le bétail. Son initiative est financée par l’ONU pour que cette technique soit utilisée à grande échelle.

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Taleb Brahim est ingénieur agronome et vit dans un camp de réfugiés situé au sud-est de l’Algérie. Depuis plus de dix ans, il s’intéresse au procédé « d’hydroponie » qui consiste à faire pousser des fruits, des légumes ou même du fourrage en remplaçant la terre par d’autres composés tel que de la laine de roche, des billes d’agiles ou dans le cas précis du Sahara, du sable. Au commencement, il cultivait quelques tomates et choux-fleurs dans une petite hutte au fond de son jardin et maintenant, il voit ses cultures se multiplier.

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L’ONU, intéressée par l’initiative de Taleb Brahim, a décidé de financer l’ingénieur dans ses avancées agricoles. Résidant dans un camp de réfugiés, il avait présenté son projet « Cultiver dans le désert » au WFP Innovation Accelerator boot camp à Munich en 2017. Il en a remporté le premier prix du jury.

« Le PAM ( Programme alimentaire mondial des Nations Unies) veut améliorer la sécurité alimentaire des ménages et leur donner un meilleur accès à la viande et au lait de chèvre. Notre objectif aussi est de leur donner des opportunités pour la création de l’emploi » explique Romain Sirois un des représentants du PAM en Algérie au Figaro.

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Après avoir signé un accord avec une entreprise algérienne, l’ONU a installé des unités conteneurisées, en plus de celles fabriquées sur place pour permettre aux populations de produire du fourrage.

« L’unité conteneurisée peut produire jusqu’à 100 kg de fourrage vert par jour, ce qui est suffisant pour nourrir une vingtaine de chèvres alors que l’unité fabriquée localement en produit 60 kg » affirme Romain Sirois.

L’initiative de Taleb Brahim passe du fond de son jardin à une échelle bien plus grande.

La famine en Afrique

Ce projet pourrait devenir une solution sur le long terme pour remédier aux famines qui saisissent le continent. Pour le bétail ou pour nourrir les populations, le désert n’est pas une terre d’agriculture. Il y est difficile pour les habitants de cette région de subvenir à leurs besoins.

Crédits: World Food Programme Insight

Selon l’Organisation des nations unies, 20,8 % de la population en sous-alimentation avait été recensée. Un an plus tard, 22,7 % de la population en Afrique souffrait d’une sous-alimentation chronique, soit 224 millions de personnes sur le continent. Une augmentation logique en ces temps de réchauffement climatique. Dans les camps de réfugiés du Sahara où 173 000 personnes y vivent, le taux de malnutrition atteint près de 40 % de la population et touche en grande partie les enfants et nouveau-nés.

Le projet de Taleb intéresse même d’autre pays du Sahel en passe à une famine depuis plusieurs années. « On a eu une visite d’un représentant du Tchad, et Oxfram est en discussion pour essayer de voir si le projet pourrait être répliqué au Mali et au Niger. C’est intéressant pour nous, on se sert de l’expérience pour permettre à d’autres populations de bénéficier de la même technologie » se réjouit le représentant de PAM.

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