À l'aide d'une technologie de scannage, des chercheurs ont découvert la présence d'un « grand vide » inexploré, caché dans la pyramide de Khéops

C'est peut-être bien une découverte historique qui vient tout jute d'être faite, et qui concerne la Grande Pyramide de Khéops, en Égypte —la première des sept merveilles du monde antique, et la seule ayant réussi à traverser les âges pour survivre jusqu'à nos jours. Le célèbre monument a beau avoir été maintes fois étudié, scruté en long en large et en travers, il n'empêche qu'il recèle encore de nombreux mystères qui perturbent toujours autant les archéologues.

Rien que sa construction relève en elle seule de l'énigme : comment une telle structure a-t-elle pu être érigée avec les moyens de l'époque ? Vous imaginez donc aisément la tête des chercheurs qui, pensant résoudre ce premier problème, se retrouvent soudainement confrontés à un tout nouveau mystère. 

En effet, le programme ScanPyramids, qui avait à l’origine été mis sur pied pour tenter de mieux comprendre les moyens mis en œuvre pour construire la pyramide, a découvert une tout autre chose. En passant le monument au crible grâce à une technologie qui utilise des particules issues de rayons cosmiques, les muons, ils se sont rendu compte qu'il existait un vide énorme, encore inexploré, juste à côté de la grande galerie menant à la chambre du roi !

Depuis quarante-cinq siècles, le tombeau cachait en son ventre cet espace, gros comme « un avion de 200 places en plein cœur de la pyramide ». Et personne n'aurait découvert l'entrée y conduisant...

SCAN PYRAMIDS MISSION

Des particules interstellaires

Pour explorer le monument en utilisant des méthodes non-invasives, sans avoir à percer le moindre trou, la mission ScanPyramids emploie la thermographie infrarouge (qui fait appel à des mesures de chaleur) et à la muographie.

Cette deuxième méthode est beaucoup moins connue : elle fait appel aux muons, des sortes d'électrons supermassifs qui sont issus des rayons cosmiques — des radiations venues de l'espace interstellaire. Ces particules bombardent régulièrement la Terre, et ont la particularité d'être très pénétrants : ils sont capables de traverser de nombreuses couches de matériaux avant d'être finalement absorbés.

Des récepteurs ont donc été placés dans la pyramide, au niveau de la chambre de la Reine (située sous la grande galerie de la chambre du roi) et avaient pour mission de mesurer les muons parvenant jusqu'au cœur de l'édifice à travers la pierre. En effet, si une cavité se trouve sur la trajectoire des particules, l'instrument détectera un surplus de muons, trahissant  la présence d'un espace vide. C'est exactement ce qui s'est produit, et qui a mis la puce à l'oreille aux chercheurs de ScanPyramids.

La nature exacte du vide discutée

Pour l'instant, les chercheurs restent extrêmement prudents et refusent pour l'heure d'évoquer une possible pièce cachée, ou la présence d'une troisième chambre secrète. Dans leur étude, dont les résultats ont été publiés ce jeudi 2 novembre dans la revue Nature, ils s'en tiennent à leurs certitudes.

Comme l'explique Mehdi Tayoubi, codirecteur de la mission ScanPyramids, dans l'article, la pyramide est un monument si mythique et mystérieux que l'on est très facilement tenté d'avancer toutes sortes d'explications attrayantes, au risque de se détacher de toute rigueur scientifique. 

« Notre but consiste à chercher des cavités avec le taux de certitude très élevé des physiciens des particules, mais ce n’est pas à nous d’interpréter ce dont il s’agit, » explique-t-il sobrement.

Cependant, il semble que l'on peut déjà éloigner la piste d'une erreur liée à des interstices entre les blocs, à la porosité des matériaux, ou tout autre cause ''accidentelle'' : « Les pyramides n'ont pas de grands vides comme cela. Quelques centimètres, un ou deux mètres ici ou là, peut-être, mais d'un point de vue structurel, un grand vide au-dessus de la grande galerie n'est pas dû à la porosité », affirme le professeur Hany Helal, de la faculté des ingénieurs de l'université du Caire.

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Reste à connaître la nature exacte de ce vide. S'agit-il d'une seule grande pièce ? De plusieurs petites salles ou encore d'un grand couloir ? Il pourrait par exemple s'agir d'une deuxième « grande galerie », comme le gigantesque couloir de 8 mètres de haut et 47 mètres de long qui mène à la chambre royale : en effet, le vide découvert a des dimensions similaires... Mais dans ce cas, où serait l'entrée de cette galerie ? Et surtout, vers où conduirait-elle ? 

« Nous savons que ce grand vide a les mêmes caractéristiques que la grande galerie », rapporte encore Mehdi Tayoubi. « Il a la même section transversale, et fait 30 mètres de long. Nous ne savons pas s'il est horizontal ou incliné, s'il est fait d'une structure ou de plusieurs structures successives. Il nous faut mieux comprendre ce vide, peut-être que des égyptologues ou des spécialistes de l'architecture ancienne nous apporteront des hypothèses. »

Il ne reste donc plus qu'à découvrir l'origine de ce mystérieux vide... En attendant, nul doute que les passionnés de mystères et autres Indiana Jones amateurs s'en donneront à cœur joie !

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