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La jeune Elisabeth a été présentée au baron Ferenc Nádasdy à l’âge de 10 ans pour se marier avec lui cinq ans plus tard lors d’une réception somptueuse. Dans la foulée, son mari lui offrit un château dans les Carpates, à Čachtice. Le baron était bon guerrier et commandant en chef des troupes locales hongroises. Souvent absent, il laisse à sa jeune femme la gestion des affaires du domaine. La comtesse et le baron formaient un duo très influent, notamment grâce à la bonne éducation qu’ils avaient reçue. Beaucoup de lettres de la comtesse ont été retrouvées en allemand, latin, grec et dans sa langue maternelle bien sûr. Pendant les missions de son mari à l’extérieur, elle a su s’occuper des terres aussi bien que des comptes. Dans les dossiers d’archive, il est même souligné qu’elle a fait preuve de clémence et de générosité en fournissant un refuge pour des veuves de guerre démunies et qu’elle défendait également les droits des femmes locales en fournissant une éducation à des dames de l'aristocratie.
Les déplacements répétés du baron perturbèrent cependant la vie amoureuse du couple. Elisabeth tomba enceinte 10 ans après leur mariage, et eu une fille. Dans les années qui suivirent, elle donna naissance à une fille et un garçon mais tous deux meurent en bas âge. Elle enfantera malgré tout de deux autres enfants, une fille et un garçon.
La mort du baron et le début des problèmes
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Les causes de la mort de Ferenc (illustration ci-dessus) sont assez obscures. Même les historiens ne sont pas d’accord. Mais l’hypothèse la plus citée serait qu’après avoir perdu l’usage de ses jambes à la suite d’une blessure, le baron décède en 1604 laissant Elisabeth, son immense fortune et ses affaires au bon soin de György Thurzó, gestionnaire du domaine, palatin (sorte d’intendant, ndlr) de Hongrie. Elle devint l’une des femmes les plus influentes du pays, faisant d’elle une cible pour l’empereur endetté Matthias Ier du Saint-Empire et de nombreux aristocrates véreux. À la suite de la mort de son mari, des rumeurs sur la comtesse ont commencé à se répandre. Les racontars ont pris tellement d’ampleur qu’en 1610 l’empereur de Hongrie lui-même a ordonné qu’une enquête soit ouverte. Et surprise, c’est György Thurzó, le gestionnaire du château, qui a été nommé pour la diriger.
Plus de 300 personnes témoignent contre Elisabeth, dans un procès truqué
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Les actes de violence que la commission d’enquête a trouvés sont plus abjects les uns que les autres. Assassinats d’innocents, passages à tabac, expositions au froid, dénutritions, enlèvements et tortures de jeunes filles de toutes les classes sociales, sévices sur les serviteurs, multiples cas de supplices comme des lapidations, des brûlures et morsures… Certains parents ont même raconté qu’ils avaient vendu leur enfant à Elisabeth pour satisfaire ses penchants malsains. D’autres disaient que ses gardes patrouillaient dans les villages à la recherche de jeunes adolescentes.
Au total, elle aurait fait plus de 650 victimes ! Bon à savoir : toutes les informations recueillies durant le procès ont été prises sous la torture ou la menace de torture.
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Le 30 décembre 1610, la comtesse et quatre de ses fidèles serviteurs furent arrêtés dans l’attente d’un procès. À la suite du jugement qui eu lieu le 2 janvier 1611 composé d’un tribunal de 20 juges où l’empereur de Hongrie en personne participa, la tête d’Elisabeth fut sauvée par un complot entre son fils et Thurzó. L’empereur, qui convoitait toutes les terres du château, a alors vu sa dette de guerre annulée. Et les deux comploteurs se partagèrent le domaine. Elisabeth resta cloîtrée dans une chambre du château d’où elle ne sortit jamais et mourut dans son sommeil 4 ans après, laissant un testament dans lequel elle léguait la totalité de ses biens à l’un de ses fils. Quant aux quatre serviteurs, ils furent tous torturés. Les sentences furent différentes pour tous les serviteurs en fonction de leur implication dans les soi-disant « crimes commis ». Deux des serviteurs ont eu les doigts coupés à l’aide d’une cisaille, avant d’être brûlés vivants, un a été décapité et un autre, emprisonné à vie.
La beauté du diable, une légende sanguinaire
La légende raconte que Thurzó aurait vu la comtesse se baigner dans un bain composé exclusivement du sang des jeunes filles qu’elle torturait comme élixir de jouvence. De là s’ensuivit une incroyable histoire où sang et beauté se mêlent. Très belle, la comtesse aurait eu un penchant accentué pour le sexe, comptabilisant moult amants et amantes. L’histoire fait d’elle la personnification du mal, la femme de Dracula, la pécheresse vicieuse et satanique. À base de tortures sur les humains et les cadavres, tout était bon dans sa quête de la jeunesse éternelle.
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Au coin du feu, pour effrayer petits et grands, ses frasques lugubres ne sont jamais loin pour enflammer les peurs. Actuellement, aucune preuve ne vient confirmer ou infirmer la thèse comme quoi elle était une tueuse en série sanguinaire. Ou la victime d’un immonde complot politique.