Une frontière traversée par des… balançoires sur lesquelles jouent des enfants de deux pays en froid. La scène se déroule quelque part entre les États-Unis et le Mexique et c'est la belle image du jour.
Symbole de la politique anti-migratoire en vigueur aux États-Unis, depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le mur de barrière érigé à la frontière américano-mexicaine se retrouve de nouveau au cœur de l’actualité.
Mais, une fois n’est pas coutume, si la presse évoque aujourd’hui cette démarcation de tôle et d’acier, qui symbolise la séparation et l’isolement, ce n'est pas pour son rôle géopolitique mais au contraire pour sa capacité insoupçonnée à inciter au rapprochement des peuples.
Trois balançoires roses ont ainsi été installées à travers les barreaux étroits de l’édifice, permettant ainsi aux enfants des deux pays de jouer et communier ensemble, de part et d’autre de la frontière qui sépare les villes de Ciudad Juárez (Mexique) et Sunland Park (Nouveau Mexique, États-Unis).
C’est là tout le paradoxe de ce « mur de la honte » comme le surnomment ses détracteurs. Car en séparant deux communautés voisines liées - qu’elles le veuillent ou non - par une histoire commune, il produit manifestement l’effet inverse que celui escompté. Et qui de mieux que des enfants pour incarner cet improbable rapprochement.
C’est à l’initiative de Ronald Rael et Virginia San Fratello, deux professeurs californiens qui officient respectivement sur les campus de Berkeley et San José, que ces balançoires ont été installées.
Il s’agit d’un projet sur lequel ces deux universitaires reconnus travaillent depuis 10 ans, soit peu de temps après l’édification de cette frontière physique.
« Le mur est devenu un véritable pivot dans les relations entre les États-Unis et le Mexique »
Il faut savoir en effet que, contrairement à l’idée reçue, la décision d’ériger un mur entre les deux pays n’a pas été décidée par l’administration de Donald Trump, mais durant le second mandat de Georges W. Bush.
Tout un pan de ce dernier a d’ailleurs été construit dès 2006. Entretemps, des extensions et autres élévations sont venues compléter l’édifice.
Souhaitant durcir la politique migratoire des États-Unis, l’actuel président américain, alors en campagne, avait fait part en 2017 de son souhait d’étendre le mur et a, depuis son arrivée au pouvoir, pris des mesures en ce sens.
C’est donc en riposte à ce projet politique de longue date que Ronald Rael et Virginia San Fratello ont eu l’idée d’installer ces balançoires, à cheval sur les deux pays. Et voir ce projet aboutir est la plus belle des récompenses pour les deux professeurs.
C’est « l’une des expériences les plus incroyables » a ainsi confié le premier, qui s’est dit « rempli de joie et d’excitation » sur son compte Instagram.
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« Le mur est devenu un véritable pivot dans les relations entre les États-Unis et le Mexique, les enfants et les adultes étaient connectés de façon profonde de chaque côté de la frontière, avec la reconnaissance que ce qui se produit d’un côté a des répercussions de l’autre », a-t-il ajouté.
L’initiative a beaucoup été commentée sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont salué ce geste de rapprochement anodin mais ô combien symbolique.
Par ailleurs, les nombreuses photos et vidéos montrant les enfants mexicains et américains jouant sur ces balançoires ont été relayées des centaines de milliers de fois sur Instagram et Twitter.
Ou quand l’innocence des enfants dénonce l’absurdité d’un système…