Il y a des milliers d’années, à l’époque où les premières villes sortaient de terre en Mésopotamie, la gestion et les systèmes de circulation de l’eau étaient déjà des enjeux importants pour subvenir aux besoins de la population. Pour cela, chacun avait sa méthode. Les Romains par exemple, construisaient de grands aqueducs tandis que les Grecs utilisaient la pression de l’eau. Et ils n’étaient pas les seuls. En effet, des chercheurs viennent découvrir que les Mayas avaient également mis au point un système de filtration révolutionnaire.
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Bien qu’ils soient plus connus pour leurs pyramides en escaliers que pour leurs innovations en termes de gestion de l’eau, les Mayas ont surpris la communauté scientifique mondiale grâce à une de leur réalisation.
Cette dernière, particulièrement sophistiquée, a été révélée au grand jour par une équipe de l’université de Cincinnati et expliqué en détail dans un article publié dans la prestigieuse revue spécialisée Scientific Reports.
Pour l’occasion, le site qui a attiré l’attention des scientifiques est l’ancienne cité de Tikal, située au cœur des forêts tropicales du nord du Guatemala. Elle aurait été édifiée au Ier siècle après Jésus Christ avant de prospérer entre 200 et 850 après JC, avant d'être abandonnée.
Parmi ses célèbres ruines, on trouve la gigantesque pyramide cérémonielle du Monde perdu et le temple du Grand Jaguar. Mais ce qui nous intéresse davantage, c’est l’incroyable système de filtration dont était équipé le réservoir Corriental (l’un des dix destinés à alimenter la ville en eau) et qui semble encore fonctionner aujourd’hui.
En effectuant des prélèvements de sédiments sur le site, l’équipe s’est rendue compte que du quartz et de la zéolithe y avait été déposé par l’Homme sous forme de couches bien distinctes et leur datation au carbone 14 (entre 2 185 et 965 ans avant notre ère) a permis de dire qu’il s’agissait bien des Mayas.
Crédit : Kenneth Barnett Tankersley / Scientific Reports
Crédit : Kenneth Barnett Tankersley / Scientific Reports
Un système de filtration de l’eau encore efficace aujourd’hui
Si la découverte de ces deux minéraux dans le sol du réservoir a surpris les scientifiques, c’est parce qu’aujourd’hui encore, ils font office de principaux composants des systèmes de filtration moderne que nous connaissons en 2020. Le silicium et l'aluminium aident à nettoyer l'eau de nombreux microbes et autres toxines.
Quant au quartz, il permet piéger les métaux lourds et les composés azotés, mauvais pour le corps humain. Mais alors, comment une civilisation si ancienne pouvait déjà avoir connaissance de telles propriétés ? La question se pose. Selon plusieurs spécialistes, le quartz et la zéolithe présents dans le réservoir Corriental proviennent d’un volcan localisé à une trentaine de kilomètres de Tikal.
Les Mayas les auraient alors rapportés à travers des tonnes de sable récupérées sur place et transporté jusqu’à leur réservoir après avoir remarqué que l’eau autour du volcan était plus claire et avait moins de goût que dans les autres sources des environs.
En effectivement, les chercheurs venus de l’Ohio ont pu constater par eux-mêmes que les Mayas ont du flair puisque leur trouvaille a bel et bien marché. Si les neuf autres réservoirs aux alentours présentaient tous des traces de mercure, celui de Corriental était totalement vierge de cette substance.
« Les anciens Mayas vivaient dans un environnement tropical et devaient être des innovateurs. C'est une invention remarquable » a confié Kenneth Barnett Tankersley, directeur de l’étude qui a permis cette découverte historique.
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