Il faut sauver Maurice, le coq de l'île d'Oléron ! C'est le titre d'une pétition qui a déjà recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures. En effet, les voisins de Maurice veulent sa peau. Motif : l'animal les réveille beaucoup trop tôt, eux qui ont récemment fait construire une résidence de vacances à côté de son poulailler.
« J'habite et je suis née à l'île d'Oléron. Depuis toujours, nous avons eu un poulailler, bien avant qu'une résidence se construise derrière notre mur, a expliqué Corinne Fesseau, la propriétaire de Maurice. Depuis une dizaine d'années, deux maisons se sont également accolées derrière notre mur. Sur les deux voisins, un seul (qui ne vient que trois fois par an) ne supporte pas d'entendre le chant de notre coq. »
Corinne Fesseau/ Photographie Facebook
Tous les matins, à Saint-Pierre d'Oléron, Maurice se campe fièrement sur ses pattes et chante à pleins poumons le lever du jour nouveau. Ce joli coq de Marans de deux ans vit en compagnie de sa maîtresse, Corinne Fesseau, elle aussi chanteuse de métier, qu'on surnomme d'ailleurs là-bas la «Piaf d'Oléron ».
Un coq qui chante dans une petite commune de campagne, au fond, rien de bien anormal de prime abord. Oui, mais voilà : depuis quelque temps, des vacanciers récemment installés dans la région veulent clouer le bec à l'auguste gallinacé, ne supportant pas d'être réveillés au point du jour par les vocalises de l'animal !
Les voisins en question, propriétaires d'une résidence secondaire récemment construite sur le terrain situé derrière le mur de la maison de Corinne Fesseau, ne viennent à Oléron que trois fois par an, selon cette dernière. Qu'importe : le chant du coq les gêne, et ils sont prêts à monter eux aussi sur leurs ergots pour le faire savoir !
Après avoir envoyé une première plainte en mai, après être revenus plusieurs fois à la charge en juillet, ils la menacent désormais de poursuites en justice si elle ne trouve pas « une solution » dans les quinze jours, par le biais d'une lettre recommandée envoyée par un conciliateur juridique. La missive cite plusieurs articles de loi, références à l'appui... et fait valoir qu'en les empêchant de dormir, le coq « met en danger leur santé » !
Publié par Corinne Fesseau sur lundi 17 juillet 2017
Pourtant, Corinne Fesseau avait bien tenté d'apaiser les esprits et consenti à faire des efforts pour arranger ces voisins ! La chanteuse a ainsi calfeutré le poulailler pour empêcher la lumière du jour de passer, n'ouvrant la porte qu'à 8h30 pour habituer Maurice à décaler un peu l'heure du réveil. Mais l'horloge biologique de l'animal, qui le tire du lit dès 6h30 du matin, est tenace. Pour diminuer le bruit, s'inspirant de la technique utilisée pour insonoriser les studios de chant, elle a même créé une isolation phonique de la maison de Maurice, en garnissant les parois du poulailler de boîte d'œufs en carton (un comble !).
Las, malgré toute la bonne volonté du monde et en dépit des tentatives de la maîtresse de Maurice, les voisins semblent déterminés à lui voler dans les plumes. Alors, en désespoir de cause, Corinne Fesseau a lancé une pétition pour sauver son coq, recueillant à ce jour plus de 30 000 signatures. Elle a même organisé une marche avec Maurice à travers le village ! Depuis, les voisins n'ont plus donné signe de vie, pour l'instant tout au moins.
« Il y a trop de gens qui viennent en vacances et se plaignent du bruit des vaches, des chiens, des grenouilles, des cloches, ce n'est pas normal, ces bruits étaient là avant eux, ils doivent les accepter, » s'indigne la chanteuse. Elle est rejointe par Christophe Sueur, le maire de Saint-Pierre d'Oléron, qui se dit prêt à poser au besoin un arrêté municipal pour sauver la tête de Maurice, « Ce serait certainement une première, s'amuse-t-il, mais ici je considère qu'on est dans un tissu rural, le chant du coq fait partie de ces éléments, je protégerai le coq pour défendre notre façon de vivre, tout simplement »
L'histoire n'est pas sans rappeler un événement similaire survenu il y a quelques mois, lorsqu'un éleveur de vaches du Cantal s'était vu contraint de déménager sa ferme au motif que ses voisins, un couple de retraités récemment installés, n'arrivaient pas à se faire à l'odeur de ces animaux.