« The World » : ce gigantesque archipel artificiel a coûté 11 milliards d'euros, il est aujourd'hui à l'abandon

Parmi la multitude de projets pharaoniques en cours à Dubaï, il en est un qui reste au point mort malgré la fortune colossale qu'il a coûtée. 

Tout le monde le sait, Dubaï est un immense eldorado où les riches investisseurs peuvent s'offrir à peu près tout ce qu'ils veulent.

Ceux qui veulent à tout prix faire du petit émirat du Golfe la vitrine du faste et de la richesse infinie se permettent en effet quasiment toutes les fantaisies, car rien ne leur semble impossible.

Seulement voilà, le risque quand on ne se fixe aucune limite, c'est d'avoir les yeux plus gros que le ventre. Et à Dubaï, peut-être plus qu'ailleurs, les projets sont parfois si démesurés qu'ils ne peuvent être menés à terme. Et lorsque cela arrive, mieux vaut savoir rebondir, car la chute peut être aussi vertigineuse que les sommes investies au préalable.

Où en est le projet « The World », à Dubaï ?

C'est notamment le cas pour le projet pharaonique baptisé « The World ». Jamais véritablement concrétisé, celui-ci illustre à merveille les limites de la démesure des Dubaïotes à tel point qu'il fait presque figure aujourd'hui de cimetière de l'ubris.

The World, vu du ciel. Crédit photo : Wikimedia Commons

Ayant coûté la bagatelle de 11 milliards d'euros, cet archipel artificiel de 260 îles, qui représentent la Terre et ses continents (d'où son nom), serait ainsi à l'abandon. C'est du moins ce que montre une vidéo publiée en fin d'année 2023 par la chaîne YouTube Top Luxury, qui classe les « mégaprojets les plus inutiles du monde ».

Cette vidéo, visionnée par près d'un million de personnes, montre ainsi que la plupart des îles - toutes suffisamment grandes pour accueillir des manoirs, hôtels de luxe et autres villas de rêves - sont... désertes.

Pourtant, on promettait d'y implanter de fabuleux projets, tous aussi fous les uns que les autres. Mais finalement, rien de concret n'a abouti.

Crédit photo : Top Luxury / YouTube

Il existe bien une poignée de bâtiments, notamment des clubs de plage touristiques ou encore des restaurants, mais c'est trop peu pour espérer un retour sur investissement. De plus, ces établissements coûtent cher à entretenir, car ils fonctionnent grâce à des générateurs, dont le carburant doit être acheminé en bateau au quotidien depuis le port le plus proche, situé à 4 kilomètres de là. En outre, aucune source d'eau potable, ce qui n'arrange rien.

Pire encore, selon des rapports, le sable qui fut transporté pour créer les îles artificielles, s'érode avec le temps et menace l'existence même de ces dernières.

Crédit photo : Top Luxury / YouTube

Une situation qui fait dire au magazine Elite Traveller que l'archipel est « ville fantôme sablonneuse ». La chaîne Top Luxury va encore plus loin et classe « The World » au premier rang du classement des « mégaprojets les plus inutiles du monde ».

Ou quand la folie des grandeurs se heurte à la réalité.

En comparaison, de nombreux autres projets de construction se révèlent tout aussi inutiles que « The World». Elite Traveler cite également l'aéroport Mirabel, qui n'est autre que le plus grand aéroport du monde. Construit au Canada en un temps record de 5 ans pour la somme de... 500 millions de dollars, il avait pour objectif de faire transiter tous les voyageurs du pays et désengorger les autres aéroports locaux.

Crédit photo : Google

Malheureusement, le manque d'argent n'a pas permis de mettre en place des moyens de transports fiables pour y accéder, si bien qu'il n'est aujourd'hui utilisé que pour le fret aérien et les écoles de pilotage. Un autre gâchis monumental.

Aérogare inutilisé de l'aéroport international Montréal-Mirabel. Crédit photo : Yvan Leduc


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Au sujet de l'auteur : Mathieu D'Hondt

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.