Pour cela, le texte s’appuie en partie sur le principe de « consentement présumé », inscrit dans la législation française depuis la loi Cavaillet de… 1976. En théorie, depuis cette date, tout défunt est considéré comme donneur, sauf s’il a été inscrit sur au registre national des refus de son vivant. Mais malgré ce texte pourtant très clair, en pratique, les médecins commencent toujours par demander aux proches ce qu’ils veulent faire. Une étape lors de laquelle 32% des familles concernées décident de ne pas effectuer de don.
Dorénavant, le corps médical n’aura plus l’obligation de demander l’avis de la famille. Résultat : celui ou celle qui ne s’est pas inscrit(e) au registre national des refus de son vivant verra ses organes greffés, destinés à d’autres patients. Ainsi, la décision sera instantanée et permettra de gagner du temps. En mettant en place une telle mesure, le gouvernement espère augmenter le nombre de donneurs, et donc la possibilité de sauver plus de malades pour qui l’attente de greffon disponible est insupportable.
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L’Ordre des Médecins s’y oppose
Mais tout n’est pas aussi simple. En effet, l’Ordre des Médecins n’est pas vraiment convaincu des bienfaits de cette réforme. L’organisme professionnel, administratif et juridictionnel de défense et de régulation de la profession médicale estime que ce nouveau texte de loi exclut la famille et réduit le processus de dialogue entre les deux parties (famille et médecins, ndlr). Pire encore, la Fédération des associations pour le don d’organes et de tissus humains (France ADOT) redoute « une méfiance des familles et la remise en cause de la volonté d’être donneur chez nombre de nos concitoyens. »
Entre l’Ordre des Médecins et le gouvernement de François Hollande, ce sont deux théories diamétralement opposées qui se tiennent tête. Il faudra donc attendre plusieurs mois voire plusieurs années pour savoir laquelle se rapproche le plus de la vérité du terrain.
@media
En France, en 2015, 5 746 greffes ont été réalisées. Un chiffre qui constitue une « bonne » année. Problème, le pays compte actuellement plus de 20 000 patients en attente de recevoir la leur. Un déséquilibre gigantesque entre l’offre et la demande qui a des conséquences dramatiques. Sur cette même année 2015, 533 personnes sont décédées faute d’avoir reçu un organe à temps. Preuve que même si, en quinze ans, le nombre de donneurs a presque doublé, il faudra encore beaucoup de temps et de solidarité pour pouvoir soigner tout le monde.