En Afrique centrale, les Chinois ont pris le contrôle sur le trafic d'ivoire

Une nouvelle étude, menée par l’ONG Traffic, montre que les trafiquants asiatiques ont pris le contrôle total du commerce illégal de l’ivoire, en Afrique centrale. Publiée ce jeudi 7 septembre, elle montre que les Chinois gèrent le trafic des forêts jusqu’à leurs boutiques, où ils revendent leurs produits.

Alors qu’entre 2002 et 2011 le nombre d’éléphants a baissé de plus de 60 %, les trafiquants se sont implantés au fur et à mesure dans les réseaux. Et aujourd’hui, soit ils contrôlent intégralement tous les rouages de ces entreprises, soit ils remplacent ces réseaux.

Crédit photo : TRAFFIC

L’enquête, qui a été menée en Centrafrique, au Cameroun, Gabon, Congo et République démocratique du Congo s’est faite sur deux périodes, entre 2007 et 2009 puis entre 2014 et 2015. Stéphane Ringuet, qui est l’un des auteurs de l’étude affirme qu’à « l’exception de Kinshasa, nous avons constaté une disparition quasi totale des marchés locaux où se vendaient l’ivoire. Mais le trafic n’a pas disparu, il a simplement basculé dans la clandestinité ».

Crédit photo : TRAFFIC

Cette diminution du commerce s’explique en raison de l’adoption de plusieurs lois réprimant la vente ou l’augmentation des contrôles. Mais la principale raison est due à l’arrivée des Chinois sur ce trafic, et de leur mainmise progressive qui est maintenant totale. De fait, l’étude rapporte que certains sculpteurs n’ont plus les moyens pour s’approvisionner, et ce à cause de la très forte augmentation des prix, notamment en RDC entre 2009 et 2015, qui sont passés de 145 à 500 $ (121 € à 418 €).

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Leur prise de pouvoir est due à un fort investissement, avec la création d’ateliers avec des artisans chinois qui produisent des objets pouvant satisfaire les besoins de la population : « Avant, le trafic de l’ivoire servait un marché domestique qui alimentait une économie locale. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où les acteurs africains ont tendance à être court-circuités. La plus-value financière de ce trafic revient certainement davantage aux Asiatiques qu’aux Africains. La contrebande ne peut prospérer sans une bonne dose de corruption et de collusion locales ».

Crédit photo :TRAFFIC

Ils ont d’ailleurs pu constater que la corruption est très présente dans ce trafic, afin d’obtenir quelques avantages, et ce, dans tous les pays qu’ils ont étudié. Que ce soit des fonctionnaires de hauts rangs, la Justice et la Défense sont aussi concernées. Pour le moment, la mobilisation internationale et les moyens déployés n’ont pas été suffisants stopper l’extinction des éléphants en Afrique centrale. Cependant, comme l’explique Stéphane Ringuet, l’ouverture récente de la Chine aux différentes interpellations des défenseurs des animaux et ONG commence à avoir des résultats. En effet, Pékin a assuré vouloir fermer le marché de l’ivoire d’ici la fin de l’année.

Source : TRAFFIC
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