En Suède, la « honte de l'avion » grandit, la fierté de voyager en train aussi

Dans la lignée de Greta Thunberg, la population suédoise privilégie de plus en plus les voyages en train, délaissant l’avion, dont l’utilisation est considérée comme une honte d’un point de vue écologique.

C’est un phénomène qui s’appelle le « flygskam » et qui signifie littéralement « la honte de prendre l’avion » en suédois. En effet, dans le pays nordique, de plus en plus de voyageurs ont décidé de changer leurs habitudes de déplacement, considérant que l’avion pollue trop. Comme alternative, les Suédois ont opté pour le « trainbag », c’est-à-dire la fierté de voyager en train.

Les 30 et 31 mars dernier, un salon s’est tenu à Stockholm sur ce phénomène qui se fonde sur une attitude vertueuse vis-à-vis de planète mais qui, d’un point de vue pratique, n’est pas encore structuré. En effet, en Suède, les systèmes ferroviaires sont nationaux et voyager à travers l’Europe, autrement qu’en avion, reste compliqué.

Ainsi, ce salon donnait l’opportunité aux Suédois d’échanger sur les solutions possibles à mettre en place afin d’adapter au mieux les transports ferroviaires aux adeptes du «flygskam».

À l’initiative de ce salon, on trouve Susanna Elfors, qui explique : « J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup à améliorer pour ceux qui voyagent en train: c’est difficile de réserver. Il faut changer de train plusieurs fois (…) J’ai commencé avec un groupe Facebook où est 74 000 membres aujourd’hui. D’autres groupes se sont créés en Norvège et en Finlande » dit-elle.

La fierté de prendre le train, la honte de prendre l'avion en Suède. Crédit photo : Shutterstock / Matyas Rehak

Peu importe le manque de pratique, pour ses membres du « flygskam », l’important c’est la planète, comme l’explique Gino, présent au salon, qui s’est engagé à ne pas prendre l’avion de l’année : « Nous sommes inquiets pour le climat et nous avons voulu faire quelque chose de vraiment concret (…) Nous allons à Turin pour les fêtes de Pâques, c’est 37 heures de train. Juste pour l’aller. Mais on n’a même pas regardé les vols…».

Forcément, ce nouveau mode de vie, qui grandit depuis un an, se fait ressentir sur le trafic aérien et la fréquentation des aéroports. Généralement, les Suédois, qui vivent un hiver très long, prennent en moyenne cinq fois plus l’avion que les autres européens, selon Isabelle Lövin, ministre suédoise de l’Environnement.

Cependant, depuis le début du « flygskam », le nombre de passagers aériens a commencé à baisser sur les lignes intérieures tandis que la fréquentation des trains entre les principales villes du pays, tout celle des trains de nuits, pour les longs voyages, est en train de battre des records.

Plus globalement, le gouvernement suédois a pour ambition d’être le premier pays neutre en émission carbone d’ici 2045, et se réjouit fortement de ce nouveau phénomène de société. Elle a notamment en place une taxe sur les billets d’avion, réfléchit à l’introduction de bio-carburant dans le kérosène et investit de plus en plus dans le chemin de fer.


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