Quatre mesures symboliques censées répondre à la crise des « gilets jaunes » ont été annoncées lundi soir par Emmanuel Macron, lors d'une allocution télévisée.
Au pied du mur, Emmanuel Macron a annoncé lundi soir une série de mesures destinées à apaiser la colère des « gilets jaunes ». Décrétant symboliquement un « état d'urgence économique et sociale », le chef de l’État a demandé « au gouvernement et au Parlement de faire le nécessaire pour que l’on puisse vivre mieux de son travail, dès le début d’année prochaine ». Une annonce suivie de 4 mesures censées apporter un impact immédiat sur le pouvoir d’achat.
L’augmentation du SMIC
C’était l’une des principales revendications du mouvement des « gilets jaunes » et bien que les précédents discours de l’exécutif excluaient tout coup de pouce supplémentaire, en dehors de la traditionnelle hausse annuelle, Emmanuel Macron semble finalement avoir lâché du lest. Le SMIC sera bien augmenté de «100 euros par mois dès 2019 ».
Emmanuel Macron annonce que «le salaire d'un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019» pic.twitter.com/TYZw1xwN6Q
— BFMTV (@BFMTV) 10 décembre 2018
C’est bien plus que l’augmentation de 1,8%, initialement prévue par la revalorisation légale, estimée à environ une trentaine d’euros.
Pourtant, si cette augmentation apparait comme un geste fort, il s’agit en réalité d’une annonce en trompe-l'œil croit savoir France Info, car cette hausse - qui ne pourra être supportée par tous les employeurs - sera principalement prise en charge par l’État.
Si les smicard toucheront bien une centaine d’euros de plus par mois, 80 % de ce coup de pouce correspondra en réalité à une augmentation de la prime d’activité. Une augmentation qui était déjà prévue par le gouvernement et qui devait s’échelonner sur 3 ans : 30 euros en avril 2019, 20 euros en octobre 2020 et 20 euros en octobre 2021.
Donc, dans les faits, le SMIC n’augmenterait pas… En revanche, l’agenda de la hausse de la prime d’activité sera accéléré et interviendra dès le 1er janvier 2019. À ces 70 euros de prime s’additionneront donc la trentaine d’euros prévue par la hausse légale, ce qui nous donne donc 100 euros.
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a pourtant assuré ce mardi que la revalorisation légale n'était pas prise en compte, détaillant un calcul différent de celui expliqué précédemment. Invité chez nos confrères de BFM TV, ce dernier a ainsi expliqué que l'augmentation du SMIC sera bien de « 100 euros nets ». « C'est 20 euros de baisse de charges et 80 de prime d'activité (...) hors revalorisation légale du Smic de 1,8% », a-t-il ainsi indiqué.
Si l'on s'en réfère à ses propos, l'augmentation du SMIC serait donc d'environ 120 euros, en comptant les 1,8% de revalorisation.
La défiscalisation des heures supplémentaires
«Les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges dès 2019» #macron20h
— BFMTV (@BFMTV) 10 décembre 2018
https://t.co/ZmqJJQu0CX
https://t.co/VCLLBi3aQR pic.twitter.com/rB48pqmtE8
Autre annonce phare du président : la défiscalisation des heures supplémentaires. Un dispositif qui n’est pas sans rappeler celui mis en place par Nicolas Sarkozy lors de son quinquennat, puis supprimé par son successeur François Hollande.
Les heures supplémentaires seront ainsi exemptes de cotisations sociales - alors qu’elles ne devaient pas l’être avant septembre 2019 - et seront également défiscalisées. Elles ne seront donc plus comptabilisées dans le calcul de l’impôt sur le revenu.
Une prime de fin d'année
«Je demanderais à tous les employeurs qui le peuvent, de verser une prime de fin d'année à leurs employés» #macron20h
— BFMTV (@BFMTV) 10 décembre 2018
https://t.co/ZmqJJQu0CX
https://t.co/VCLLBi3aQR pic.twitter.com/XmbiaNP3xi
Emmanuel Macron a par ailleurs demandé « à tous les employeurs qui le peuvent » d’accorder à leurs salariés « une prime de fin d’années ». Là encore, ladite prime ne sera pas soumise aux cotisations sociales et ne sera donc pas imposable. Par son caractère exceptionnel, cette prime ne sera pas renouvelée en 2020, ni les années suivantes et ne concerne que les salariés du privé. Les fonctionnaires ne pourront donc pas en bénéficier.
Annulation de la hausse de la CSG pour les retraités les plus modestes
La hausse de la CSG sur les pensions de retraite - augmentation de 1,7 % le 1er janvier dernier - va finalement être annulée pour les retraités dont les revenus sont inférieurs à 2 000 euros par mois.
«Pour ceux qui touchent moins de 2000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année» #Macron20h
— BFMTV (@BFMTV) 10 décembre 2018
https://t.co/ZmqJJQu0CX
https://t.co/VCLLBi3aQR pic.twitter.com/GqDMXjACi4
C’est ce qu’a annoncé le chef de l’État et cela constitue un véritable revers pour l’exécutif qui avait pourtant toujours refusé catégoriquement de revenir sur cette mesure, l'une des plus impopulaires de ce début de quinquennat.
Ces mesures suffiront-elles à calmer la colère populaire et la mobilisation des « gilets jaunes » ? Rien n’est moins sûr ! Si Jacline Mouraud, l’une des figures majeures du mouvement, semble s’en contenter appelant à une trêve, la majorité des partisans du mouvement appellent déjà à un « acte V » pour le week-end prochain.