Emmanuel Macron fait de nouveau réagir la sphère politico-médiatique avec des propos controversés.
Une fois de plus, le verbe d’Emmanuel Macron fait grincer des dents. À l’occasion d’une visite surprise à la mairie de Gasny (Eure), organisée en préambule du Grand débat national et avant sa rencontre avec 600 maires de Normandie, le chef de l’État s’est fendu d’une petite phrase qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.
Alors qu’il évoquait la situation des Français les plus mal lotis, en compagnie des élus de Gasny, le président a en effet lâché une formule acerbe, dont il a le secret. « Les gens en situation de difficulté, on va davantage les responsabiliser car y en a qui font bien et il y en a qui déconnent » a-t-il ainsi déclaré devant ses interlocuteurs du conseil municipal.
« Une déclaration tout à fait choquante »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette courte séquence vidéo n’a pas manqué de faire réagir. Si, sans surprise, des membres de l’opposition comme Valérie Boyer, Olivier Faure ou encore Jean-François Debat, se sont empressés de dénoncer les propos du président, beaucoup d’anonymes ont également fait part de leur incompréhension.
Emmanuel #Macron veut «responsabiliser» les gens en «difficulté» car «il y en a qui font bien et il y en a qui déconnent» selon lui... l'année 2019 débute comme elle s'est achevée. Des débats s'ouvrent mais toujours le même mépris pour les Français !
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 15 janvier 2019
Le PR n’a pas forcément le sens de l’effort mais celui de la provocation. Plutôt que de chercher à dresser les Français contre les + pauvres il ferait bien de s’intéresser aux + riches qui déconnent en fraudant 80 Mds/an et qui nous coûtent un pognon de dingues ! pic.twitter.com/8iScXjpKUv
— Olivier Faure (@faureolivier) 15 janvier 2019
Ceux qui ont des pb ont «déconné»
— Jean-François Debat (@JFDebat) 15 janvier 2019
L’ISF c’est de la «pipe»
« Du travail, autour de chez moi, on en trouve»
Les #Macronades du jour ne sont pas des gaffes ms des provocations délibérées pour entretenir la tension dans le pays et en tirer bénéfice #PopulismeTechnocratique
D’autres, en revanche, préfèrent souligner l’importance du franc-parler d’Emmanuel Macron, qui n’en est pas à son coup d’essai. Ses propos sur « les gaulois réfractaires », « les fainéants », les « illettrés » ou encore sur « la meilleure façon de se payer un costard » ont en effet déjà provoqué des remous par le passé.
Interrogé par nos confrères de France Info sur la portée d’une telle déclaration, Florent Gueguen (Directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité) dénonce une stigmatisation des plus pauvres.
« C'est une déclaration tout à fait choquante parce que ce que l'on comprend de la bouche du président de la République c'est que les personnes en situation de pauvreté seraient responsables de leur situation, seraient accusées de ne pas chercher de travail, de ne pas vouloir s'en sortir », déplore-t-il, dans un premier temps.
« C'est toujours le renvoi vers la responsabilité des pauvres (…) c'est donc une déclaration à la fois choquante et qui est aussi fausse (…) Je rappelle qu'il y a neuf millions de Français qui vivent en-dessous de ce seuil (de pauvreté) et nous voyons que les personnes font évidemment beaucoup d'efforts pour s'en sortir. Elles cherchent du travail », ajoute-t-il.
Et l’intéressé de conclure : « Il y a une constante dans la stigmatisation des plus pauvres et dans le fait que les pauvres seraient responsables de la crise économique et sociale (…) au-delà de la polémique, je considère que le président de la République sort de son rôle. Son rôle aujourd’hui, c'est de rassembler les Français, c'est de répondre à la situation de crise, c'est d'apaiser le débat, ce n'est pas de créer des polémiques inutiles et dangereuses en divisant les Français et en opposant les plus pauvres au moins pauvres ».
Une énième polémique dont le président se serait peut-être bien passé alors que se profile le grand débat national.