L'Académie française se prononce en faveur de la féminisation des noms de métiers

Les académiciens ont tranché ! La féminisation des noms de métiers et de fonctions sera désormais la norme.

Petite révolution au sein de l’Académie française ! Les garants de la langue française se sont ainsi prononcés en faveur de la féminisation des noms de métiers, de fonctions, de titres et de grades, considérant qu’il n’existait « aucun obstacle de principe » à ce changement.

Bien que symbolique, dans la mesure où cette avancée ne sera pas matérialisée légalement, cette décision n’en demeure pas moins historique pour l’institution créée par le cardinal Richelieu en 1634. En effet, jamais les académiciens n’avaient osé franchir le pas sur cette question qui demeure encore tabou dans la société française.

L’Académie française se prononce en faveur de la féminisation des noms de métiers. Crédit photo : Petr Kovalenkov / Shutterstock

« L’Académie est sensible au fait que des femmes s’interrogent sur la définition de leur métier »

La décision a été prise de manière unanime par les 40 pensionnaires qui siègent sous la coupole et seuls deux des membres ont fait part de leur opposition.

« Nous voulions rouvrir ce dossier, pour montrer que l’Académie est sensible au fait que des femmes s’interrogent sur la définition de leur métier », a ainsi déclaré l’écrivaine Dominique Bona, élue au fauteuil 33, qui fut l’une des militantes de la première heure, favorable à ce changement.

Concrètement, à quel changement doit-on s’attendre ? Il faut savoir, comme le rappellent nos confrères du Monde, que « la plupart des métiers manuels » n’ont pas attendu l’Académie pour féminiser leur dénomination.

Toutefois, le rapport à l’origine de cette décision constate que « la langue française a tendance à féminiser faiblement ou pas les noms de métiers (et de fonctions) placés au sommet de l’échelle sociale ». Une réticence qui se vérifie à mesure que l’on grimpe dans la hiérarchie professionnelle.

Certains mots n’ont cependant aucun besoin d’être modifiés. Ainsi, ceux se terminant par un « e » muet ou un « o » - comme « architecte ou « impresario » - font figure de qualificatifs mixtes.

Ensuite, tous les noms masculins dont la dernière lettre est une consonne - à l’exception de « médecin » - se féminisent facilement en y ajoutant simplement un « e », comme « docteure » ou professeure par exemple, ou en y accolant le suffixe « euse » comme dans chauffeur(euse), entraîneur(euse) ou encore chercheur(euse).

Néanmoins, la langue française étant riche, beaucoup de noms échappent à ce principe, et demeurent un vrai casse-tête. Le mot « chef » en est le parfait exemple. Celui-ci a d’ailleurs été sujet à de multiples proposition de féminisation - « chèfe », « cheffesse », « cheftaine » et même « chève » sans que ces dernières fassent consensus.

Bien qu’il n’appartienne pas au « bon usage », les Académiciens relèvent toutefois que le mot « cheffe » fait office de règle tacite car il est le plus couramment employé.

Enfin, notons que l’Académie ne parvient toujours pas à trancher sur les mots « écrivain » et « auteur ». Si le terme « écrivaine » apparaît souvent à l’écrit, l’académie relève pourtant que « cette forme se répand dans l’usage sans pour autant s’imposer. ». Bon nombre d’académiciens déplorant la laideur du mot.

Ce qui n’a pas empêché Dominique Bona de l’utiliser lors du discours de réception de Patrick Grainville à l’Académie, le 21 février dernier, en faisant référence à l’ancienne académicienne Marguerite Duras, qui fut la première femme élue au sein de la prestigieuse institution en 1980.

Autant d’hésitations qui démontrent à quel point le sujet s’avère encore complexe.

Vous pouvez consulter ci-dessous le rapport de l’Académie sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions.

LA FÉMINISATION DES NOMS DE MÉTIERS ET DE FONCTIONS by Demotivateur on Scribd

Source : Le Monde
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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.