Pour les scientifiques, cela ne fait aucun doute, l’Antarctique ouest est voué à disparaître dans les années à venir, si le réchauffement climatique n’est pas limité d’ici là.
Le glacier Thwaites, l’un des plus gros glaciers de la côte ouest de l’Antarctique, large de 120 kilomètres, long de 600 km et qui atteint 3 km de profondeur par endroits, est de plus en plus instable. « Ce glacier se retire d'à peu près un demi-kilomètre par an, depuis une bonne vingtaine d'années », déclare à France Info, Eric Rignot, professeur en sciences de la Terre à l'université de Californie à Irvine. Un communiqué de la Nasa nous apprend aussi que ce glacier serait responsable de 4 % de la montée du niveau de la mer dans le monde.
Le réchauffement climatique impacte massivement la fonte du glacier Thwaites. Sous l'effet des eaux profondes qui se réchauffent, la ligne d'échouage recule. À force de reculer, elle entraînerait le détachement du glacier. « Thwaites et le glacier voisin, Pine Island, vont entraîner le reste de l’Antarctique occidental », craint le professeur Eric Rignot. « Au cours des trois dernières années, 14 milliards de tonnes de glace contenues dedans auraient ainsi fondu », concluent les scientifiques, dans une étude récemment publiée dans Science Advances.
Pivot de la stabilité de la calotte glaciaire, la disparition du glacier Thwaites provoquerait une hausse du niveau de la mer de plus de trois mètres, assez pour impacter les littoraux du globe et inonder des villes côtières comme New York et Miami. Observateur de ce glacier depuis trois décennies, Eric Rignot prévoit un « scénario catastrophe », même s’il n’exclut pas que l’être humain puisse encore influer sur la fonte des glaces. « Si on arrive à revenir à une période un petit peu plus froide par exemple, il est tout à fait concevable que le glacier continue à se retirer mais de manière très, très lente ».
Les émissions de gaz à effet de serre doivent aussi être réduites de manière considérable. Il faut « avoir des économies, des modes de vie de moins en moins tributaires de ces énergies fossiles que sont le pétrole et le charbon », avance Emmanuel Le Meur, maître de conférences à l'université Grenoble-Alpes.
La disparition des calottes glaciaires de l’Antarctique et du Groenland pourrait aussi multiplier les événements météorologiques et fortement modifier le climat de certaines régions dans les prochaines décennies, sans compter les dégâts sur la faune. Le dégel des glaciers pourrait s’avérer fatal pour de nombreuses espèces marines.