Qui peut statuer sur la fin de vie d’une personne lorsque cette dernière est strictement incapable de manifester sa volonté ? Alors que les débats sur l’euthanasie font plus que jamais rage, le cas d’Alfie Evans ne cesse de diviser. Âgé de seulement 23 mois, l’enfant est évidemment incapable de parler, ou de prendre toute décision mûrement réfléchie. Atteint d’une maladie neurodégénérative rare, non-diagnostiquée avec précision, le petit Alfie se trouve dans un état semi-végétatif, maintenu en vie par assistance respiratoire et nutrition artificielle, incapable de voir ou d’entendre ce qui se passe autour de lui.
Pour ces raisons, la justice britannique estime qu’il est indécent de le maintenir en vie dans ces conditions qu’elle juge « inhumaines », et réclame l’arrêt de toutes les assistances de l’enfant, indépendamment des protestations de ses parents.
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La justice se fonde sur l’avis des médecins de l’hôpital Alder Hey de Liverpool, qui ont qualifié d’inhumaines les conditions de vie d’Alfie Evans, tout simplement incapable de mener une vie comme les autres de par sa maladie. Le nourrisson ne peut évidemment pas trancher le litige opposant la justice à ses parents, Tom Evans et Kate James, qui ont saisi la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour leur venir en aide.
La Cour Suprême de Londres a été très claire dans son délibéré, en statuant que l’hôpital Alder Hey « doit être libre d'effectuer ce qui a été établi être le meilleur dans l'intérêt d'Alfie ». En l’occurrence, « le meilleur dans l’intérêt d’Alfie » pour l’hôpital serait de mettre fin à sa vie. Un son de cloche qui est le même pour toutes les instances supérieures, y compris la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Les parents d’Alfie se retrouvent ainsi au pied du mur, seuls contre toutes les instances juridiques qui rejettent leurs oppositions. Désemparés, le sort de leur fils semble scellé indépendamment de leur volonté.
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L’idée d’abandonner est cependant très loin d’eux, qui remuent ciel et terre pour que les médecins n’ôtent la vie de leur progéniture, aussi isolée soit-elle par la maladie, toujours guère définie avec exactitude à l’heure actuelle. Pour cette raison, le couple continue de garder espoir, et cherche à présent d’autres diagnostics et traitements pour Alfie, plaidant en faveur de son maintien en vie avec l’appui de nul autre que le Pape François, qui exhorte sur Twitter à les écouter, et à accepter leur demande d’essais d’autres soins.
De nombreuses personnes, émues par la situation, ont pris leur parti et manifestent désormais en leur faveur, s’opposant aux médecins et à la justice, s’exprimant clairement sur les réseaux sociaux, et signant massivement des pétitions exigeant que l’on garde le tout jeune garçon vivant.
Ému par les prières et la grande solidarité en faveur du petit Alfie Evans, je renouvelle mon appel afin que la souffrance de ses parents soit entendue et que leur souhait d’accéder à de nouvelles possibilités de traitement soit exaucé.
— Pape François (@Pontifex_fr) 23 avril 2018
Tom Evans et Kate James sont allés jusqu’à faire changer la nationalité d’Alfie, afin qu’il reçoive les meilleurs soins palliatifs à l’hôpital Bambino Gesù de Rome, qui est géré par le Vatican. La nationalité italienne permettrait au bébé d’être transféré en Italie, d’échapper à l’hôpital de Liverpool, mais un juge s’y est fermement opposé, malgré l’acceptation de la requête de Tom Evans et Kate James par l’État italien, considérant que le bébé est avant tout britannique.
La Cour d’appel doit à nouveau s’exprimer cet après-midi sur le sujet, alors que l’appareil respiratoire d’Alfie a été débranché dans la nuit de lundi à mardi, le laissant respirer de lui-même pendant neuf heures d’affilée, neuf heures pendant lesquelles ses parents lui ont fait du bouche-à-bouche, neuf heures pendant lesquelles environ deux cents manifestants appelaient à laisser Alfie en vie en brandissant des banderoles devant l’hôpital Alder Hey. Le père du garçonnet a précisé qu’il aurait bien sûr besoin d’assistance respiratoire après cette période de respiration par lui-même.
Les machines ont été débranchées mais le petit #Alfie respire par lui-même depuis plusieurs heures. Hier l'enfant atteint d'une maladie neurodégénérative a reçu la nationalité italienne pour pouvoir être soigné au Bambin Gesu, à #Rome #Liverpool pic.twitter.com/TB4KYDXB01
— Vatican News (@vaticannews_fr) 24 avril 2018
Son destin semble toujours incertain, la Cour Suprême restant campée sur ses positions :
« Alfie ressemble à un bébé normal, mais l’opinion unanime des médecins qui l’ont examiné, ainsi que les scanners de son cerveau, est que la quasi-intégralité de son cerveau a été détruite.
Personne ne sait pourquoi, mais c’est arrivé, et le fait que cela continue de se produire ne peut être nié. Cela signifie qu’Alfie ne peut respirer, manger, ou boire sans traitement médical sophistiqué.
Cela signifie également qu’il n’y a pas le moindre espoir qu’il aille un jour mieux ».
Le sort d’Alfie dépendra de l’audience de cet après-midi, tandis que Le Figaro rapporte qu’en raison du refus d’attribution de la nationalité italienne au petit, les parents ne peuvent désormais plus que se résoudre à le changer de service hospitalier, à le placer dans un hospice, ou à le ramener chez eux, sauf retournement de situation inattendu. Quoi qu’il arrive, le cas Alfie n’a pas fini de faire débattre partout à travers le monde, et de faire réfléchir sur l’euthanasie.
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Mise à jour de l'article du 25/04/2018, 17h20 : Tom Evans, le père d'Alfie âgé de 21 ans, a décidé d'engager des poursuites judiciaires contre trois médecins qu'il accuse de conspiration ayant pour but le meurtre de l'enfant, selon Unilad, alors que toute assistance médicale du jeune garçon a été abandonnée par les médecins de l'hôpital Alder Hey depuis maintenant deux jours.