Amené à réagir au viol et au meurtre d'Angélique Six, 13 ans, lors d'une interview accordée à 20 Minutes, le patron des Républicains Laurent Wauquiez s'est prononcé en faveur de « la castration chimique » pour les « prédateurs sexuels ». Une façon pour lui de diminuer « de manière très importante » le risque de récidive.
« Les prédateurs sexuels doivent soit subir une castration chimique, soit rester en prison ». Voilà ce que propose Laurent Wauquiez pour lutter contre la récidive criminelle en France. Le président des Républicains (LR), qui s'est entretenu avec le quotidien 20 Minutes ce mercredi 2 mai, a également annoncé vouloir déposer une proposition de loi pour que ce traitement hormonal, qui réduit la production de testostérone et diminue de fait la libido, soit imposé par le juge et non plus à la demande du violeur lui-même, comme c'est le cas à l'heure actuelle.
Cette déclaration prend place dans un contexte particulier : celui du viol et du meurtre de la petite Angélique à Wambrechies, près de Lille, mercredi dernier, par David Ramault, 45 ans. Ce dernier avait déjà été condamné à neuf ans de prison en 1996 pour viol sur mineure de moins de 15 ans. Il était également inscrit au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS).
Ce fait divers relance donc la polémique autour de la récidive. « Comment se fait-il que cet homme déjà condamné pour viol ait pu être remis en liberté sans surveillance ? », s'interroge Laurent Wauquiez, avant de rappeler les chiffres alarmants : « chaque année 62 000 femmes sont violées en France, une femme de moins de 35 ans sur vingt est agressée sexuellement chaque année et un violeur sur vingt récidive ».
L'homme politique présente alors la castration chimique comme un remède miracle. Ségolène Royal a réagi à ces propos sur Twitter en jugeant le débat « légitime ». « Les prédateurs sexuels ont droit à l’oubli, donc à la récidive », a-t-elle écrit, ajoutant qu’il fallait « agir pour neutraliser ces criminels ».
La mesure ne convainc pas tout le monde
En France, c'est dans le cadre du suivi sociojudiciaire institué par la loi n°98-468 du 17 juin 1998 que les détenus peuvent, sur la base du volontariat, suivre un traitement médicamenteux visant à réduire la production de testostérone. Ce dernier, administré par voie orale ou par injection, est couramment qualifié de « castration chimique ». Pourtant, il ne présente aucun caractère irréversible car « ses effets sont supprimés lorsque l'administration des médicaments cesse », peut-on lire sur le site du Sénat.
Mais certains sont sceptiques face à cette mesure. Pour la psychiatre Sophie Baron-Laforet, nous n'avons pas suffisamment de données concrètes qui permettent d'affirmer que la castration chimique est efficace pour lutter contre la récidive. « Nous manquons d'études scientifiques sur l'efficacité de ces traitements pour réduire les agressions sexuelles », martèle cette dernière auprès de Libération. « De la même manière, combien de temps doit-on prescrire ce traitement à nos patients : 6 mois, un an, toute une vie ? On ne sait pas ».
Pour la spécialiste, il faut davantage discuter plutôt que forcer. « Le consentement, ça se travaille. C'est notre travail de médecin. Quand on annonce à un diabétique un traitement lourd à l'insuline, il n'est souvent pas d'accord d'emblée. Pourtant, on le convainc avec des arguments médicaux. On pourrait faire pareil avec les traitements sur les pulsions sexuelles... À condition d'avoir des arguments médicaux ».
La présidente de l'Union syndicale des magistrats, Virginie Duval, estime quant à elle sur RTL que « la castration chimique ne peut pas être le remède miracle ». Selon elle, il faut « travailler individuellement avec ces personnes », et bien « évaluer le passage à l'acte » en amont.