Les expérimentations sur les embryons hybrides autorisées au Japon

Le Japon a autorisé la création et la culture d'embryons hybrides humains-animaux, ouvrant ainsi un champ des possibles vertigineux ! Focus.

Si, dans l’ensemble, leurs prédictions ne sont que le fruit de l’imagination – ou de la clairvoyance, c’est selon - de leurs auteurs, les œuvres de science-fiction ont néanmoins le pouvoir d’anticiper parfois les profondes mutations sociétales.

La trame de l’ouvrage « 1984 », écrit par l‘écrivain anglais George Orwell en 1949, reste à ce jour l’exemple le plus significatif, tant certains détails de l’intrigue ressemblent à s’y méprendre aux dérives actuelles qui ont envahi nos modes de vie.

C’est un fait, la réalité a tendance à supplanter la fiction. Illustration au Japon, où les expérimentations sur les embryons hybrides ont récemment été autorisées, en dépit des interrogations éthiques qu’elles soulèvent.

Si des embryons de ce type avaient déjà été créés par le passé, les scientifiques n'avaient toutefois pas le droit de mener leur croissance à terme.

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Une « transgression de la frontière de la biologie homme-animal »

Encore impensable il y a peu, cette pratique pour le moins controversée était jusqu’à présent prohibée par les autorités nippones, mais ces dernières ont finalement ouvert la boîte de Pandore au mois de mars dernier, en levant l’interdiction comme l’explique la revue Nature.

Avant que le ministère des Science et de l’Éducation ne donne son aval, il était en effet interdit de faire grandir des embryons d’animaux contenant des cellules humaines au-delà de 14 jours, ou de transplanter ces derniers dans un utérus de substitution. 

Il n’y a désormais plus aucun obstacle à ce type d’expérimentations, qui feraient presque passer le personnage du Docteur Frankenstein pour un vulgaire charlatan.

Le Docteur Hiromitsu Nakauchi, qui dirige des équipes de chercheurs au sein des universités de Tokyo et de Stanford (États-Unis), sera le premier bénéficiaire de cette autorisation. Celle-ci devrait lui permettre d’avancer sur ses travaux qui sont pourtant loin de faire l’unanimité.

Ce scientifique a pour projet de cultiver des cellules humaines dans des embryons de souris et de rats puis de reproduire, à terme, ces expériences sur des porcs ou des moutons.

Le but étant de produire des animaux porteurs d’organes, constitués de cellules humaines, destinés à être un jour transplantés chez des êtres humains. En résumé, Hiromitsu Nakauchi entend se servir d'animaux pour cultiver chez ces derniers des organes transplantables chez l’homme.

Sa volonté affichée étant de produire un maximum pour pallier le manque de donneurs d’organes. Intention louable si l’on analyse la chose avec pragmatisme, mais qu’en est-il de l’éthique ?

Interrogée sur la question par nos confrères de « La Croix », Blanche Streb (Directrice de la formation et de la recherche chez Alliance Vita) n’y va pas par quatre chemins et estime que ces embryons hybrides ne sont ni plus ni moins qu’une « transgression de la frontière de la biologie homme-animal ».

Cette pharmacienne de profession, spécialiste de bioéthique, considère également que la pratique « revient à faire courir le risque de créer de nouvelles transmissions de maladies animales à l’homme ».

Loin des considérations éthiques, d’autres scientifiques se montrent par ailleurs sceptiques quant aux chances du Docteur Nakauchi de mener à bien ses travaux.

Le chercheur Jun-Wu, professeur de biologie moléculaire à l’Université du Texas, doute ainsi du bien-fondé de la culture des embryons hybrides.

L’intéressé considère en effet que les expériences ont peu de chances d’aboutir car, selon lui, le mouton ou le cochon sont des espèces animales trop éloignées de l’homme pour y développer des cellules humaines.

Vous l’aurez compris, ces embryons n’ont pas fini d’alimenter la controverse et nul doute que leur éventuelle utilité sera l’un des enjeux majeurs des débats bioéthiques à l’avenir.

Source : Nature
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Au sujet de l'auteur :

Évoluant dans la presse web depuis l’époque où celle-ci n’en était encore qu’à ses balbutiements, Mathieu est un journaliste autodidacte et l’un de nos principaux rédacteurs. Naviguant entre les news généralistes et les contenus plus décalés, sa plume s’efforce d’innover dans la forme sans jamais sacrifier le fond. Au-delà de l’actualité, son travail s’intéresse autant à l’histoire qu’aux questions environnementales et témoigne d’une certaine sensibilité à la cause animale.