Le pape François a préconisé dimanche une aide psychiatrique lorsque des parents observent des penchants homosexuels de leur enfant. Cette annonce, plus que maladroite, a été faite lors des traditionnelles conférences de presse dans l’avion du pontife.
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Revenant d’un voyage en Irlande où il a exprimé « sa honte et ses regrets pour les victimes de pédophilie au sein de l’Église », le pape s’est livré comme à son habitude à ses traditionnelles conférences de presse dans son avion.
Durant cet échange entre le chef de l’Église et des journalistes du monde entier, l’un d’entre eux lui a demandé ce qu’il dirait à des parents constatant les penchants homosexuels de leur enfant.
François Bergoglio a d’abord expliqué qu’il ne fallait pas réprimander l’enfant : « Je leur dirais premièrement de prier, ne pas condamner, dialoguer, comprendre, donner une place au fils ou à la fille ».
« Quand cela se manifeste dès l’enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses. C’est autre chose quand cela est un remède. Ignorer son fils ou sa fille qui a des tendances homosexuelles est un défaut de paternité ou de maternité » a-t-il affirmé.
Des propos qui tranchent avec sa vision de l’homosexualité
Depuis son arrivée au Vatican, le pape François a fait preuve d’une grande ouverture vis-à-vis de l’homosexualité. Cette déclaration est donc à contre-courant de sa vision initiale mais colle, en revanche, parfaitement à la doctrine officielle de l’Église.
Alors que les branches les plus traditionnelles de l’Église condamnent l’homosexualité, les derniers papes, que ce soit Benoit XVI ou Jean-Paul II, amenaient un discours d’apaisement.
Benoit XVI appelait notamment à éviter les « discriminations injustes » mais avait quand même mis en place des mesures de contrôle pour déceler dès le plus jeune âge des tendances homosexuelles parmi les séminaristes explique Europe 1.
De son côté, Jean Paul II affirmait en 2005 dans son livre, Mémoire et identité, qu’« il est légitime et nécessaire de se demander s’il ne s’agit peut-être pas d’une composante d’une nouvelle idéologie du Mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d’opposer les droits humains à la famille et à l’homme » mais reconnaissait la dignité et les droits des personnes homosexuelles.
Réactions des associations LGBT
À la suite de ces propos de nombreuses associations ont condamné les dires du pape : « Nous condamnons ces propos qui renvoient à l'idée que l'homosexualité est une maladie. Or, s'il y a une maladie, c'est cette homophobie ancrée dans la société qui persécute les personnes LGBT » a accusé Clémence Zamoura-Cruz devant l'AFP.
SOS homophobie a aussi réagi dans un tweet accusant le pape d'inciter à la haine envers les personnes homosexuelles
Nous condamnons fermement les propos du Pape sur l’homosexualité. Ils incitent à la haine des personnes #LGBT dans nos sociétés déjà marquées par des niveaux élevés d’#homophobie et de #transphobie. Ces propos sont graves et irresponsables. https://t.co/1haB1P9YMa
— SOS homophobie (@SOShomophobie) 27 août 2018
L'association des familles homoparentales (ADFH) a dénoncé dans un communiqué les agissements de l'Église « Il est très étonnant d'entendre régulièrement des conseils et des jugements moraux de l'Église au sein de laquelle certaines personnes sont incapables de dénoncer des actes pédocriminels commis par les prêtres, qui devraient être les premiers à bénéficier de soins psychiatriques ».
Ces propos sur l’homosexualité de François Bergoglio ne vont pas l’aider à redorer son blason. En effet, critiqué depuis plusieurs mois sur sa position plus que laxiste vis-à-vis des actes de pédophiles de certains prêtres, le pape est une nouvelle fois dans la tourmente après être accusé d’avoir annulé les sanctions contre le cardinal américain Theodor McCarrick en ne tenant pas compte des signalements de son « comportement gravement immoral avec des séminaristes et de prêtres ».