La période de Noël est toujours l’occasion de gâter ses proches, et notamment ses enfants pour qui ces fêtes riment avec joie. Mais lorsque l’on est parent, à quel point faut-il faire croire à ses enfants que Papa Noël existe ? À quel moment faut-il leur dire la vérité qui sonne le glas d’une partie de leur innocence ?
En effet, pour chacun d’entre nous, il y a eu ce tournant décisif avec la découverte de la vérité sur l’existence du Père Noël, comme celle de la fée des dents. On l’a réalisé par nous-mêmes (comment il fait pour venir si on n’a pas de cheminée?) ou nos parents ont fini par faire éclater la vérité.
Lorsque l’on apprend que l’histoire d’un pépère barbu qui passe par la cheminée pour offrir des cadeaux à tous les enfants à travers le monde, voguant à bord d’un traîneau tiré par des rennes, n’est qu’une invention, le temps des illusions est terminé.
On grandit et on apprend que le fameux papa Noël était tout simplement vos parents qui veulent vous rendre heureux, quitte à faire quelques sacrifices financiers en fin d’année. On se demande alors: faut-il jouer le jeu pour que vos enfants puissent rêver, imaginer, eux aussi ? Ou être honnête avec eux avant qu’ils réalisent par eux-mêmes qu’on leur a menti ?
Certains parents ont décidé qu’il ne fallait pas élever son enfant dans le mensonge et de leur dire la vérité, par souci de créer un lien de confiance avec eux. Ils ont témoigné auprès de franceinfo.
C’est le cas de Cécile, mère parisienne de 38 ans qui a un fils âgé de 3 ans. Elle n’a pas hésité à jouer franc-jeu avec lui pour ne pas trahir sa confiance, et ce malgré la pression de sa famille qui n’a pas compris son choix : « Le père Noël, c’est pour de faux ».
De son côté, Adeline, jeune maman de 30 ans, voulait que son fils de 2 « sache que ses parents ne sont pas là pour lui mentir, quel que soit le sujet et quelle que soit la raison » : « Si je mens à mon fils là-dessus, nous ne partons pas sur de bonnes bases ».
Ne pas trahir la confiance de son enfant est donc le principal leitmotiv de ses parents qui disent la vérité à leurs enfants, même très jeunes. Mais alors, comment parle-t-on du Père Noël qui est, malgré la vérité révélée au grand jour, omniprésent à la télé, dans les publicités, etc…?
Laurent, 49 ans et père de quatre enfants âgés de 9 à 19 ans, la solution est de mettre le père Noël au même grade; que d’autres personnages de contes de fées : « Pour la magie ou le fantastique, on peut jouer et rêver au père Noël, comme on peut le faire avec les fées ou les magiciens sans pour autant crée de confusion ».
De leur côté, Mickael et son épouse, qui sont de confession catholique, ont expliqué à leurs enfants qu’ils fêtaient « la naissance de Jésus » à l’occasion de Noël qui, rappelons-le, est une célébration païenne.
Expliquer que le père Noël est une fiction est aussi une façon de sensibiliser son enfant à l'hyperconsumérisme et à son impact sur la planète. Quand vos enfants savent que ce sont les parents qui offrent les cadeaux, ils sont plus conscients qu’ils ne pourront pas avoir tout ce qu’ils auraient aimé avoir.
Certains de ses parents expliquent aussi auprès de France info qu’ils se sont également sentis trahis que leurs parents leur aient menti à ce sujet. Ils ne souhaitent pas que leurs enfants aient ce même sentiment à leur encontre.
Cependant, généralement, l’existence révélée du Père Noël n’est pas une vérité très traumatique pour l’enfant comme l’explique Dominique Tourrès-Gobert, pédopsychiatre, auprès de France Info : « Ce mensonge dans une atmosphère de fête n’est pas traumatique comme un secret de famille qui peut avoir de lourdes conséquences sur la construction d’un individu ».
Même son de cloche pour Claude Halmos, psychiatre spécialiste de l’enfance : « À l’annonce de la vérité, un enfant ne se sentira jamais trompé, berné, manipulé dans une famille où ses parents lui ont prouvé qu’ils avaient du respect pour lui, et qu’il pouvait, de ce fait, avoir confiance en eux .»
Les deux experts invitent les parents à voir ce mensonge comme « un joli mensonge » et voient surtout le père Noël comme un mythe nécessaire : « C’est un rite de passage que tout enfant doit effectuer (…), on y apprend que tous nos désirs ne peuvent devenir une réalité » explique Dominique Tourrès-Gobert, ajoutant qu’en supprimant ce mythe « on enlève à l’enfant la possibilité à gérer ses propres croyances ».
Et bien souvent, lorsque l’enfant apprend que le Père Noël n’était autre que papa et maman, il laisse vite tomber l’idée du gros pépère barbu et se contente mille fois de voir que ce sont parents qui le gâtent chaque année. Par ailleurs, un enfant qui réalise par lui-même que le Père Noël est une chimère ressent cette fierté d’avoir fait tomber un mythe comme un grand.
Enfin, ne plus croire au Père Noël n’enlève en rien à l’enfant l’excitation suscitée par cette période de fêtes.